Les écuries de la Cigogne ferment, les voltigeurs souhaitent faire leur nid ailleurs

Mercredi 12 juin, les écuries de la Cigogne ont annoncé sur leur page Facebook la fermeture définitive du club. Leur équipe de voltige de niveau international y était abritée depuis treize ans. Une solution est actuellement recherchée, mais ni l'entraîneur ni les athlètes ne doutent de la poursuite de l'activité. 



Cachées derrière les bois, tout au sud d’Haguenau, les écuries de la Cigogne étaient louées par un agriculteur à l’association équestre qui y proposait équitation loisir et voltige. C’est surtout grâce à cette discipline que l’établissement s’est fait connaître, puisque son équipe première a souvent représenté la France à l’international, avec de nombreux succès, dont l’inoubliable médaille de bronze lors des Jeux équestres mondiaux de Caen. 

Et c’est avec bien peu de moyens que l’association, créée en 2006 “par un groupe de parents désireux que leurs enfants poursuivent la voltige”, souligne l’entraîneur Cédric Cottin-Holzberger, a fait vivre la structure depuis treize ans. Les exploits sont d’autant plus louables quand on connaît la situation des encadrants : Cédric est un moniteur indépendant qui enchaîne quarante-deux heures de cours par semaine, Fabrice Holzberger-Cottin longe bénévolement en parallèle de son métier d’infirmier vétérinaire. “On était au strict minimum du personnel. La comptabilité, la gestion, tout était effectué par des bénévoles.” 

Il raconte : “Cela fait une bonne année que l’on cherche des solutions, on a remué ciel et terre, mais on a été de désillusions en désillusions.” Les solutions se trouveront donc ailleurs : la monitrice poney, Gwenaëlle Houdard, va ouvrir sa propre structure avec la cavalerie shetland, tandis que les cavaliers à grands poneys et chevaux sont réorientés vers le haras des Buissières, à Bischwiller. Quant aux voltigeurs, “on y travaille”, était-il indiqué sur Facebook.


Coup de gueule

L’association doit quitter les locaux fin juillet. “On essaie de trouver une place pour nous accueillir, on va essayer de remonter une activité en mettant toutes les chances de notre côté pour continuer à faire du haut niveau”, ajoute Cédric, qui assure que des pistes sont étudiées et qu’ils ont reçu beaucoup de soutien de la part de professionnels de la région. “On est tous dans le même cas, le couteau sous la gorge…” 

Car s’ils doivent s’en aller, “c’est essentiellement un problème financier”, avoue Cédric, en listant : la baisse de subventions de la part de l’État qui leur a fait perdre environ 8 000 €, la TVA en hausse qui s’est répercutée sur le prix de la location, la baisse de consommation des activités des clients, la difficulté à faire venir des propriétaires... “Et de toute façon, qui est capable aujourd’hui de payer la pension d’un cheval ?” L’entraîneur alsacien pousse un coup de gueule face aux difficultés rencontrées par bon nombre de clubs : “Il y a beaucoup de concurrence, pas moins de trente-deux lieux pour mettre son cheval en pension dans un rayon de 10 km. Mais cela ne veut pas dire que tout le monde mange à sa faim…” 

La difficulté pour l’association était surtout d’associer sport de haut niveau et équitation de loisirs : “Le haut niveau ne fait pas gagner d’argent ! Et comment proposer des activités à tous les clients, comme du tir à l’arc ou des randonnées avec les poneys, quand je dois partir cinq semaines par an, sur des congés donc, en compétition ?” 


Pas de coup d'arrêt pour la compétition

Pourtant, encadrants comme athlètes l’assurent : pas question d’abandonner la voltige ! Tout le monde reste optimiste. L’équipe va participer aux championnats de France au Mans, du 11 au 14 juillet, avant que Vincent Haennel ne tente sa chance aux championnats d’Europe à Ermelo, aux Pays-Bas, du 24 au 28 juillet (il était arrivé sixième lors de la précédente édition, en 2017, à Ebreichsdorf, en Autriche). Il voltigera bien sûr sur Ultrachic*HDC, qui ne quitte pas l’association : “Madame Perron-Pette (qui leur a confié, ndlr) est bien au courant de ce qu’il se passe, et a décidé de nous soutenir tant que l’on reste dans une politique de grand sport”, se félicite Cédric. 

Pilier et doyen de l’équipe, Anthony Presle préfère également voir les choses du bon côté : “Pour moi, c’est un nouveau départ, un nouveau souffle, d’autant que notre structure était un gros point faible pour accueillir du personnel. À Haguenau, on avait pour avantages d’être seul et de pouvoir s’entraîner quand on voulait, mais voltiger dans un centre équestre pourra peut-être permettre de recruter de nouvelles têtes. En tout cas, personne ne compte s’en aller.”