Abu Dhabi sur la voie du progrès en matière de bien-être du cheval ?
Alors que la saison d’endurance vient de démarrer dans les Pays du Golfe, François Kerboul, juge, chef de piste et délégué technique de niveau 4* à la Fédération équestre internationale, dresse un bilan positif de ce qu’il se passe à Abu Dhabi concernant l’évolution de l’endurance.
Si les choses ne semblent clairement pas s’améliorer à Dubai, où des chevaux sont toujours euthanasiés pour ’’catastrophic injury’’, à Abu Dhabi, de l’autre côté des Émirats arabes unis, l’évolution de l’endurance va dans le bon sens. C’est en tout cas ce que rapporte François Kerboul, juge, chef de piste et délégué technique de niveau 4* à la Fédération équestre internationale (FEI). Le Français décrit ainsi des organisateurs qui ’’poursuivent en pionniers solitaires la révolution entamée l’année passée’’. Car la saison, qui a démarrée le 25 novembre dernier sur le site de Bouthib, semble propice aux bonnes avancées, suite notamment à des travaux entrepris sur le site. ’’Le site a fait l'objet de travaux d'aménagement qui se poursuivront la saison prochaine’’, explique François Kerboul. ’’Ils ont cherché à rendre l'endroit plus fonctionnel et ont pris le parti de le faire par étapes sur plusieurs saisons.’’ Ainsi, quelques modifications ont été faites, notamment concernant les départs et les arrivées. ’’Le portique d'arrivée et départ a été entièrement reconstruit en dur. Il est utilisé pour les départs comme auparavant, mais sert aussi maintenant à toutes les arrivées y compris les arrivées finales pour un meilleur contrôle.’’ Changement également en ce qui concerne les aires de repos, trop souvent lieux de tricheries. ’’Les aires de repos abritées ont été augmentées de plus d'un tiers afin de donner plus d'espace aux chevaux dans le but d'assurer un meilleur confort. De nouvelles caméras de contrôle ont été installées’’, se réjouit le juge. Changement également du côté des points d’eau. ’’L’introduction des points d'eau fixes a eu pour effet de supprimer la folie qui consistait à penser que s'arrêter ne serait-ce qu'un instant sur la piste est une rédhibitoire perte de temps’’, constate François Kerboul. ’’Désormais, à Bouthib, il apparaît normal d'arrêter son cheval et de l'arroser.’’
’’Montrer qu’il ne s’agit pas d’une expérience sans suite’’
Il revient également sur les pistes, qui ont été l’un des principaux enjeux des travaux de refonte. ’’Les pistes ’’autoroutières’’ traditionnelles profilées et compactées de la région sont, à Bouthib, actuellement remplacées par environ un tiers de nouvelles pistes sur terrain naturel.’’ But de la manœuvre : faire baisser la vitesse des concurrents, alors que certains couples pouvaient afficher jusqu’à 23km/h de moyenne sur une boucle ! ’’Les résultats, sur le seul CEI qui en ait jusqu'à présent bénéficié, semblent confirmer la baisse de vitesse attendue’’, explique François Kerboul, précisant que la vitesse pour environ un tiers du parcours effectué est passée à 19,247km/h. ’’Il est clair que sur les nouvelles portions, les cavaliers ne peuvent plus galoper indéfiniment comme ils peuvent le faire sur les anciennes pistes. (…) Désormais le cavalier doit évaluer la trajectoire qu'il choisira, l'allure qu'il lui faudra adopter, s'il lui faut changer de pied en fonction du terrain et de sa configuration…’’ Autre nouveautés sur les pistes de Bouthib, les véhicules d’assistance sont désormais tenus éloignés des chevaux, alors qu’aux Émirats, la ’’tradition’’ veut qu’ils circulent sur la piste même de la course. ’’Sur les nouveaux tronçons, les véhicules sont éloignés de la piste et circulent à une distance variant entre cinquante et deux cents mètre des cavaliers’’, explique François Kerboul. ’’Par endroits, ils n'ont plus aucun lien visuel. Cette innovation (pour la région) modifie le comportement de tous. Les entraineurs et assistants se contentent désormais de voir de loin leurs cavaliers et ceux-ci non seulement ne sont plus ’’téléguidés’’ en permanence, mais doivent en plus faire attention aux changements de directions et de pente, aux obstacles et à la trajectoire qu'il leur faut prendre.’’ Le juge rapporte tout de même quelques petits incidents, où ’’certaines équipes n'ayant pas totalement compris le nouveau jeu, ont tenté d'accéder à la piste des chevaux malgré l'interdiction clairement signifiée lors de ce premier CEI d'un genre nouveau. La police ainsi que les officiels ont aimablement averti les contrevenants en leur demandant de respecter strictement les consignes’’. Néanmoins, pas de sanctions. ’’Étant donné que pour eux tout cela était nouveau, aucun cavalier n'a été disqualifié pour cause du comportement de ses assistants, mais il n'en sera pas de même lors des prochaines compétitions.’’Un constat plus qu’encourageant, alors que des chevaux sont toujours euthanasiés pour ’’Catastrophic Injury’’ à Dubaï, l’autre côté des Émirats arabes unis. Mais dans ce pays où l’endurance semble être à deux vitesses, François Kerboul se veut optimiste. ’’La saison qui débute à Bouthib, permettra de montrer et démontrer à ceux qui ne sont pas encore convaincus par la démarche de Bouthib qu'il ne s'agit pas d'une expérience sans suite ni conséquences.’’