Avec son nouveau règlement, la FEI se donne les moyens de mieux garantir le bien-être des chevaux

Si certaines dispositions du projet présenté par le comité temporaire nommé par le bureau de la Fédération équestre internationale ont été assouplies, le nouveau règlement d’endurance adopté hier à Moscou par l’assemblée générale de la maison-mère des sports équestres comporte des avancées certaines en faveur du bien-être des chevaux. Celui-ci entrera en vigueur le 1er janvier 2020, avec une période transitoire de six mois pour certaines mesures. Le collectif Clean Endurance, à l’origine de nombreuses dénonciations de tricheries et autres méfaits, se félicite notamment du durcissement des critères de qualification.



Le 1er janvier prochain, un nouveau règlement régira les courses internationales d’endurance. Hier à Moscou, l’assemblée générale de la Fédération équestre internationale l’a adopté par une large majorité de quatre-vingt-quatorze voix contre dix-neuf. Celui-ci est le fruit d’un travail titanesque mené par le comité technique temporaire nommé il y a un an par le bureau de la FEI après le fiasco de la course des Jeux équestres mondiaux de Tryon, arrêtée avant son terme, et l’accumulation de scandales, tricheries, cas de dopage et autres morts suspectes de chevaux qui gangrènent la discipline depuis des années, notamment – mais pas seulement – au Moyen-Orient.

Ces nouvelles règles du jeu entreront bien en vigueur le 1er janvier, même si l’assemblée générale a donné mandat au bureau de la FEI pour assurer une nécessaire transition de six mois afin que tous les acteurs de la discipline puissent s’adapter. Hier, la FEI a proposé à l’assemblée de se donner six mois de plus avant de sévir, mais la proposition a été rejetée d’une courte majorité de cinquante-cinq voix contre quarante-neuf. Ainsi, seront directement concernés les vingt-deux événements programmés entre le 9 janvier et le 11 avril dans les pays du Groupe VII de la FEI, dont les Émirats arabes unis, Bahreïn, l’Arabie saoudite et Oman, où se sont concentrés la majorité des problèmes constatés depuis dix ans.
 


Poids minimal et système de qualifications

Dans le détail, les principaux amendements initiés par les fédérations nationales ont été votés à Moscou lors d’un session dédiée à l’endurance. Seul l’abaissement du poids minimal obligatoire pour les Jeunes Cavaliers n’a pas été retenu, les Juniors devront désormais afficher 60 kg sur la balance pour les épreuves qui leur sont dédiées. Le poids minimal est finalement resté inchangé pour les CEI 3* (75 kg) et 2* (70 kg). Quant aux CEI 1*, proposées en poids libres depuis plusieurs années, sont désormais logés à la même enseigne que les CEI 2*, avec 70 kg requis.
 
Le parcours de qualification dit «novice» requerra le même nombre d’épreuves que précédemment, à savoir deux épreuves comprises entre 40 et 79km puis deux épreuves de 80 à 100km, courues à une vitesse moyenne maximale de 16km/h. En revanche, il faudra bien se classer à deux reprises en CEI 1*, désormais allongées à des distances comprises entre 100 et 119km, pour pouvoir s’engager dans une CEI 2*, longue de 120 à 139km, puis se classer deux fois en CEI 2* pour espérer prendre le départ d’une CEI 3*, longue de 140 à 160km. À une nuance près, les deux qualifications requises pourront finalement avoir été obtenues au cours d’un cycle de trois tentatives sur une période de deux ans. Ainsi, on tolèrera donc une élimination du cavalier ou du cheval sur ces trois départs.
Pour participer à une CEI 3*, la FEI, qui a enfin valorisé la notion de couple, exigera désormais au moins une qualification du cheval et du cavalier ensemble dans une CEI 2*. Pour les championnats de niveau 2*, le couple devra s’être classé préalablement deux fois sur la même distance. Même protocole pour les championnats de niveau 3*, dont le système exigera au moins une qualification en couple sur 160km sur les deux classements obtenus sur cette distance. De quoi aguerrir logiquement les binômes les plus débutants ou formés uniquement en vue des grandes échéances internationales par les nations émergentes.
 


Le satisfecit de Clean Endurance

 
Notons que si les CEI 3* se courront bien sur cinq boucles, les championnats de niveau 3* comporteront pour leur part six étapes. Le championnat du monde des jeunes chevaux ne concernera quant à lui que les chevaux de huit ans et plus ceux de sept ans. Autre point de détail qui a fait grincer beaucoup de dents, le henné est bel et bien banni des membres des chevaux dans cette version définitive de règlement. La FEI devrait publier aujourd’hui la version finale du texte.

Le groupe Clean Endurance, dont on connaît la rigueur et l’engagement sans relâche pour le respect du bien-être des chevaux, s’est dit optimiste quant à l’impact positif de ces nouvelles règles. Ce collectif est à l’origine d’un courrier envoyé aux cent trente-quatre fédérations nationales membres de la FEI deux semaines avant cette assemblée générale, afin de les inciter à voter en faveur du nouveau règlement et de son application dès le 1er janvier afin «d’assurer le maintien de l’endurance en tant que discipline FEI». Selon Clean Endurance, le durcissement des critères de qualification mais aussi le poids minimal généralisé devraient réduire les vitesses des courses et/ou éliminer à temps les couples avant que les chevaux ne souffrent de «catastrophic injuries», autrement dit de fractures irréversibles. Reste à s’assurer de la capacité des officiels et des services de la FEI, souvent pris en défaut par le passé, à appliquer scrupuleusement toutes ces nouvelles dispositions.