“Le règlement va dans le bon sens… mais doit encore évoluer”, Stéphane Chazel

Membre du comité technique d’endurance à la Fédération équestre internationale et porte-parole de la Fédération française d’équitation à l’international, Stéphane Chazel a évidemment été impliqué dans les récentes discussions concernant la modification des règlements. À l’occasion de l’Assemblée Générale de la FEI qui s’est récemment déroulée à Montevideo, en Uruguay, quelques points ont été discutés concernant l’endurance. Au cœur des préoccupations, le bien-être animal et l’équité entre les compétiteurs. Pour GRANDPRIX-REPLAY, Stéphane Chazel est revenu sur ces discussions.



“Avec ces nouveaux points de règlement, on commence à différencier les deux types d’endurance”, se réjouit Stéphane Chazel, membre du Comité technique endurance FEI et porte-parole de la Fédération française d’équitation à l’international. “C’est la première fois par exemple que l’on voit un règlement à deux vitesses avec notamment un temps de repos supplémentaire pour les chevaux ayant couru à 20 km/h et au-delà”, détaille le Français. “Il est pour moi plus difficile de gérer correctement 80km à 25km/h, que 160km avec du dénivelé. Et à ce jour, ces épreuves de 80 ou 100km sont accessible à tous, et surtout aux débutants, chevaux comme cavaliers”. 

Ce que prône le spécialiste – cavalier, éleveur, entraineur -, c’est la catégorisation des épreuves, à l’image de la course à pied. “À côté du marathon traditionnel, on voit de plus en plus d’ultra-trail”, explique Stéphane Chazel.  “L’endurance peut être envisagée sous cet aspect-là avec des épreuves courues plus ou moins rapidement et des règlements adaptés à chaque type d’épreuve. La vitesse ne devient alors accessible qu’aux couples ayant davantage de qualifications. C’est ce qui est envisagé avec les nouvelles CEI**** et *****”, poursuit-il. 
Si certains défendaient la limitation du nombre d’épreuves sur lesquelles un cheval peut être engagé – proposition non retenue lors de l’Assemblée Générale de la Fédération Équestre Internationale -  Stéphane Chazel assure que cela n’aurait pas toujours eu de sens, en prenant l’exemple des épreuves se courant aux Etats-Unis. En Amérique, nombre d’équidés enchainent des grandes distances (100 miles), sans que cela n’entame leur intégrité physique car elles sont bouclées entre 10 et 14 km/h. De là découle l’idée d’augmenter les temps de repos en fonction de la vitesse réalisée.

Longuement discutée, la question du poids du cavalier ne fait pas encore tout à fait l’unanimité, et Stéphane Chazel a un avis clair sur la question. “Je me battrai toujours pour qu’on conserve un poids minimum sur les épreuves FEI”, détaille-t-il. “La FEI va porter le poids minimum à 70 kg pour les épreuves de deux et trois étoiles (Ndlr : 75 kg étant le poids minimum en CEI*** à l’heure actuelle). Personnellement ma préférence va vers 75 kg, au moins sur les championnats internationaux, ce qui peut encore être discuté d’ici 2019. Cela permettrait de ne pas désavantager un certain nombre de champions masculins tels que le tricolore multiple champion du monde Jean-Philippe Frances ou l’Espagnol vice-champion du monde Alex Luque, et de ne pas voir se transformer notre discipline en course de jockeys”. La disparition pure et simple du poids minimum avait été demandée par certains pays du Golfe, d’Amérique du Sud et quelques Européens.  Une proposition qui n’a finalement pas été retenue.  Quant aux jeunes cavaliers, l’instauration d’un poids minimum, pour le moment inexistant, a été discutée.
 
À terme, Stéphane Chazel souhaiterait également l’instauration de catégories de poids apparaitre sur les épreuves importantes. Des épreuves réservées aux “heavy weight” (80 kg et plus) sur le championnat de France Majors par exemple. “L’idée, c’est qu’un maximum de monde puisse pratiquer l’endurance. Le poids reste d’ailleurs un outil pour contrer la vitesse. J’y crois en tout cas davantage que l’abaissement du rythme cardiaque. Avec une fréquence de récupération à 64 pulsations par minute, on a à priori trouvé une bonne norme. Il faut que cela reste en place tel quel”, commente l’intéressé en évoquant à demi-mot le protocole Boudhieb qui ne fait à ses yeux pas figure de norme universelle. “On peut en revanche apprécier la valorisation du terrain naturel, le retour d’un certain niveau de technicité est une bonne chose.”
De nouvelles règles peuvent encore être envisagées selon Stéphane Chazel, qui ne voit pas d’un très bon œil la prolifération des CEI* de 80 km, “course de demi-fond” sur lesquels la vitesse qui peut se révéler excessive. C’est notamment le cas dans les pays du Golfe où d’assez nombreux accidents, parfois mortels, se produisent. “On pourrait s’accommoder de deux qualifications sur 80 km en vitesse imposée comme à l’heure actuelle, tout en envisageant d’augmenter un peu la vitesse de la deuxième qualification, notamment sur des terrains se prêtant plus à la vitesse, et ensuite proposer une épreuve une étoile de 100 km en 4 étapes”, suggère le Français. 

“Les idées ne manquent pas, le règlement qui s’affine un peu plus chaque jour semble aller dans le bon sens, et vise à remettre au cœur du débat les cavaliers et de protéger davantage les chevaux”, conclut Stéphane Chazel.