Chaman, le sorcier qui avait peur des fantômes

Parfois fantasque, mais souvent génial, le magnifique Chaman ne laissait pas indifférent. Avec Ludger Beerbaum, il a remporté de très nombreuses épreuves, même si le Kaiser a subi également les affres de quelques éliminations. Le fils de Baloubet du Rouet s'est éteint ce samedi, à l'âge de vingt ans.
 



Une disparition subite

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Sur son site Internet, Ludger Beerbaum a annoncé ce lundi matin la mort de l'étalon KWPN Chaman : « Nous sommes très attristés d'apprendre aux éleveurs et aux amis de Chaman le décès de l'étalon ce samedi après-midi. Après avoir satisfait à ses activités d'étalon, été au marcheur puis avoir brouté au paddock, le fils de Baloubet du Rouet s'est éteint paisiblement dans son box au cours de l'après-midi. Chaman était facile et agréable à monter et j'ai beaucoup de bons souvenirs avec lui, comme les victoires à Stuttgart, Lyon, Lausanne, Ebreichsdorf, Wiesbaden ou les étapes du Longines Global Champions Tour de Vienne et Valkenswaard. »


Né en 1999 chez Karel Denneboom, aux Pays-Bas, et baptisé originellement Soekot, Chaman était un fils de Baloubet du Rouet et Jadied par I love You, donc aux trois-quarts Selle Français, avec un intéressant inbreeding 3x3 sur le chef de race Almé. La grand-mère de Chaman, Poline (Lucky Boy PS x Le Faquin PS) est à l'origine de nombreux gagnants, parmi lesquels les plus illustres sont Chaman, Luidam (Guidam) avec Billy Twomey, et Scandic (Solo Carex), très grand gagnant international en dressage avec le Suédois Patrick Kittel. Mis à la reproduction sur le tard, Chaman a commencé la monte en 2013 et ses premiers produits ont donc cinq ans cette année. En France, Chaman a sept produits enregistrés au Sire et nés en 2015 et 2016.
 


De Federico Fernandez à Ludger Beerbaum

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Après avoir débuté en Jeunes Chevaux aux Pays-Bas, Chaman est vendu au Mexicain Federico Fernandez, qui le cède à Luciana Diniz. Mais la Portugaise a du mal avec l'étalon, le confie à Sören von Rönne puis Andreas Knippling avant de faire appel à Ludger Beerbaum, qui le fait acheter par sa fidèle propriétaire Madeleine Winter-Schulze après l'avoir eu à l'essai quelques semaines dans ses écuries.


« Je l’ai fait tout en sachant qu’il avait son caractère et qu’il pouvait s’arrêter à tout moment, mais il avait beaucoup de potentiel, et c’était déjà un très bon cheval. », expliquait Ludger Beerbaum à Grand Prix Magazine en 2016. Même si l'étalon pouvait être un peu coquin et s'arrêter de façon inexpliquée, le Kayser avait une grande affection pour le fils de Baloubet dont il disait : « Chaman est vraiment très agréable à monter. Il a une bonne technique et un très bon équilibre, surtout lorsqu’il saute. Il me donne d’excellentes sensations. Il n’a peut-être pas tous les moyens du monde, mais il en a suffisamment. Il n’est pas forcément très courageux non plus, mais assez pour gagner des épreuves ! Parfois, il s’arrête, c’est ainsi… mais nous avons remporté tellement de belles victoires. S'il s'arrête, c'est qu'il est effrayé par un gros saut ou bien par un fantôme. Honnêtement, je pense que son défaut aurait pu être corrigé s’il avait eu le même cavalier depuis ses quatre ou cinq ans. Quand je l’ai récupéré, à onze ans, il était déjà un peu timide. »
 


Le chaud et le froid

Ludger Beerbaum et Chaman victorieux au Saut Hermès

Ludger Beerbaum et Chaman victorieux au Saut Hermès

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Chaman aura alterné le chaud, avec quelques très belles victoires, et le froid, avec quelques refus contre lesquels il n'y avait rien à faire. Malgré ses incartades, Ludger Beerbaum le place parmi les chevaux marquants de sa carrière : « Nous avons remporté de nombreuses victoires, mais certaines ont été vraiment particulières, car nous étions totalement en harmonie. Je pense notamment à Lausanne et au Grand Prix du Saut Hermès. Naturellement, ses refus sont mes pires souvenirs avec lui. Mais Chaman figure sans aucun doute parmi les dix meilleurs chevaux que j'ai montés, aux côtés de Classic Touch, Ratina Z, Goldfever ou Champion du Lys. »


Après le concours de Valkenswaard, en août 2017, Ludger Beerbaum prendra la décision d'arrêter la carrière sportive de Chaman, qui quittera la piste aux étoiles en ayant gagné 1,8 millions d'euros en compétition. Depuis ce samedi 29 juin, le sorcier qui avait peur des fantômes est parti rejoindre les esprits de l'autre côté de la vie.