Après avoir participé aux Jeux paralympiques d’Athènes en 2004, Valérie Salles prendra part à ses secondes olympiades cet été à Londres. Avec Menzana d’Hulm, elle s’est révélée très performante le week-end dernier lors du CPEDI 3* de Casorate en Italie en s’adjugeant la victoire de la reprise libre en musique du Grade Ib. Des résultats de bon augure à l’approche des Jeux de Londres…
GrandPrix-replay.com : Le couple que vous formez avec Menzana d’Hulm est relativement récent. Comment s’est passé la rencontre ?
Valérie Salles : Le cheval m’a été présenté par Mathieu Boisselier, par le biais de mon ancienne coach Nicole Favereau. Elle avait repéré ce cheval depuis déjà quelques temps et avait noté qu’il avait de bonnes allures, notamment au pas et au trot. Je suis donc allée le voir afin de le ramener dans mes écuries pour l’essayer. Ca a été une sorte de révélation : il s’est tout de suite fait à ma main, au montoir, il n’y a pas eu de temps d’adaptation. Nous n’avons pas eu besoin de faire un travail de mise en place en parallèle, alors qu’avec d’autres chevaux nous avions parfois eu besoin de passer par de l’éthologie. Lui, il a vraiment tout compris dès le départ et seulement après avoir passé dix jours dans l’écurie, il m’appelait dès que je claquais la porte. Tout s’est passé très vite et j’en suis vraiment ravie.
GrandPrix-replay.com : Vous avez souvent changé de monture ces dernières années, pourquoi ?
Valérie Salles : Aujourd’hui, je n’ai pas de cheval personnel même si j’aimerais que ce soit possible un jour. Ce sont des chevaux qui sont très coûteux et, par conséquent, hors de mes moyens actuellement. J’ai tout de même eu la chance que l’on me propose plusieurs fois de très bons chevaux en location. C’est d’ailleurs vraiment très généreux de la part des propriétaires de me laisser un cheval à disposition. En 2010, je montais Ocarina Mayerling, une jument appartenant à Magdalena Pommier, mais quelques divergences d’opinion nous ont forcé à mettre fin à cette collaboration. Je suis donc retournée à la recherche d’un cheval, à acheter ou à louer, et c’est ainsi que Menzana d’Hulm s’est retrouvé sur ma route. Nous avons établi un contrat de location avec Mathieu Boisselier, allant même au-delà des Jeux de Londres puisque je pourrai garder le cheval deux ans de plus. Louer des chevaux m’évite de me retrouver sans aucune monture et me permet de rester dans la course.
GrandPrix-replay.com : Comment se passe votre entraînement et celui de Menzana d’Hulm ?
Valérie Salles : Le cheval est monté par une cavalière valide, Lara Subilleau. Elle fait d’ailleurs un travail extraordinaire sur ce cheval. Pour tout ce qui concerne la mise en main ou sa musculature, il a besoin d’être monté par quelqu’un d’autre et c’est là que Lara intervient. Pour ma part, je monte seulement pour corriger ou améliorer certains points, et ce trois à quatre fois par semaine. C’est un cheval qui a quelques petits problèmes de dos et qui n’a donc pas besoin d’être beaucoup monté. Quand je monte c’est donc surtout pour peaufiner mon travail et faire en sorte que le cheval comprenne toujours bien les codes que nous avons établi ensemble. J’aimerais bien pouvoir monter plus souvent mais cela ne sert à rien de gâcher tout son talent alors qu’il n’a pas besoin d’être autant monté. Et puis j’ai aussi remarqué que si je montais tous les jours, je progressais moins. Quand je reste deux ou trois jours sans monter, je suis plus performante.
GrandPrix-replay.com : Quel bilan tirez-vous de votre saison jusqu’à présent ?
Valérie Salles : Le couple que nous formons avec Menzana d’Hulm évolue constamment, nous sommes en progression sur chaque concours. J’ai obtenu de très bonnes notes en Italie, je suis vraiment contente de nos différentes prestations, mais je suis également consciente que nous avons encore du travail à effectuer. C’est quelque chose d’extrêmement motivant pour moi : lui comme moi, nous avons encore besoin de nous perfectionner. C’est très valorisant car même si le cheval a déjà un très bon niveau, nous pouvons encore progresser ensemble. Nous n’allons pas nous reposer sur nos lauriers ! (rires)
GrandPrix-replay.com : Quel est votre programme jusqu’au mois d’août ?
Valérie Salles : Comme n’importe quel athlète, je fais pas mal de sport. Mais j’ai aussi fait le choix d’avoir toute une équipe pour me soutenir que ce soit d’un point de vue mental, sportif ou même concernant la nutrition. Ce programme est le même tout au long de la saison et les olympiades ne font pas exception. Des stages avec le sélectionneur, le capitaine Philippe Célérier, sont également prévus : un au début du mois de juillet et un autre au mois d’août. Ce n’est que bénéfique pour moi, ça ne change pas forcément mon fonctionnement habituel.
GrandPrix-replay.com : Quels sont vos objectifs à Londres cet été ?
Valérie Salles : Je ne connais pas mes concurrents et je n’ai pas besoin de les connaître. Le seul concurrent qui puisse me faire peur c’est moi-même. J’estime que lorsque l’on se bat, c’est contre soi-même. Je fais donc tout mon possible pour que le cheval tout comme moi soyons à la perfection le jour J. Ensuite, que les autres soient bons ou moins bons, cela ne m’intéresse pas de le savoir. Désormais, tout peut arriver. Je pense l’avoir prouvé en Italie le week-end dernier en battant le favori, chose que j’essayais de faire depuis le début de la saison. Je ne m’en cache pas, à Londres, l’objectif sera d’atteindre le podium. Je pense que c’est tout à fait faisable.
GrandPrix-replay.com : Que pensez-vous des chances françaises après une telle réussite en Italie ?
Valérie Salles : En équipe, je pense que si tout se passe bien nous pouvons entrer dans le Top 5. On a vraiment une très bonne équipe, très soudée. Ainsi, si tout le monde donne le meilleur de soi-même, je pense que nous pouvons vraiment impressionner et inquiéter certaines nations qui ne nous ont jamais vus comme de sérieux concurrents. Ceci dit, le podium sera sûrement difficilement accessible par équipe : la concurrence sera rude.
Propos recueillis par Lola Bernardini