''J'avais l'impression de cautionner des choses qui me déplaisent'', Bénédicte Emond Bon

Ce matin, la Fédération française d'équitation a annoncé le départ de Bénédicte Emond Bon de son poste de sélectionneuse nationale d'endurance. Pétrie de convictions et d'amour pour sa discipline de coeur, à l'instar d'un Nicolas Hulot dévoré par ses principes, la Sudiste a décidé de jeter l'éponge, se sentant impuissante face aux dérives continues de son sport.



GrandPrix-Replay : Qu'est-ce qui a motivé votre départ de votre poste à la Fédération française d'équitation?
Bénédicte Emond Bon :
Disons que je me reconnais de moins en moins dans la discipline de l'endurance à haut niveau. Il y a beaucoup de dérives qui entachent ce sport. La goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été le scénario des Jeux équestres équestres mondiaux de Tryon (lire ici)... C'était au-delà de tout ce que je pouvais imaginer. Ce n'était même imaginable d'ailleurs! Cela m'a totalement démotivée, et je ne vois pas de solutions aux problèmes actuels. Du coup, je me sens impuissante. J'ai l'impression de cautionner des choses qui me déplaisent profondément.

GPR : Vous avez donc décidé de partir, même en dépit des récentes déclarations de la Fédération équestre internationale, qui a notamment lancé des pistes de réflexions pour l'avenir de votre discipline?
B.E.B. :
Pour moi, la FEI dit qu'elle prend des mesures, mais elles ne sont que façades. Aucune mesure concrète n'a été prise. Et c'est de pire en pire! En France et en Europe, la pratique de l'endurance était à peu près correcte, mais commence aussi à dériver chez certains cavaliers Français et dans d'autres pays. Encore une fois, c'est de pire en pire et je n'ai jamais vu la barre se redresser, malgré le fait qu'il reste encore des gens bien, qui tiennent à la santé des chevaux et de la réalité de cette discipline. La base de l'endurance doit être de préserver le bien-être du cheval tout en pratiquant du sport, et nous n'en sommes plus là. On fait du business au mépris total de la santé des chevaux. Mes convictions ont été plus fortes. Je suis comme ça! Je désespérais de ce que voyais au quotidien, et en plus cela tendait à devenir majoritaire... J'ai cru que je pouvais inverser la tendance et faire quelque chose de bien. Là, je n'y crois plus et je ne vois plus de solutions.

GPR : Qu'allez-vous entreprendre par la suite?
B.E.B. :
J'ai un établissement équestre avec quelques propriétaires dans le Sud, donc je vais y poursuivre mon travail. Je n'étais que prestataire pour la FFE, donc j'ai toujours mené mes deux activités en même temps.