''Faire le mieux possible et prendre le maximum d’expérience’’, Corentin Pottier
Figure montante du dressage tricolore, Corentin Pottier est l’un des meilleurs cavaliers de sa génération. Sélectionné pour représenter la France à Hagen lors de la première édition des championnats d’Europe U25, le jeune Parisien prendra part à la compétition dès vendredi avec son fidèle hongre de quatorze ans, Gotcha. Pour GrandPrix-Replay, le dresseur évoque sa préparation pour l’échéance et se confie sur son ressenti, à quelques heures de la compétition.
Corentin Pottier : Je suis fier de représenter la France, c’est toujours un privilège et un honneur de représenter son pays dans des échéances comme celles-ci, d’autant plus que c’est la première édition de ces championnats d’Europe U25. Je ne suis pas anxieux car ce sont des expériences tellement formatrices que ce serait dommage d’arriver là-bas en étant stressé. Ce seront mes troisièmes championnats d’Europe. Je me souviens des premiers, lors desquels j’étais extrêmement stressé, je n’arrivais plus à parler deux heures avant les épreuves. Je me souviens également des deuxièmes, que j’ai abordés de façon beaucoup plus sereine. À ce moment-là, je me suis rendu compte que c’était bien plus sain d’aborder ces échéances de façon calme et posée.
GPR. : Comment va Gotcha, votre partenaire ? Quel sont ses points forts et ses points faibles ?
C. P. : Tout va bien, il est en pleine forme ! Hier, tout s’est bien passé au travail. Nous avons eu une petite frayeur il y a quelques jours, car il s’est donné un coup dans le box et nous n’étions donc pas sûrs qu’il puisse concourir, mais il s’avère qu’il va bien ! J’ai rarement vu un cheval avec une telle force de caractère, il veut toujours bien faire. À quelques jours des championnats, je ne pouvais pas rêver mieux concernant son état physique. Nous avons fait une très bonne préparation et nous avons beaucoup travaillé. J’espère que ces championnats seront le point d’orgue de cette préparation qui dure depuis un moment.
Je monte Gotcha depuis maintenant six ans. Je sais exactement comment il fonctionne et comment il pense. Je le connais et il me connait parfaitement, c’est le plus gros point fort qui puisse exister. Je pense que nous formons un vrai couple. Ensemble, nous avons couru les épreuves Juniors, Jeunes Cavaliers et désormais, le Grand Prix. C’est une relation qui est indescriptible et que je souhaite à n’importe quel cavalier. Forcément, il y a des points faibles techniques mais notre relation compte beaucoup. C’est notre deuxième saison à ce niveau, je sais donc de quoi nous sommes capables.
GPR. : Comment vous êtes-vous préparé pour cette échéance ?
C. P. : La saison a très bien commencé au Mans (où le couple s’est classé deuxième du Pro 1 Grand Prix, ndlr). Ensuite, nous avons participé au CDI U25 à Lier, un concours indoor très impressionnant où Gotcha a malheureusement eu quelques frayeurs mais durant lequel nous avons malgré tout montré des progrès au niveau technique. Au Grand National de Marnes-la-Coquette nous n'avons malheureusement pas pu prendre le départ. Du coup, nous manquions un peu de préparation pour le CDIU25 de Compiègne fin mai car notre entraînement à du être suspendu quelques semaines du fait d'une très légère blessure. Depuis, nous avons bénéficié de trois bonnes semaines pour préparer les championnats. Nous avons pu travailler sur le fond, le physique et la technique. Je pense que c’est indispensable pour une telle échéance d’avoir une vraie préparation sur le long terme afin de pouvoir travailler dans l’optique d’améliorer chaque point. À un mois des championnats d’Europe, on ne change pas la base, c’est impossible, mais on peut peaufiner la technique et lui faire prendre un peu d'assurance dans les mouvements . Selon moi, c’est ce qui est indispensable dans la préparation d’une grande échéance.
''La concurrence est importante’’
GPR. : Quel est votre objectif ce week-end ?C. P. : Je n’ai pas d’objectif de résultats précis à part réaliser une reprise sans faute à l'image de nos meilleures performances. La fédération nous donne la chance d’y aller en sachant que nous ne partons pas pour une médaille. L'idée est principalement de se préparer pour la suite, c’est pour cela que ces championnats d’Europe U25 ont été créés, pour que nous puissions avoir un avant-goût de ce qu’il va se passer quand nous serons plus grands. Cela nous donne un aperçu de ce à quoi peuvent ressembler les championnats Seniors. Je pense qu’il faut prendre l’événement comme une vraie formation et comme une chance de prendre de l’expérience. Nous savons que les plus grandes nations de la discipline ont de bonnes équipes mais nous ne savons pas comment se comportent les autres, c’est un peu flou ! De mon côté, j’y vais pour faire le mieux possible et je compte profiter de ces quelques jours pour progresser encore davantage.
GPR. : Pensez-vous que l’équipe de France peut décrocher une ou plusieurs médailles ?
C. P. : Nous n’allons pas à Hagen avec des objectifs démesurés. Nous sommes bien conscients que la concurrence est importante. Nous n’y allons pas en nous disant qu’il faut à tout prix revenir avec une médaille. Nous avons la chance d’avoir un staff qui a conscience de cela. Malgré tout, nous tâcherons de réaliser des performances optimales avec des reprises sans fautes pour cumuler un maximum de points.
GPR. : Pensez-vous que l’échéance de Hagen puisse être un bon tremplin vers le très haut niveau ?
C. P. : Je ne vais pas dire que c’est ce qui nous fera passer de la catégorie U25 à celle des Seniors. La chance que nous donne ce circuit U25 est d’acquérir du métier sans avoir une concurrence énorme et de pouvoir aller dans des concours comme Hagen. Aujourd’hui, je suis lucide sur ma situation : il y a un concours international Seniors à Hagen mais jamais je n’y serai allé parce que je n’ai pas le niveau pour. C’est ce circuit qui nous permet de participer à de tels concours. C’est la chance que nous avons aujourd’hui et que les Séniors de la génération précédente n’ont pas eue, il faut en profiter ! C’est une bonne chose que la fédération s’implique autant pour les U25 car c’est l’avenir. Ce circuit permet de nous former et de nous faire prendre conscience de ce qu’est le haut niveau.
GPR. : Vous êtes également ambassadeur de la candidature de Paris pour les Jeux olympiques 2024 selon une initiative du Comité régional d’équitation d’Île-de-France. Qe signifie ce rôle pour vous ?
C. P. : Beaucoup de choses ! Lorsque Benoît Cayron-Renaux (Responsable de la communication au CREIF, ndlr) m’a contacté, j'ai tout de suite évoqué un souvenir : je me souviens avoir regardé l’élection de la ville hôte pour les Jeux de 2012 en direct à Lamotte-Beuvron. J'étais tellement triste de voir Paris perdre face à Londres. C'est la plus belle ville du monde ! Ainsi, lorsque l’on m’a proposé le rôle d’ambassadeur, j’étais fou de joie à l’idée de pouvoir poser ma pierre à l’édifice et participer à cette aventure. C’est une opportunité fantastique pour moi, je suis à côté de deux super ambassadeurs : Camille Condé-Ferreira et Victor Lévêcque, ça met de la pression (rires) ! C’est un rôle que je prends très à cœur, c’est vraiment bien d’impliquer les jeunes.
GPR. : Quel est votre programme après Hagen ?
C. P. : Début juillet, il y a les championnats de France à Vierzon. Je ne sais pas encore si j’y participerai en Pro 1, où je défendrai mon titre, ou en Pro Élite. Ensuite, il y aura également le championnat de France U25 en fin d’année. Je trouve que c’est une très bonne chose d’organiser un championnat pour cette catégorie au même titre que pour les autres et qu’elle soit donc reconnue. Il y a également le Grand National, j’ai une équipe avec mon amie Camille Judet-Chéret et notre partenaire, Aulion Sellier. Cela fait également partie du programme, car nous voulons bien faire sur ce circuit en représentant au mieux tous les partenaires qui nous suivent dans cette aventure et tout le staff qui suit nos chevaux au quotidien.