« Je n?en veux évidemment pas à l?endurance française », Jean-Louis Leclerc



Après six saisons à la tête de l’endurance française, neuf podiums en or, cinq en argent, cinq en bronze, Jean-Louis Leclerc était contraint de tirer sa révérence en fin d’année dernière. En cause, son âge, jugé trop avancé, et le projet fédéral pour la discipline qui ne nécessitera désormais plus l’implication à temps plein d’un entraîneur sélectionneur. Ce vétérinaire équin de formation prendra alors les rênes de l’endurance allemande dans quelques semaines. Malgré un pincement au cœur certain qui n’est pas encore prêt de s’estomper…


 
Grand Prix Replay : Comment se porte l’endurance allemande dont vous allez, à partir du 1er mars, assurer l’entraînement et les sélections ?

Jean-Louis Leclerc : Pas mal : ils reçoivent une médaille de bronze à Lexington. Ils ressortent toutefois d’un passage à vide de quelques années et vivent une refonte complète. Ils ont des gens compétents et je pense qu’ils avaient besoin d’une autorité, ou disons plutôt d’un pivot autour duquel les troupes doivent s’unir. L’entraîneur sera peut-être celui dont la voix portera. Ce qu’a fait Sabrina Arnold pour les JEM (entraineuse sélectionneuse par intérim, ndlr) n’était que temporaire. Nous avons échangé elle et moi : tout va très bien se passer.

 
Grand Prix Replay : Comment la Fédération allemande a-t-elle décidé de vous confier les rênes de leur endurance ?

Jean-Louis Leclerc : La Fédé allemande a tout simplement appris que la Fédé française ne croyait pas en mes capacités jusqu’en 2014 et que j’étais tout simplement remercié… Brutalement, je me retrouvais sans emploi, un mois avant le championnat du monde. Hans Muller, qui s’occupe de l’endurance en Allemagne m’a alors contacté. Je n’avais pas prévu d’être de nouveau entraineur, je pensais plutôt être consultant. Mais l’Allemagne a souhaité aller plus loin que le simple consulting : entrainement, suivi des cavaliers, sélections. Je commence donc le 1er mars, dès la fin de mon contrat avec la France. Parallèlement, je peux avoir quelques missions de consultant, et je continuerai également ma fonction de vétérinaire FEI, pour laquelle je suis élu.

 
Grand Prix Replay : Vous avez déjà pensé aux prochains championnats d’Europe, qui se tiendront en France, et au cours desquels vous allez représenter un autre pays ?

Jean-Louis Leclerc : Evidemment. Et ce serait mentir de dire que ce n’est pas difficile. J’ai été impliqué au plus haut niveau de l’endurance française pendant seize ans, en tant que vétérinaire puis sélectionneur. C’est dur donc, c’est certain. Mais je pense avoir encore une compétence et une expertise qu’il est dommage d’avoir jetées à la poubelle comme j’ai l’impression que cela s’est fait. Pour autant, je crois que dans le sport, on peut très bien se battre la journée et aller boire un verre tous ensemble le soir. Je garde tellement d’amis dans l’endurance française : je n’en veux évidemment pas à l’endurance française. Je reçois des SMS en continu depuis hier : les Français me félicitent !

 
Grand Prix Replay : Quels sont les objectifs que vous a fixés la Fédération allemande ?

Jean-Louis Leclerc : Aucun. Ils sont très ouverts et me laissent très libres. Bien sûr, j’aimerais remporter le championnat d’Europe !

 
Grand Prix Replay : Quelques mois après l’annonce de votre éviction, comprenez-vous mieux le projet fédéral français ?

Jean-Louis Leclerc : Non. Très honnêtement, non. Dans ma clinique vétérinaire qui a embauché jusqu’à onze personnes, je n’ai jamais viré personne qui donnait satisfaction. Donc je ne comprends toujours pas, et je dois dire que ça m’a mis un sacré coup au moral. La proposition des Allemands et leur accueil m’ont donc redonné du baume au cœur. Je travaille à d’autres projets dont on reparlera en temps et heures. Je ne suis pas encore cassé, sauf pour les Français…

 
 
Propos recueillis par Daniel Koroloff