Monumentale course à Al-Ula !
Des chevaux arabes taillés pour la course, des vitesses élevées sur la piste, la frénésie des grooms, la police aux carrefours, les va-et-vient des hélicoptères… Pas de doute, nous sommes dans un pays du groupe VII où l’endurance se veut sport national. Ce n’est pourtant ni Dubai, Abou Dabi ou le Bahreïn qui a fait le buzz en ce début février sur la péninsule arabique, mais un petit nouveau en matière d’endurance : l’Arabie Saoudite.
Concept inédit, la course était partie intégrante du festival “Winter at Tantora”qui a vu se succéder, pendant dix week-ends thématiques, nombre d’artistes reconnus dans une toute nouvelle halle de spectacle faite de miroirs géants, à l’image de du violoniste français Renaud Capuçon ou du pianiste chinois Lang Lang. Des activités culturelles ou de découverte des traditions locales complétaient chaque court séjour auxquels étaient essentiellement conviés, pour cette première édition, des journalistes, businessmen, personnalités locales voire internationales et autres influenceurs. C’est ainsi que la veille de la course d’endurance, se produisait le ténor italien Andrea Bocelli, une performance exceptionnelle saluée par une foule particulièrement enthousiaste. Ce festival original amorçait l’ouverture au monde de ce coin discret et néanmoins précieux du Royaume saoudien plutôt plébiscité jusque-là par les archéologues que par la jet-set.
Cette épreuve d’endurance était particulièrement dotée avec quinze millions de Riyals saoudiens (SAR), soit près de 3,6 millions d’euros mis en jeu dont une prime de 24000 euros à tous les finishers. Placée sous l’égide de la FEI, l’organisation de l’épreuve de 120 km a été confiée à un team international à dominante française, managé par Stephan Fontanel, qui a dû tracer la piste et monter l’événement en un temps record : à peine plus de trois semaines. Le résultat a semble-t-il été à la hauteur des espérances de la Royal commission for Al-Ula et des participants, avec un site accueillant couplé à une piste travaillée, plutôt technique alternant du sable plus ou moins profond et quelques parties relativement dures au pied. On y trouvait aussi du dénivelé qui, même si considéré comme léger en comparaison avec certains circuits européens, avait de quoi ralentir les chevaux pas assez préparés et ainsi “limiter ainsi les risques d’accident grave”, comme l’a expliqué le vétérinaire Guilherme Santos Ferreira, responsable du tracé, avec le cavalier tunisien Skander Karoui. “Il y avait une montée conséquente à parcourir sur la troisième et la quatrième boucle, huit kilomètres avant l’arrivée. Elle n’a posé aucun souci aux chevaux de tête qu’on a vu passer au galop mais a freiné d’autres concurrents”, a détaillé le chef de piste qui s’est réjoui du faible nombre de chevaux traités à la clinique en fin d’épreuve, en dépit d’un pourcentage d’éliminés élevés (62%).
Le premier Européen à la trente-septième position
Un parcours effectivement “loin d’être simple”aux dires du vice-champion du monde par équipe Allan Léon qui figure parmi la quinzaine de finishers venus du Vieux continent. Il montait un hongre Shagya de neuf ans, Armoric de Crouz et a fait preuve d’une relative prudence en affichant une moyenne de 16,41 km/h, le plaçant à la cinquante-deuxième place.Le meilleur Européen est le Sudiste Laurent Mosti, qui s’est hissé à la trente-septième place (sur un total de soixante-seize couples qualifiés) à la vitesse de 17,5 km/h avec Valenciana Larzac, plus souvent associée à sa fille de quatorze ans. Carla évolue brillamment sur le circuit réservé aux jeunes cavaliers avec cette jument arabe de dix ans, née sur le Causse chez Christelle Desrosch, et dont le pédigrée contient deux fois le chef de race Persik.
Avec une vitesse moyenne de pus de 27 km/h, les grands vainqueurs de cette épreuve ont été les Émirats arabes unis qui ont classé leurs couples aux dix premières places avec une mention spéciale pour les écuries de Dubai (M7, F3, MRM) qui occupent le Top 5. Les origines des chevaux les plus rapides sont diverses, puisqu’ils sont non seulement nés en France mais aussi en Afrique du Sud, Australie, ou en Amérique du Sud.
Les cavaliers locaux pourtant présents massivement au départ n’ont été que vingt-neuf sur cent trente-deux à se qualifier sur cette course. Manque d’expérience ou de préparation, gestion de course parfois hasardeuse, matériel inadapté… Les Saoudiens ont accusé un peu de retard en la matière et ambitionnent de marcher dans les pas des Émirats. Ils ont d’ailleurs été très honorés de la présence de l’émir de Dubai le Sheik Mohamed Al Maktoum et de son fils le prince héritier Sheik Hamdan à la course, côté public, présidant ensuite tout sourire la remise des prix.
Seule ombre au tableau, l’absence de femmes parmi les compétiteurs. Une spécificité saoudienne qui pourrait néanmoins disparaitre dans les années voire les mois à venir tant la volonté d’ouverture au monde semble prégnante. C’est en tout cas le message du Saoudien Tarek Taher qui assure que les choses évolueront dans le bon sens “step by step”. Le Prince Mohammed Ben Salmane autorisera-t-il les cavalières à prendre le départ de l’édition 2020 de ce CEI ? En Europe, on se plait même à rêver d’une épreuve “Ladies”.
En attendant, sur le site d’Al-Ula le projet de développement repose tout particulièrement sur les étonnantes entailles monumentales de ses reliefs de grès, comme l’impressionnant Elephant Rock, qu’ont pu aisément admirer les cavaliers sur leur parcours. Associé au site voisin Madain Saleh (classé au patrimoine mondial de l’Uneco) qui regorge, lui, de tombeaux rupestres grandioses construits à même la roche il y a 2300 ans, le tourisme saoudien pourra à terme compter sur ces lieux spectaculaires et hors du temps pour satisfaire les amoureux d’histoire, de culture et désormais de sports équestres.