“Passer le Salon du cheval de Paris à cinq jours est un pari osé”, Jessica Gordon

Fin avril, l’équipe organisatrice du Salon du cheval de Paris a annoncé que l’événement de fin d’année se tiendrait cette année sur cinq jours, du 4 au 8 décembre au Parc des expositions de Paris Nord Villepinte, et plus à cheval sur deux week-ends. Un tournant important pour ce rendez-vous majeur du monde équestre tricolore. Jessica Gordon, directeur du Salon du cheval depuis 2016, explique cette décision, trace les principales lignes de l’édition 2019 et évoque ses ambitions pour améliorer encore et toujours son salon. Entretien. 



Cette année, le Salon du cheval de Paris se déroulera donc sur cinq jours, du 4 au 8 décembre à Villepinte, contre neuf précédemment. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? 
Cette décision a été principalement motivée par la demande de nos clients exposants. Neuf jours de mobilisation, plus trois pour le montage et le démontage, représentent des exigences considérables pour eux. Beaucoup sont des artisans, obligés de fermer leurs ateliers pendant la durée de l’événement. Pour les plus grandes entreprises, l’organisation est bien sûr différente, mais étant donné que nous sommes proches des fêtes de fin d’année, elles réalisent un chiffre d’affaire important à cette période stratégique. Leur présence au salon implique donc une sacrée organisation pour les envois de marchandise, particulièrement pour nos clients également présents sur internet. Ces neuf jours étaient donc très impactants en termes humains, mais aussi de logistique. L’hébergement et la restauration des équipes pendant douze jours représentent aussi des postes de dépenses considérables.
Il n’y a encore pas si longtemps, il n’y avait pas beaucoup de concours internationaux ou de salons dédiés au cheval. Aujourd’hui, il y en a de plus en plus et les cavaliers sont très sollicités. Je citerai également l’éternel problème d’affluence que nous rencontrions le lundi, le mardi et le mercredi. J’ai travaillé sur un modèle sur cinq jours dès que j’ai repris les rênes du salon, en 2016. Ce n’était alors pas envisageable pour plusieurs raisons, la première étant que je prenais tout juste la tête de l’organisation et je que n’avais pas encore la main sur cet aspect. Passer le salon à cinq jours est un pari osé, mais aussi une décision prise en concertation avec un très grand nombre d’exposants, de toute taille et de tous univers. Cela fait trois ans que je cogite à ce sujet, et je crois qu’il faut maintenant se lancer!
 
L’an passé, de nouvelles disciplines avaient intégré le programme du Salon. Celui-ci sera-t-il réduit cette année ? 
En effet, nous n’allons pas pouvoir conserver toutes les disciplines. La diversité de notre offre était en grande partie possible grâce à la durée de notre événement. Pour autant, un certain nombre de disciplines étaient proposées le lundi et le mardi, deux jours où l’affluence était limitée. Nous allons donc faire au mieux pour garder un maximum de disciplines à notre programme. L’ADN du Salon du cheval de Paris reste la transversalité. Nous voulons montrer un maximum de pratiques équestres et il ne s’agit en aucun cas d’en faire un événement purement sportif. Les sports équestres ont pris davantage de place depuis 2016, mais je veux conserver cette palette afin de montrer tout ce qui se fait autour des chevaux au sens large. C’est le cahier des charges que nous donne le Centre national des expositions et concours agricoles (CENECA), qui est propriétaire du Salon.  


“Rapprocher le Salon de Paris est dans mon viseur”

Avez-vous également songé à faire déménager le Salon pour le rapprocher de Paris ?
C’est évidemment dans un coin de ma tête ! Je suis un pur produit parisien et je fréquente ce Salon depuis que je suis toute petite. Cela reste donc dans ma ligne de mire. Néanmoins d’importants travaux sont actuellement en cours au Parc des expositions de la Porte de Versailles. La rénovation des halls pourrait permettre à terme d’accueillir à nouveau un événement dédié au cheval. C’est compliqué pour le moment, mais c’est dans mon viseur pour plus tard.
 
Étant donné que le Salon du cheval et le Longines Masters de Paris se dérouleront durant un seul et même week-end, des ponts supplémentaires seront-ils imaginés entre les deux halls? 
Comme toujours, le public pourra passer d’un hall à l’autre. Le Longines Masters est un évènement du Salon du cheval, au même titre que les championnats du monde du Cheval Arabe. Néanmoins, le Salon du cheval va élargir ses horaires d’ouverture, notamment les vendredi et samedi soir, avec des nocturnes. Nous sommes d’ailleurs très heureux de pouvoir accueillir à nouveau le Devoucoux Indoor Derby, qui sera donc organisé cette année dans le hall 5a, le hall 5b étant réservé au Longines Masters. Je suis en train de repenser toute l’organisation des pistes, des paddocks et des tribunes. Les pistes seront très grandes, et encore plus confortable pour les chevaux et les cavaliers. 
 
Une zone dédiée au bien-être du cheval a été inaugurée l’année dernière. Sera-t-elle de nouveau présente en 2019?  
Oui, et je trouve que cette zone essentielle est clairement dans l’ADN du Salon. J’aimerais par ailleurs développer davantage de “Do it yourself” (littéralement “Faites-le vous-même”, ndlr). Beaucoup de visiteurs du Salon sont des jeunes qui évoluent en clubs, ou bien des pratiquants ayant des chevaux chez eux. J’aimerais donc beaucoup leur donner accès à des clefs simples mais indispensables, comme, par exemple, de savoir comment prendre la température de son cheval. En tant que cavalière, j’aurais aimé trouver ce type d’information dans un salon.
Je me mets toujours à la place du visiteur. C’est très sympa de retrouver ses amis, les chevaux et l’ambiance d’un concours, mais j’ai envie que mon intérêt soit attisé au détour d’une allée. À ce stade, nous amorçons la préparation de l’événement. Je n’ai pas encore lancé de challenge à tout le monde, notamment car je suis encore en phase de recrutement, mais tout se met en place. Pour rester un événement majeur, le Salon du cheval de Paris se doit de se réinventer chaque année, à travers des nouveautés. L’an dernier, j’ai tenté d’ouvrir la porte aux courses hippiques, ce qui ne s’est finalement pas concrétisé. J’ai peut-être proposé cela un peu tard, mais je pense que nous avons des synergies à trouver. Paris est un lieu idéal, situé au milieu de nombreux hippodromes. J’ai encore d’autres idées à développer, mais je ne peux pas en parler tout de suite.