Les championnats du monde d’endurance, ou le fiasco de l’année

Indéniablement, le fiasco de l’année 2018 n’est autre que la course des championnats du monde de Tryon. Prévue en ouverture de ces Jeux équestres mondiaux le 12 septembre dernier, l’épreuve est bien loin de s’être passée comme prévue…



Le 12 septembre 2018, journée d’ouverture des huitièmes Jeux équestres mondiaux de l’histoire à Tryon, aurait dû être le premier jour d’une célébration du cheval, du sport équestre, et de cette belle discipline qu’est l’endurance. Il en a été tout autre. Devant lancer son coup d’envoi au petit matin en Caroline du Nord, la course des championnats du monde d’endurance est allée de rebondissements en polémiques, au grand dam des passionnés de cette discipline, cette dernière se traînant déjà un paquet d’idées reçues et de scandales, vis-à-vis notamment du bien-être équin. De positif, il ne restera rien de ce 12 septembre dans les annales des sports équestres, où l’on retiendra surtout les cris, les larmes, les huées et les applaudissements qui ont accompagné les cavaliers de retour de la quatrième boucle après avoir été invités à rentrer à l’aire de grooming. Car oui, il a fallu se pincer pour y croire, mais la course de 160km des Jeux équestres mondiaux a été purement et simplement annulée.
 
Pour rappel, un enchaînement inimaginable de manquements et d’irrégularités -inexcusables dans un tel événement !- avait empêché la course de se dérouler dans de bonnes conditions, à commencer par le fait que les cavaliers n’aient pas pu reconnaître le tracé de la course, et que les organisateurs leur aient donné deux départs différents. Ensuite, une fois la course débutée, un groupe de cavaliers s’est trompé de chemin à cause d’une balisation visiblement trompeuse, conduisant à la neutralisation de la première boucle… Finalement, après une reprise de l’épreuve et quelques dizaines de kilomètres parcourus, la course fut définitivement annulée pour raisons climatiques. Un orage très violent s’était abattu en début d’après-midi et l’humidité a grimpé en flèche, de même que la température. Résultat : cinquante-trois chevaux sont amenés à la clinique pour des problèmes métaboliques (la plupart pour y être simplement perfusés par mesure de précaution, comme souvent en endurance), et l’un d’eux a malheureusement dû être euthanasié deux jours plus tard... Pourtant, les organisateurs de cette course auraient pu tirer des enseignements de la première épreuve test, une CEI 2* de 120km tenue fin avril, où ils avaient déjà essuyé des critiques de la part des observateurs et cavaliers de la discipline.
 


Un fiasco à effet domino...

À la suite de ce fiasco historique, la Fédération équestre internationale a créé un comité temporaire pour l’endurance, nommé notamment pour investiguer sur les événements qui se sont déroulés à Tryon. Cet triste épisode a également conduit Bénédicte Emond Bon à démissionner de son poste de cheffe d’équipe de la France, qu’elle occupait depuis huit ans. "La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été le scénario des Jeux de Tryon...", reconnaissait l’intéressée. "Je me reconnais de moins en moins dans l'endurance de haut niveau. Cela m'a totalement démotivée, et je ne vois pas de solutions aux problèmes actuels. Je me sens impuissante, et j'ai l'impression de cautionner des choses qui me déplaisent profondément. La base de l'endurance doit être de préserver le bien-être du cheval tout en pratiquant du sport, et nous n'en sommes plus là. Il y a beaucoup de dérives qui entachent ce sport."

Gageons pour cette discipline qu’elle parvienne à se reconnecter à ses fondements et que l’année 2019 lui apporte le succès qu’elle mérite.