Les Français ouvrent une saison prometteuse au CVI 3* de Saumur

La "rentrée des classes" s'est déroulée sous les meilleurs auspices pour les voltigeurs français, au cours d'un CVI 3* de Saumur déménagé au sein de l'École nationale d’équitation. Lambert Leclézio et le Team France, qui ont tout deux toutes les chances de s'envoler pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon en septembre, ont chacun remporté l'épreuve, respectivement en individuel hommes et par équipes. Manon Noël pointe à une jolie deuxième place chez les femmes. 



Chaque année, le CVI 3* de Saumur marque le début de la saison : c’est souvent l’échéance choisie pour les voltigeurs pour présenter leurs nouveaux programmes, et celle qui sert de premier test pour les sélections. Cette édition, la première qui se tient sous le manège Prestige de l’École nationale d’équitation, ne manque pas à la règle, en vue des Jeux équestres mondiaux de Tryon. Et les Français, qui seront peu nombreux à décrocher leur billet pour l’Amérique pour des raisons logistiques, ont su montrer de quoi ils étaient capables. 


BELLE SURPRISE POUR MANON NOËL

Chez les femmes, la compétition a été menée de bout en bout par l’Allemande Sarah Kay. Âgée de 25 ans, elle a proposé un Libre risqué et dynamique, qui lui a valu les notes de 8,334. Manon Noël, présente à Saumur une semaine après sa première finale de Coupe du monde, a créé la surprise : troisième après la première manche, elle gagne une place grâce à son Libre sur le thème d’Amélie Poulain, jugé à 8,304. On la sent sûre d’elle, à l’aise dans son personnage gracieux et poétique. « Avant cette épreuve, j’étais assez sereine. Mais je ne venais pas avec un objectif de place : j’ai mis l’accent sur le Libre tout l’hiver pour le circuit Coupe du monde, j’ai donc eu moins le temps de travailler les Imposés et le Technique », analyse-t-elle avec satisfaction.
 
Accompagnée de son beau Kirch de la Love à la longe de Kevin Moneuse, elle grille la politesse à la Suissesse Ilona Hannich, qui descend à la cinquième place après un programme ponctué de petits déséquilibres. Ce qui profite à la Néerlandaise Claire de Ridder, troisième après avoir livré un programme fluide et tout en légèreté, dans son costume de Malala Yousufzai, jeune militante pakistanaise des droits des femmes. 


LAMBERT LECLEZIO ET VINCENT HAENNEL EN BONNE VOIE

Chez les hommes, le Mauricien Lambert Leclézio, qui court désormais sous les couleurs françaises, domine sans conteste. Dès les Imposés, qu’il remporte avec 8,369, jusqu'au Libre, avec lequel il atteint 8,956 : « C’est le début de saison, mais je suis content de l’avancée de mes programmes, même s’il reste quelques détails à améliorer. Mon Technique, qui va tourner autour du personnage de Dorian Gray, est encore une ébauche. Mon Libre est plus abouti : il incarne la mutation d’un insecte qui veut s’échapper de sa carapace et tendre vers la lumière. »  Il voltigeait sur l’expérimenté Poivre Vert, champion des Jeux équestres mondiaux 2014 avec Jacques Ferrari, toujours à la longe de François Athimon. « À 15 ans, il a retrouvé une seconde jeunesse et une vigueur qui témoignent de son envie de concourir, et qui permettent à Lambert de présenter des programmes de grande qualité », se félicite le longeur.
 
L’athlète de 20 ans devance, comme aux Mondiaux 2016, l’Alsacien Vincent Haennel (accompagné de Fabrice Holzberger Cottin et un Quartz d’Olbiche joueur), qui présentait pour la première fois son Libre sous le costume de Tintin. Un personnage qui, vraisemblablement, lui plaît particulièrement : « Avec Napoléon, j’avais envie d’innover. Cette saison, je suis revenu à ce que je sais faire et à ce que j’aime faire. Ce CVI m’a surtout soulagé, je me suis débarrassé de quelques problèmes qui persistaient dans mes programmes depuis cet hiver. » L’Allemand Jannis Drewell, vainqueur de la Coupe du monde une semaine plus tôt à Dortmund, prend la troisième place malgré une chute en cours de programme. Déception en revanche du côté de l’autre voltigeur des écuries de la Cigogne, Clément Taillez, qui chute à la sortie de son Libre et finit sixième avec une moyenne de 7,688. Un programme dans un registre techno qui casse son image. Un programme « tout neuf, inventé il y a trois semaines, que j’ai déroulé une seule fois, lors de la warm up de Dortmund ». Comme Manon Noël, il a misé cet hiver sur la Coupe du monde (dont il termine deuxième) et ne se tourne que maintenant vers les Jeux de Tryon. « Maintenant, on retourne à l’entraînement ! »
 

LE TEAM FRANCE DOMINE LA SITUATION

Du côté des équipes, c’est le Team France qui l’emporte haut la main, avec une note de 8,586, devant les Suisses de Montmirail et les Britanniques. Sur Wizner, champion du monde 2016 à la longe de Sandra Tronchet, le collectif privé de Jacques Ferrari, remplacé au pied levé par Jordan Gauvrit, a proposé une prestation remodelée encourageante. « Jordan a très bien géré la situation, sourit Théo Gardies, l’un des titulaires de l’équipe. Cette compétition a permis de souder l’équipe et nous a permis de nous rendre compte de nos faiblesses, notamment sur les Imposés : aujourd’hui, il n’y avait pas l’Allemagne ni la Suisse. Quant au Libre, on va ajouter encore plus d’originalité et de difficultés, et mettre en place notre univers, axé autour de deux personnages principaux : Romane Biardeau, l’âme rebelle, face à Manon Moutinho, la passeuse d’âmes… »
 
Les écuries de la Cigogne, qui dévoilaient un thème joyeux et coloré, a notamment souffert d’une chute en milieu de programme. Elles terminent au pied du podium. « Nos membres manquent encore un peu d’expérience », avance Anthony Presle, le doyen. 

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