Une nouvelle vie pour Rhéxia de Petra la championne d'Aurélien Leroy

Dans la vie des cavaliers, les moment de partage avec le cheval d'une vie est toujours une histoire marquante et poignante. Aurélien Leroy est encore jeune mais il a déjà une carrière bien remplie d'abord en concours complet puis désormais en jumping. Sa carrière riche en succès il l'a construite notamment avec Rhéxia de Petra une belle demoiselle baie avec qui il obtenu des très beaux succès dans les deux disciplines. 



Après une belle carrière en cce, Rhéxia a été performante jusqu'en épreuve 150 de cso.

Après une belle carrière en cce, Rhéxia a été performante jusqu'en épreuve 150 de cso.

© Collection privée Aurélien Leroy

Rhéxia de Petra est une fille de Elan de la Cour et Baronie des Isles par Joyau d'Or. Née chez Martine Chiavasa, Rhéxia est une très grande jument qui cumule aujourd'hui un ICC de 146 et un ISO de 150 ce qui est assez peu commun dans le monde des chevaux de sport. En outre, elle semble être déjà une bonne génitrice puisque sa fille Uccla du Léou par Eersteling du Léou est elle-même ICC 144. 
Après avoir permi à Aurélien Leroy de briller en junior et jeune cavalier de complet, elle a également été une des premières juments de son piquet a performer au plus haut niveau de cso.
Soucieux du bien-être de sa protégée Aurélien Leroy nous a fait part de son désir de lui offrir une belle retraite et de la joie de la voir redevenir maman. Il nous a donc écrit son histoire...

"A l'occasion de ma décision d'offrir une belle retraite à ma fidèle Rhéxia de Petra, je voudrais, en quelques lignes, vous faire partager son histoire, son parcours atypique et ainsi lui rendre un hommage sportif publiquement !
 
Rhexia est arrivé chez nous à l’âge de un an. Elle est née à l’élevage de Pétra où mes parents avaient acheté un lot d’une quinzaine de poulain pour cause de cessation d’activité.
Foal, Rhexia a tout de suite suscité l’intérêt de ma mère quand elle l’a vu pour la première fois. Son charisme et sa sensibilité était déjà très spécial. Pouliche peureuse, elle était difficile à approcher. 
 
C’est à ses trois ans que mon beau-frère, à l’époque salarié pour mes parents, a entamé le débourrage de Rhexia. Cela fut assez facile même s’il nous était impossible de juger de sa qualité tellement elle était peureuse et sensible au bout de deux mois de pré-débourrage.
 
Avant de la remettre au champ pour qu’elle continue de grandir, nous avons trouvé la jument particulièrement grosse à tel point que ma mère décida de la fouiller pour savoir si elle n'était pas pleine…  Et bien si !
Quand elle était à l’élevage, à deux ans, elle sautait régulièrement les clôtures… Et ce, aussi bien pour sortir que pour rentrer !  Chose que nous avions encore jamais vu. 
 
Nous nous sommes rappelé qu’une nuit, cinq mois auparavant, l’étalon Maison Eesterling du Leou (avec qui j’ai fait mes premiers championnat d’Europe junior) s’était échappé… C’est donc ainsi que nous avons supposé qu’elle s’était faite saillir naturellement. Elle a donc donné naissance à une pouliche Uccla du leou que j’ai monté sur le circuit international avant d’être exporté en Angleterre (Uccla avait été troisième du championnat des six ans à Pompadour et classée au championnat du monde des six ans au Lion d’Anger).
 
 


Rhéxia et Aurélien au CCI4*-S de Bramham

Rhéxia et Aurélien au CCI4*-S de Bramham

© Collection privée Aurélien Leroy

Rhexia a donc débuté ses premiers concours dans l’année de ses quatre ans, avec mon beau-frère. Cela s’avéra compliqué… Comme il lui était impossible de s’approcher du premier obstacle, mon père décida donc de la monter lui-même. Après quelques mois sans plus de succès plus personne ne voulant la monter, je l'ai récupéré en début d’année de ses cinq ans. C’est ainsi que débuta notre aventure ensemble. 
 
Quand j’ai commencé les concours avec Rhexia  j’étais à Saumur.  À cette époque cela a été très compliqué de la gérer. Très peureuse, rien n’était simple… Aller dans la carrière était déjà une épreuve ! Je tombai régulièrement. Le jour de mon premier complet à cinq ans en région Saumuroise, j’ai abandonné au dressage parce qu’elle ne voulait pas s’approcher des cabines du jury. Deux semaines après, je l’ai engagé dans les cinq ans en CSO à Saumur et cette fois là je suis aussi tombé. Ce jour là, je me rappelle m’être demandé si j’allais arriver à faire quelque chose avec elle. J’avais juste 16 ans, la jument seulement cinq. Elle était très compliquée et tout le monde à cette époque me disait qu’elle était dangereuse, que j’allais me faire mal et qu'en plus que sa qualité n'en valait pas la chandelle.
J’ai continué malgré tout à la monter en faisant du mieux que je pouvais. En parallèle, j’ai essayé de la commercialiser ou pour le sport ou pour l’élevage mais cette option était sans succès. 
 
Par la suite, j’ai quitté Saumur pour m’installer à mon compte.  Rhexia m’a donc suivi et, c’est après un hiver de travail de cinq à six ans, lors du premier concours de l’année que nous avons eu un déclic ensemble ! Le couple a commencé à se former, j’ai compris son fonctionnement et le protocole à suivre pour que l’on continue à prendre confiance mutuellement. 
 
À partir de ce moment-là, elle ne m’a jamais déçu. Elle a enchaîné en complet les bons résultats.  
À 7 ans, elle est huitième du championnat de France de cette catégorie, plusieurs fois classée sur ce circuit, elle est sélectionné pour le Mondial du Lion d’Angers annulé cette année là pour cause d’intempéries. 
À 8 ans, sixième au championnat de France jeune cavalier, cinquième des championnats d’Europe, plusieurs fois classée sur le circuit du Grand national et trois-étoiles, classée à Blenheim au championnat du monde des 8  9 ans.  
 
Et puis un jour, au championnat du monde des moins de 25 ans à Bramhan,  Rhexia a eu un problème respiratoire. Nous avons donc fait les soins nécessaires et je l’ai redémarré quelques mois après dans une petite épreuve ou malgré un bon résultat, j' ai trouvé qu’elle avait beaucoup d’appréhension sur le cross et plus la même envie qu’auparavant. Nous avons donc décidé, avec ma compagne Pauline et ma mère Catherine, de mettre un terme à sa carrière sportive en complet quand elle avait 10 ans et de la rediriger vers le CSO. 
 
Au départ, je n’avais aucune ambition particulière puisque ce n’était absolument pas ma discipline ni celle de Rhexia.  On a donc fait nos gammes dans les 1,30 m, puis 1,35 m et 1,40 m  avec toujours de très bons résultats et une bonne régularité pendant à peu près une année  et à partir de là je suis passé de 140 à Grand prix trois étoiles 155. En deux concours où elle aura  été performante : 6 eme du 3 * 155 de Montpellier et également classé dans les trois-étoiles de Vilamoura, Cagnes , Courlans, Megeve, et également plusieurs fois classée sur le circuit du Grand national.
Rhexia n’a jamais fait beaucoup de parcours dans une année. Nous avons toujours fait très attention à son physique et n’avons surtout pas voulu tirer sur la corde après tout ce qu’elle nous avait donné.  
 
Puis un jour, après le CSI de Montpellier, nous avons reçu un coup de téléphone pour nous faire une proposition d’achat pour Rhexia. C’était la première fois de sa vie qu’on me demandait  pour l’acheter ! La question s’est donc posé de la vendre ou pas ? 
L’offre était intéressante et c’est quand même aussi notre métier que de vendre des chevaux. La jument avait 12 ans, l’occasion ne se représenterait plus, moi je m’installai… 
Et puis j’ai fini par me dire que je ne pouvais pas la vendre, que c’était ma jument de cœur avec qui j’avais tout fait, me lever le matin… Et puis la voir partir après tout ce qu’on avait fait ensemble était inimaginable. C’est elle qui m’a lancé, fait connaître la structure et les chevaux que j’ai aujourd’hui sont en partie grâce à elle. Même si ce n’était certainement pas la meilleure, elle n’a pas gagné de grandes choses mais c’est l’une des seules juments françaises qui se sera classée plusieurs fois sur le Grand national et les trois étoiles dans les deux disciplines avec un jeune cavalier qui débutait également dans les deux disciplines ! 
 
Rhexia m’a beaucoup appris, aussi bien sur le plan technique que le goût du travail bien fait, et à quel point ce sport est une relation de couple. Pour tout cela, je ne la remercierai jamais assez. 
 
Nous avons donc décidé aujourd’hui de mettre un terme à sa carrière sportive pour la même raison que lors de son arrêt au complet. Elle va très bien physiquement, mais nous lui sentons moins d’envie qu’auparavant. Ne voulant surtout rien forcer Rhexia, va se consacrer pour l’année 2020 à la reproduction chez nous, à Corbière, où nous allons la chouchouter comme nous l’avons toujours fait, en espérant qu’elle nous donne autant de plaisir sportif à travers ses poulains !"
Aurélien Leroy