“Mon cheval et moi, on part au pré!”, Clément Taillez

Le voltigeur des écuries de la Cigogne a décidé de prendre sa retraite sportive. Il quitte la compétition avec une quatrième place dans la Coupe du monde. 



Sa décision était restée secrète… Clément Taillez avait choisi la Coupe du monde de Saumur pour prendre sa retraite sportive ! « Mon cheval et moi, on part au pré ! Il vient chez moi, en Suisse. Je suis fier d’avoir réussi à prendre cette décision après les Jeux équestres mondiaux de Tryon. » Celui qui finit à la quatrième place  de cette finale a terminé ce week-end avec bonheur, affichant une sérénité non feinte. 
 
« C’était la plus belle finale de Coupe que j’ai vécue. Avec cette lumière, cette ambiance… Sur ma performance en général, je suis content de mes trois passages. J’y ai pris beaucoup de plaisir, avec une musique que j’aimais bien. » L’Alsacien a voltigé sur l’Ave Maria, sur laquelle il voulait voltiger à son meilleur niveau. « J’avais envie, pour une fois, de voltiger avec le cœur et non avec la tête. Et même si le costume et la musique n’avait rien à voir, ça a super bien marché. » 
 
Ce qui lui a manqué pour monter sur le podium ? « Franchement, il ne me manque pas grand chose au niveau des notes (avec 8,527, il est à un peu plus d’un dixième du troisième, l’Allemand Thomas Brüsewitz, et à quatre dixièmes de l’or remporté par le Colombien Juan Martin Clavijo), hormis celles du cheval, mais Dyronn ne peut pas forcément être mieux noté (6,900 de moyenne contre 7,575 pour le meilleur, Sky Walker 16, de l’Allemand Viktor Brüsewitz). Mais je n’y trouve pas plus d’intérêt que ça à y figurer. » 


« Il faisait du bien au groupe »

Le staff fédéral a accueilli cette décision avec « un pincement au cœur. C’est un peu notre athlète de cœur, ça fait près de vingt ans qu’on travaille ensemble, rappelle Davy Delaire. Je pense que c’était une décision difficile pour lui, mais je pense qu’elle est opportune. Il n’est pas idiot, il voit qu’il y a un plateau de jeunes garçons qui poussent fort, et il n’avait surtout pas envie de faire la saison de trop. Participer aux championnats d’Europe pour ne pas finir avec la place espérée, ça n’a pas de sens. Il ne fallait pas qu’il attende la contre-performance pour se dire qu’il était temps d’arrêter. »
 
Ce que l’entraîneur national retient de Clément, ce sont surtout ses qualités de cœur. « Cela va nous faire tout drôle de ne plus l’avoir dans la bande, il avait une place importante dans le collectif. Il a énormément accompagné Lambert Leclezio dans sa préparation pour les JEM, par exemple. Il faisait du bien au groupe de par sa bonne humeur, son décalage. C’est quelqu’un de profondément humain, respectueux, intègre… On est très fier de l’avoir encadré pendant toutes ces années. »


Clément, l'équipe et la glisse

Clément Taillez, désormais âgé de 28 ans, c’est d’abord un voltigeur d’équipe. Le collectif strasbourgeois s’est en effet formé d’abord autour de lui et du premier cheval acheté par ses parents, Winner, avec lequel l’athlète commence l’individuel. Puis du sublime Watriano R, qui marquera l’histoire de l’équipe grâce à plusieurs médailles de bronze importantes : aux championnats du monde du Mans en 2012, puis aux championnats d’Europe d’Ebreischdorf en 2013 et à ceux d’Aix-la-Chapelle en 2015, sans oublier la plus honorifique, celle des Jeux équestres mondiaux de Caen, en 2014
 
En individuel, il débute avec Dyronn le circuit Coupe du monde pour obtenir en finale, à Dortmund, une quatrième place en 2016 et la médaille d’argent en 2018. Il avait également remporté, en 2016 et 2017, l’étape du Salon du cheval de Paris. Avec son grand noir de seize ans, il disait avoir « un contrat d’exclusivité » et « une entière confiance en lui », soulignait qu’il était la monture sur laquelle « il pouvait s’exprimer à 100 % ». Son entraîneur, Cédric Cottin, louait, dans un portrait que GRANDPRIX lui avait consacré en février 2018, son « acharnement au travail », sa « persévérance », tandis que tous lui reconnaissaient une glisse et un toucher de cheval incomparables.