Les JO à trois cavaliers, pas les autres championnats et Coupes…
Une réunion du comité de saut d’obstacles de la Fédération équestre internationale organisée en début de semaine à Barcelone devait entériner la modification de la formule de compétition des Jeux olympiques. D’après plusieurs sources concordantes, ceux de Tokyo, dans quatre ans, devraient bien se disputer par équipes de trois cavaliers dans les trois disciplines. En revanche, la FEI renoncerait à étendre cette réforme aux autres championnats et Coupes des nations.
En saut d’obstacles, cette révolution annoncée est particulièrement controversée. Déjà soutenue par une majorité de nations émergentes, notamment celles bénéficiant d’aides financières et matérielles dans le cadre du programme FEI Solidarity, depuis quelques mois, elle est également défendue par une poignée de fédérations européennes donc celle de Grande-Bretagne, qui s’y était pourtant opposée l’année précédente. En revanche, elle reste très fortement contestée par la quasi-totalité des meilleurs cavaliers du monde, ainsi que des grands pays comme la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et la Suisse. Pour autant, les JO mettront bien aux prises des équipes de trois cavaliers. La compétition débutera par une qualificative individuelle, se poursuivra par une finale individuelle en deux manches et se conclura par une épreuve par équipes en deux manches. Les chefs d’équipes devraient pouvoir faire entrer un remplaçant entre les deux manches en cas de problème sanitaire ou vétérinaire frappant l’un des trois couples titulaires. Afin de ne pas voir une équipe quitter la compétition dès le premier jour en raison d’une élimination (consécutive à une chute ou à deux refus par exemple), cette dernière devrait pénaliser l’équipe d’un score restant à déterminer (on parle de seize points…).
De nombreuses questions en suspens en complet
En concours complet, la très grande majorité des nations phares de la discipline et l’Association des cavaliers ont toujours exprimé leur très forte opposition à ce projet. Il faut dire que cet été encore, seules deux des treize équipes au départ ont ramené leurs quatre cavaliers à bon port: la France, sacrée championne olympique, et la Grande-Bretagne. Les États-Unis ont terminé la compétition à deux, et la Russie a perdu ses trois cavaliers lors du cross (deux éliminations et un forfait). Qu’en sera-t-il en 2020 ? Existe-t-il une formule permettant de faire entrer un remplaçant en cours de compétition, comme la CIO en aurait garanti la possibilité à la FEI? Difficile à imaginer… À l’arrivée, y aura-t-il bien trois équipes complètes sur le podium ? Rien n’est moins sûr.
Pour rappel, en dressage, cette formule était déjà en vigueur aux JO de Hong Kong et Londres en 2008 et 2012. En dehors de l’Allemagne et des Pays-Bas, les deux nations disposant normalement des plus grands réservoirs de couples de niveau Grand Prix, aucune des parties prenantes de la famille équestre ne s’opposait réellement à ce retour en arrière.
Cependant, l’opposition frontale conduite par de nombreuses parties prenantes des sports équestre n’aura pas été vaine, puisqu’il semblerait que la FEI ne modifie que la formule des Jeux olympiques. Ainsi, les Jeux équestres mondiaux et championnats d’Europe, ainsi que les Coupes des nations, continueraient à se courir à quatre. On continuerait ainsi à biffer le plus mauvais score de chaque équipe. C’est certes un moindre mal pour les cavaliers, chefs d’équipes et propriétaires de chevaux, mais les Jeux olympiques restant de très loin la meilleure vitrine médiatique pour ces trois disciplines, et pour la FEI elle-même, on peut légitimement s’interroger sur le bien-fondé de cette réforme, ainsi que sur sa mise en application dans un seul concours…