Euston, on a un problème



Ce week-end, à Euston Park, en Angleterre, se courait le pré-ride du Mondial 2012 d'endurance. La course était d'un enjeu crucial pour l'ensemble des cavaliers désireux d'avoir un aperçu de ce que sera la principale échéance l'an prochain. Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Français, nombreux à avoir fait le déplacement outre-Manche, n'ont pas brillé.


 

"C'est une réelle contre-performance", accepte la sélectionneuse Bénédicte Emond, qui avait accompagné ses troupes à Euston Park avec le docteur-vétérinaire Christophe Pélissier. Leur déplacement n'avait rien d'officiel, puisque leur mission se limite aux courses de sélection en vue de l'échéance principale de l'année (en l'occurrence le championnat d'Europe de Florac pour 2011), mais permettait d'apprécier l'organisation britannique, à un an du Mondial. "Sur les treize couples français au départ de la 160, le dimanche, seuls deux parviennent à la terminer : Philippe Benoit, qui termine onzième, et Roland Verge, quatorzième. Je tiens d'ailleurs à les féliciter, tant la gestion de leur course a été intelligente, régulière. Pour les autres, j'ai compris certaines éliminations, et d'autres beaucoup moins, comme celles de Mélody Theolissat et de Julien Lafaure, dont les chevaux ne m'ont pas semblé dans le rouge."

 

Les Français contre-performants certes, mais une course dont les règles ont largement échappé aux observateurs extérieurs : on dénombre ainsi cinquante-et-une éliminations sur soixante-douze partants. De quoi susciter quelques interrogations... Qualité médiocre du terrain ? Apparemment pas, malgré des passages plutôt profonds sur l'ensemble de la course. Train d'enfer mis dès le départ par les Emiratis ? Certainement, mais les Français n'ont pas tenté de s'infiltrer dans le peloton de tête sur les premières boucles. Alors quoi ? Extrême vigilance des équipes vétérinaires anglaises ? Zèle ?

 

En tête, l'Emirati Sheikh Mohammed Al Maktoum traîne dans son sillage une nuée de sept autres cavaliers UAE, qui tous terminent dans un mouchoir de poche, à moins de sept secondes du prince de Dubaï. Parmi l'importante délégation émirati, quinze des vingt-neuf sujets du prince sont toutefois également éliminés, dont quatre pour problèmes métaboliques. Un prince qui évolue à Euston Park comme en son jardin, avec un personnel, notamment jury et vétérinaires, validé par la FEI, qui jamais ne se tient trop éloigné des intérêts du sheikh. Loin de la médiatisation (et donc de la rigueur sur le terrain qu'elle entraîne) de l'endurance lors les Jeux équestres mondiaux, le Mondial 2012 se prépare avec déjà l'impression de service rendu au principal mécène mondial de la discipline.

 
 

Daniel Koroloff