Leclézio écrit la première page de son histoire, Noroc pare la France d’or

Jamais une finale de championnat du monde n’aura été aussi intense. Le Mauricien Lambert Leclézio a su déjouer les pronostics après un Technique décevant, reléguant un Vincent Haennel au meilleur de sa forme à la deuxième place. L’équipe Noroc, quatrième à l’issue des Imposés, est sacrée championne du monde grâce à des programmes libres exceptionnels.



Il pose les pieds au sol, le clan mauricien explose de joie. Le cadet de la compétition, Lambert Leclézio, 19 ans, vient de remporter les championnats du monde de voltige en individuel Senior. Sa souplesse impressionnante, son "petit truc en plus", séduisent les juges. La finale, qui s’est courue en deux manches (Technique samedi puis Libre dimanche), a tenu le public en haleine jusqu’à la dernière seconde : il est bien rare de voir si peu d’écart entre les concurrents.
À l’issue du premier tour, ils étaient cinq à se tenir dans un mouchoir de poche, dont les Français, Clément Taillez, 2e, et Vincent Haennel, 4e. Le Technique rebat les cartes : Clément passe à côté de sa prestation – il finit 8e de l’épreuve. Idem pour Leclézio, qui le devance d’une place. En tête, le champ est libre pour les Allemands, Thomas Brüsewitz notamment. Vincent, auteur d’une prestation propre, conserve sa position.


Napoléon conquiert Le Mans

Mais tout reste à jouer, chacun le sait, et aucun n’a le droit à l’erreur. Des athlètes en tête, Brüsewitz est le premier à passer. Il est plusieurs fois déséquilibré, et son programme, plutôt rythmé, manque de prise de risque. Derrière lui, le Suisse Lukas Heppler est fortement déstabilisé – une faute qui provoque les "oh !" du public et l’écarte définitivement du podium. Vient le tour d’un autre Allemand, Jannis Drewell, qui propose une chorégraphie fluide et sans erreur – il obtiendra le bronze.
Entre en piste de Vincent. Interprétant Napoléon, il réalise un Libre plutôt original, qui s’inspire de ceux de Nicolas Andréani. L’univers est là, la technique et la sérénité aussi. Après une sortie vrillée, Vincent ne contient pas sa fierté. Il peut : jamais il n’avait atteint de telles notes (8,694, soit le meilleur Libre de la manche !). Il enlace son longeur, Fabrice Holzberger, avant de sortir de piste.
Un autre longeur venu des écuries de la cigogne, Cédric Cottin, entre en piste pour accompagner Clément Taillez. Il sait qu’il doit fournir tous les efforts s’il veut remonter dans le classement. Malgré l’emballement de sa monture Dyronn, et un léger déséquilibre en début du programme, le "Roi" danse avec grâce. Cela ne suffira pas : il termine à la sixième place du classement général. 
Un peu plus tôt dans la matinée, c’était au tour des femmes de présenter leur dernier Libre. Seule Tricolore qualifiée pour la finale, Manon Noël a ouvert la compétition. Elle déroule un programme propre, qui lui vaut la quinzième place du classement général.


Les Chevrel en bronze, la perfection artistique pour Noroc

Le suspense s’est intensifié lorsque l’Allemande Kristina Boe, 5e au provisoire, est entrée sur le cercle. Sur le thème du zombie, portée par la chanson des Cranberries, elle est la seule à prendre une véritable prise de risque et à pousser son interprétation. Cela plaît de plus en plus aux juges : elle obtient la médaille d’argent.
Derrière elle, l’Italienne Anna Cavallaro propose un Libre moins complexe.  Mais sa grâce, qui lui avait déjà valu le titre de vice-championne du monde lors des Jeux équestres mondiaux 2014, lui permet de glisser le bronze autour de son cou. Mais ni elle, ni aucune Allemande ne parvient à détrôner la frêle Autrichienne Jasmin Lindner, qui avait commencé la compétition en tête, et ne l’a jamais quittée.
Ces championnats lui ont d’ailleurs particulièrement bien réussi, puisqu’elle s’est également illustrée en Pas-de-deux avec son fidèle coéquipier, Lukas Wacha. Ils sont les seuls à passer la barre des 9, grâce à des programmes difficiles, mais toujours réalisés avec grâce et fluidité. La deuxième place revient au duo allemand Janika Derks et Johannes Kay, deux anciens membres de la fameuse équipe germanique Neuss (absente de ces Mondiaux en raison d’un problème avec leur cheval). Pour Simon et Lucie Chevrel, la breloque sera de bronze.
Il a fallu attendre 16h30 pour assister au clou du spectacle, quand l’équipe de France, très attendue, est entrée en piste. Quatrième à l’issue des Imposés, remontée à la 2e place après leur premier Libre, les chances de glaner encore une place pour monter sur le toit du monde étaient grandes. D’ailleurs, peut-être lui suffisait-il de ne pas fauter. Et s’il y a eu quelques erreurs, elles étaient bien trop petites pour faire de l’ombre à l’excellence artistique du collectif Noroc, qui s’entraîne régulièrement au Mans. Gratifiée par les juges d’un 9,8 et d’un 10, ça ne trompe pas. L’Allemagne et l’Autriche complètent le podium.