De nouvelles mesures face à la mortalité en endurance

Il est devenu tristement fréquent d’apprendre le décès d’une ou plusieurs montures lors de courses d’endurance organisées aux Émirats arabes unis (ÉAU), ou de compétitions internationales auxquelles participe cette nation. En citant l’exemple de sept décès sur le sol des ÉAU pour le seul début de l’année 2017, dont six dans des courses nationales, la Fédération équestre internationale (FEI) a exposé dans un communiqué une série de mesures prises en collaboration avec la fédération nationale émiratie.



"J’ai demandé à la Fédération nationale des ÉAU de mettre en place de toute urgence des mesures visant spécifiquement la situation aux Émirats arabes unis. À ce titre, nous nous félicitons de la rapidité avec laquelle les responsables fédéraux ont répondu à ces questions très graves", a déclaré Sabrina Ibáñez, secrétaire général de la FEI, qui explique, par ailleurs, que toutes les études menées sur les sept chevaux décédés cet hiver mettent en lumière des pratiques délétères pour le bien-être de l’animal. "Nous avons déjà exprimé nos inquiétudes en constatant que les fractures osseuses observées étaient sans aucun doute survenues à la suite de blessures préexistantes, elles-mêmes conséquences d’un surentraînement. Ces blessures n’ont manifestement pas eu assez de temps pour guérir et cicatriser correctement", a-t-elle précisé.

En outre, la FEI précise qu’un aperçu des mesures sera présenté au public dans un premier temps au deuxième jour de son Forum des sports, le 11 avril à Lausanne, puis développé en détails lors du Forum de l’endurance, les 23 et 24 mai prochain à Barcelone. Les très attendus résultats de l’étude mondiale sur les blessures en endurance seront présentés à Lausanne par le Dr Tim Parkin et le Dr Euan Bennet de l’Université de Glasgow. Leur intervention sera suivie de celle du Dr Chris Whitton de l’Université de Melbourne, traitant de la fatigue osseuse et de ses conséquences.

Ces interventions pourraient être à l’origine d’une nouvelle politique de la FEI face aux graves problèmes rencontrés aux Émirats arabes unis, et plus généralement en endurance: "Après la présentation des données scientifiques, s’il y a un consensus clair sur les mesures immédiates à prendre, je proposerai le déclanchement de procédures d’urgence pour accélérer la mise en œuvre de nouvelles règles, comme nous l’avons déjà fait face à des problèmes similaires", a encore déclaré la secrétaire général de la FEI.
 


Vers une nouvelle transparence ?

 
Dans l’attente de ces nouvelles avancées, des demandes ont d’ores et déjà été transmises à la fédération nationale des ÉAU par la FEI. Cette dernière se félicite d’ailleurs de la réactivité et de la nouvelle bonne volonté dont la nation semble faire preuve depuis peu : "La nouvelle direction de la Fédération nationale des ÉAU, qui a rencontré le président de la FEI (le Belge Ingmar de Vos, ndlr) le mois dernier, est beaucoup plus engagée et transparente que l’administration précédente", a déclaré Sabrina Ibáñez. "Nous espérons que cette nouvelle coopération puisse servir un travail de fond mené de l’intérieur afin de prévenir efficacement ces blessures fatales et le haut niveau de décès qu’elles occasionnent. Nous avons un grand rôle éducatif à jouer auprès de la fédération nationale pour que ce travail soit mené de l’intérieur, et il semble que tel soit la volonté des Émirats arabes unis."

Face à ce bilan catastrophique du début d’année, la fédération nationale des ÉAU a déjà communiqué une série de mesures comprenant :
- Exiger des écuries impliquées dans des accidents mortels d’équidés qu’elles fournissent les antécédents médicaux complets de chaque cheval et tout médicament administrés, ainsi que le détail des programmes nutritionnels et de formation des chevaux, y compris les méthodes utilisées, les heures d’entraînement et les distances parcourues, le calendrier et les conditions du lieu ;
- Étudier chaque course d’endurance dans la région incluant une évaluation détaillée des conditions de chaque piste ;
- Faire inspecter tous les concours d’endurance de la saison des ÉAU de 2017 par un groupe d’experts et de vétérinaires expérimentés, y compris le directeur vétérinaire de la FEI ;
- Travailler directement avec les comités organisateurs locaux pour enquêter sur les blessures survenues lors de courses ;
- Durcir les sanctions pour les responsables de blessures subies par les chevaux, y compris en imposant les amendes maximales autorisées (15 000 euros par infraction) et des points de pénalité ;
- Élargir le nombre des personnes pouvant être tenues pour responsables des accidents, en plus des entraîneurs et vétérinaires.

Il semblerait donc que les Émirats arabes unis aient pris conscience de la gravité de la situation, mais il est certain que la FEI a un rôle central à jouer dans le changement des comportements à chaque étage du système, et pas seulement dans ce pays.