Pourvu que la deuxième semaine estompe le bilan de la première!

La première semaine des Jeux équestres mondiaux de Tryon s’est finalement achevée lundi après-midi avec la conclusion sans fausse note du concours complet. À mi-parcours, ce grand événement quadriennal a déjà accumulé les rendez-vous manqués, et pas seulement à cause de l’ouragan Florence… Pour la beauté du sport, souhaitons que les championnats de saut d’obstacles, attelage, voltige et para-dressage se déroulent mieux.



Des bras d’honneur à l’encontre des officiels et organisateurs de la course d’endurance, incapables de gérer une épreuve qui s’annonçait déjà difficile et éprouvante, des tergiversations sans fin en dressage, où l’on a dû se résoudre, la mort dans l’âme, à annuler la Reprise Libre en Musique, un concours complet qui s’est déroulé sur cinq jours contre quatre habituellement, afin de laisser les vilains nuages de l’ouragan Florence déverser leurs pluies, et des championnats de reining, discipline pourtant reine aux États-Unis, disputés devant des tribunes enthousiastes mais clairsemées… Les équipes de Mark Bellissimo, qui s’étaient fixé le challenge un peu fou d’organiser ces Jeux équestres mondiaux en deux ans, sur un site alors uniquement voué au saut d’obstacles et au dressage, ont accumulé les déconvenues ces sept derniers jours.
 
Outre des travaux inachevés – et toujours en cours chaque jour autour des arènes! –, des conditions climatiques défavorables – prévisibles ou pas, selon les opinions des uns et des autres – et une Fédération équestre internationale pas toujours irréprochable dans sa gestion sportive ont clairement terni le début de la fête. Avec un peu d’anticipation, peut-être aurait-on pu annuler le Grand Prix Spécial, moins prisé du public, et le remplacer par une Reprise Libre en Musique ouverte aux trente meilleurs. Avec un peu plus de clairvoyance, on n’en serait sûrement pas arrivé là endurance. Bien que cet événement très complexe d’un point de vue logistique ait toujours connu des soubresauts et coups de théâtre, jamais une édition n’avait occasionné tant de problèmes… Chauvins Français, rassurez-vous, au moins plus personne ne qualifiera le cru de Normandie 2014 de “Worst Equestrian Games” (pires Jeux équestres), ce que certains médias, un rien provocateurs, n’avaient pas hésité à publier noir sur blanc…
 


Heureusement que Florence a fléchi…

 
Au moins a-t-on pu sauver le concours complet, avec un cross disputé dans de bonnes conditions et sur un superbe parcours qui a offert de magnifiques images aux diffuseurs audiovisuels. On regrettera peut-être que le temps imparti pour ce test de fond n’ait pas été plus serré, et surtout que cette compétition ait dû se terminer lundi dans un stade qui sonnait le creux, comme celle de reining, dont la finale a dû être avancée à samedi après-midi. Mais là, on ne peut légitimement s’en prendre qu’à cette satanée Florence… Pour ce qui est de cet ouragan, réjouissons-nous tout de même qu’il se soit très largement affaibli avant d’atteindre le Tryon International Equestrian Center, ce qui a permis de rouvrir le site dans de très bonnes conditions dès le lundi matin, huit heures après la fin des averses. Qu’en aurait-il été si le vent s’était engouffré dans des infrastructures encore en travaux?
 
Sur le plan sportif, on retiendra de cette première semaine que la plupart des grandes nations ont ouvert leur compteur de médailles: l’Allemagne en concours complet, certes uniquement en individuel, reining et surtout dressage, les États-Unis, pays hôte, en dressage et reining, la Grande-Bretagne, dans les deux disciplines olympiques, la Belgique en reining ainsi que la surprenante Irlande et la France en complet. À noter que la France et l’Espagne ont payé cash l’inimaginable annulation de la course d’endurance, où elles étaient bien parties pour se tailler la part du lion.
 


La France, comme l’Espagne, s’est fait voler deux médailles !

 
Alors oui, la France ne compte pour l’heure qu’une seul breloque, le bronze arraché par le séduisant quatuor de Thierry Touzaint, également synonyme de qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo, mais elle devrait déjà en avoir gagné trois! En seconde semaine, on misera forcément sur les cavaliers de saut d’obstacles, quoi qu’ait pu être dit et écrit sur l’inexpérience de la sélection de Philippe Guerdat, les voltigeurs, notamment les hommes, souvent compétitifs dans ce grand rendez-vous, José Letartre, a priori seul potentiel médaillable en para-dressage, voire sur le collectif d’attelages à quatre chevaux, plus fort que jamais dans l’histoire des sports équestres français, mais tout de même pas favori.
 
Dans cette discipline, tout comme en para-dressage et jumping, on suivra avec attention les performances des Pays-Bas, meilleure nation de l’édition 2014. Pour l’instant, les Néerlandais, dont on n’a depuis lors cessé d’encenser le système fédéral, ont brillé… par leur discrétion. Même s’il est vrai que leur médaille collective en complet relevait de l’exploit il y a quatre ans, ils ont de façon plus surprenante reculé en dressage, discipline forte où ils parvenaient même parfois à remettre en cause la suprématie allemande… Bref, à Tryon, l’eau a coulé sous les ponts, au sens propre comme au figuré. Et l’on a hâte d’entamer la seconde semaine, avec l’espoir que le plan se déroule enfin sans accroc!