“Je ne suis pas plus sereine sous prétexte que c’est ma cinquième sélection”, Héloïse Le Guern

Héloïse Le Guern fait partie des Jeunes Cavaliers qui auront la chance de courir les championnats d’Europe de concours complet à Maarsbergen, du 10 au 14 juillet prochain.  À l’occasion de sa cinquième sélection pour l’échéance continentale, la jeune Saumuroise sera aux rênes de Vue Duciel, une jument de dix ans pleine de potentiel. À deux semaines de son départ pour le centre des Pays-Bas, Héloïse Le Guern s’est confiée.



C’est votre cinquième sélection pour les championnats d’Europe, comment avez-vous accueilli cette nouvelle ? 
C’est toujours aussi excitant d’être sélectionnée pour les championnats d’Europe, même si c’est la cinquième fois. Je suis ravie d’en être arrivée à cette première étape de sélection, je sais que la route est encore longue pour atteindre les bons résultats. Je ne suis pas plus sereine sous prétexte que c’est la cinquième fois, d’autant plus que je suis engagée avec une jument qui n’a encore jamais couru dans ce genre d’épreuve. 
 
L’an dernier, vous aviez malheureusement été éliminée lors du cross aux Européens Longines de Fontainebleau. Dans quel état d’esprit êtes-vous pour cette nouvelle échéance ?
Cela ne me pollue pas la tête plus que ça. Cet incident est malheureusement arrivé sur la mauvaise échéance, ça aurait pu être lors de n’importe quel concours. Ça a été une chute sans gravité donc c’est tout de suite moins marquant, et puis c’était une faute bête ! Ce n’était ni une erreur d’équitation ou de distance, mais vraiment dû à l’attention de la jument, qui a regardé l’obstacle et s’est entravée, et dont j’ai été éjectée. Cette année c’est un nouveau championnat, la jument est nouvelle. Je ne reste pas sur cette “ancienne” échéance ! 
 
Quelles sont vos ambitions pour ce championnat ? 
Tout d’abord, j’espère que la France va garder son titre (les Bleus ont récolté l’or par équipes en Juniors et Jeunes Cavaliers l’an dernier à Fontainebleau, ndlr)! Même si je ne courrais pas avec l’équipe (Héloïse concourait à titre individuel uniquement, ndlr), j’espère que nous serons aussi performants. À titre individuel, j’espère faire mieux que l’année dernière (rires). Je pense que la jument et le couple que nous formons avons les moyens de faire quelque chose de bien. Il y a une certaine concurrence en championnat d’Europe, j’en suis consciente. Mais si l’on arrive à faire aussi bien que cette année, il n’y a pas de raison que nous n’accrochions pas de classement, si ce n’est plus.
 
Vous montez Vue Duciel depuis 2016, et il s’agit de votre première sélection pour un championnat avec elle. Comment l’avez-vous préparée, et quand avez-vous pensé qu’elle avait l’étoffe d’un cheval de championnat ? 
Au début de la saison, seul mon cheval Orage de Longuenée ENE-HN pouvait être sélectionné, et je sais que le staff a une confiance aveugle en ce cheval-là car il a énormément d’expérience. Il est tellement sûr que je savais qu’il répondrait présent s’il fallait. Puis j’ai qualifié Vue Duciel à Tartas. Ce qui est intéressant avec cette jument, c’est qu’elle pouvait aller chercher plus de points en dressage, et qu’elle a un niveau équivalent sur l’hippique. En revanche, elle n’est pas aussi exceptionnelle qu’Orage sur le cross. Si j’avais eu le choix, j’aurais surement préféré Vue Duciel pour laisser Orage au repos. Il a dix-sept ans, a doucement terminé sa saison en se classant à Saumur (le bai a terminé onzième de la Pro 3, ndlr), et va tranquillement prendre le chemin de la retraite. 
 
Pouvez-vous nous décrire Vue Duciel ? 
C’est une jument de dix ans qui est très facile à vivre ! Elle est vraiment cool et ne montre pas son côté “jument”. C’est une bonne élève, concentrée lors de toutes les disciplines, qui répète bien les séances. Elle enregistre rapidement les nouvelles choses qu’elle apprend. Vue Duciel commence à avoir un certain potentiel, malgré le fait qu’elle ait encore beaucoup à apprendre. C’est d’ailleurs ça qui est intéressant, elle a une vraie marge de progression. 


“J’espère évoluer en CCI 4*-L l’année prochaine”

Vous enchainez les classements depuis quelques concours, notamment avec une deuxième place dans le CCI 3*-L de Tartas. Cela vous donne-t-il confiance pour les Européens ? 
Notre classement à Tartas nous a rassurées, c’est vrai que c’était super. À Saumur aussi, nous avons fait une petite faute à l’obstacle qui nous a fait redescendre un peu dans le classement, rien d’inquiétant parce que le concours était difficile. Même si c’était en CCI 3*-S, et qu’il demandait moins d’effort, le cross était très technique donc je suis satisfaite de notre résultat. 
 
Connaissez-vous vos coéquipiers pour Maarsbergen, Victor Levecque, Anouk Canteloup, Romain Sans, Jeanne Pegot Ogier et Morgane Euriat ? 
Je connais bien Victor, parce que nous avons vécu les quatre précédentes sélections ensemble. Je connais bien Romain également. Quant à Anouk, je la connais depuis l’année dernière puisqu’elle était qualifiée pour les championnats d’Europe (cette dernière a ravi l’or en individuels et par équipes dans la catégorie Juniors, ndlr). L’an passé, nous étions tous très soudés, plus que les autres années je trouve. Je pense que cela vient aussi du super résultat que nous avons obtenu, car quand le classement va, tout va ! Et surtout le moral (rires) ! Des événements comme celui Fontainebleau sont des moments marquants !
 
Vous étiez en licence de tourisme l’année dernière. Quels sont désormais vos projets ? 
Nous sommes en fin de saison, la réunion annuelle du Pôle de la Fédération française d’équitation (un dispositif d’accueil permanent offrant à de jeunes sportifs la possibilité d’accomplir un projet sportif mais aussi professionnel, dont Héloïse Le Guern fait partie, ndlr) est en train de se préparer, nous allons pouvoir discuter de tout cela, d’autant plus que je suis en train de finir mes études. Cette année, je faisais une formation en management d’établissements équestres. Nous allons donc discuter du renouvellement de mon contrat avec le Pôle, qui est renouvelable chaque année. J’espère pouvoir y rester et continuer d’apprendre avec toutes les personnes compétentes présentes là-bas. Je vais donc pouvoir me consacrer davantage aux compétitions, puisque je n’aurai plus de cours à la faculté.
 
Vous concourez pour la dernière année en Jeunes Cavaliers. Qu’envisagez-vous pour la suite ? 
J’espère que nous aurons fait du bon travail aux championnats d’Europe, et que nous aurons bien mérité une ou deux semaines de vacances (rires). Ensuite, nous allons reprendre le travail de plus belle, et tenter d’atteindre le niveau U25, qui correspond au niveau CCI 4*-L. Les championnats pourront aussi déterminer cela. J’espère d’ailleurs évoluer en CCI 4*-L l’année prochaine. 
Je travaille également avec Canakine du Sudre Z, un hongre de neuf dont mes parents ont fait l’acquisition au mois de décembre. Il était sous la selle de Cédric Lyard, avec qui il a fait le champion nat des sept ans au Mondial du Lion (en 2017, le couple a terminé vingt-huitième sur cinquante participants, ndlr). Cette année, nous avons appris à faire connaissance. Nous sommes restés au niveau Pro 3, mais l’année prochaine, j’espère que nous ferons mieux. Je pense que c’est un cheval qui pourra rattraper le niveau de Vue Duciel, ce qui me permettrait de compter sur deux bons chevaux pour évoluer.