Peut-on vraiment mettre un terme aux abus des Émirats arabes unis ?
Un an après leur réintégration par la FEI, les Émirats arabes unis ne semblent pas être sortis de leurs travers. Pire encore, leurs abus ne sont plus simplement réservés aux courses nationales ou aux événements internationaux organisés chez eux. Ainsi, samedi, lors des championnats du monde, la planète a assisté, effarée, au calvaire d’Ajayeb, la jument championne d’Europe en titre, euthanasiée pour ’’catastrophic injury’’.
Au-delà du malheureux constat de ces championnats du monde pour les Émirats arabes unis, il faut également soulever un problème : comment un couple qui n’a jamais couru de CEI de 160km a-t-il pu se qualifier pour courir des championnats du monde ? Car si Ajayeb, championne d’Europe l’an dernier sur cette même piste de Samorin avec l’Espagnol Jaume Punti Dachs, était expérimentée, jamais elle n’a couru de course de la plus longue distance avec Rashid Dalmook al-Maktoum, qui s’est contenté de deux CEI de 120 km cette année avec la jument alezane. Ajayeb, elle, a bien couru sur 160km cette année, mais c’était avec Hamdan bi Mohammed al-Maktoum. Une non-considération de couple qui va bien avec la stratégie employée par les Émiratis durant la course à Samorin, à savoir foncer et aviser.
Reste maintenant à savoir si la FEI compte à nouveau agir, elle qui avait fait preuve d’une fermeté sans précédent en excluant la fédération émiratie – l’empêchant d’organiser la moindre compétition officielle et d’envoyer des cavaliers dans des concours internationaux – en mars 2015. Pour le moment, l'instance internationale compte bien faire la lumière sur les circonstances du drame. "Des échantillons de sang ont été prélevés après que la jument ait été transférée à la clinique (qui se trouve sur le site même de Samorin, ndlr)", a expliqué un porte-parole de la FEI interrogé par GrandPrix-Replay. "Ces échantillons ont été envoyés au laboratoire central de la FEI, en Grande-Bretagne, comme le stipule le règlement de la FEI en cas de décès d’un cheval. De plus, et en accord avec le protocole de la FEI, une autopsie a été menée à l’Université vétérinaire de Košice, en Slovaquie. Il était initialement prévu de faire cette autopsie à l’Université vétérinaire de Vienne, mais passer la frontière avec un animal décédé de Slovaquie demandait un document légal supplémentaire, qu’il n’était pas possible d’obtenir rapidement. En accord avec les règles vétérinaires de la FEI, l’autopsie est obligatoire si un cheval meurt ou a été euthanasié durant une compétition labellisée par la FEI. La FEI travaille directement avec la faculté en charge de l’autopsie afin de pouvoir révéler toute les informations concernant le cheval et les circonstances de la tragédie. Nous attendons toujours les résultats."
Car désormais il semble clair que les engagements pris par le pays du Golfe en juillet 2015, condition à sa réintégration, ne sont plus qu’un très lointain souvenir. Mais le nombre inquiétant de chevaux décédés cet hiver dans le désert n’auraient-il dû déjà tirer la sonnette d’alarme ?