“La FEI peut-elle laisser ses championnats du monde d’endurance avoir lieu à Dubaï ?“, Charles Trolliet
Ces derniers temps, l’endurance a encore fait parler d’elle dans le mauvais sens. Le dernier scandale, consécutif à la mort d’un cheval lors de la CEI 3* d’Al-Wathba aux Émirats arabes unis relance la question d’une limitation de la vitesse dans ces courses. Selon la Fédération suisse des sports équestres (FSSE), la Fédération équestre internationale (FEI) doit modifier le règlement de cette discipline afin de garantir le bon déroulement de ses compétitions. Pour GrandPrix-Replay, Charles Trolliet, son président, revient sur les propositions émises à Lausanne et sur l’éventuelle présence de la Suisse aux championnats du monde de Dubaï, en décembre prochain.
Charles Trolliet : Nous avons tenté de regarder ce que nous pouvions faire pour aider la FEI à résoudre certains problèmes. L’un des points principaux que nous avons abordé concerne de possibles limitations de vitesse. À ce jour, nous disposons d’un certain nombre de statistiques montrant clairement que la longueur des courses et les vitesses moyennes, selon les pointes et les boucles, sont la cause de certains problèmes, dont certains sont vraiment graves. Nous sommes prêts à mettre ces données à la disposition de la FEI, car elles pourraient l’aider à trouver des solutions aux problèmes rencontrés au cours de la saison actuelle, notamment dans certains pays du Golfe. Nous avons également insisté sur la nécessité que l’endurance reste un sport équestre « comme les autres », c’est-à-dire un sport qui prône les valeurs d’homme de cheval et la notion de couple cavalier/cheval. Concernant les grandes échéances, il serait judicieux d’imposer des qualifications par couples et de ne plus associer un cheval à un cavalier qui le connaît à peine. Un des éléments les plus importants en endurance est de pouvoir écouter son cheval, et pour cela, il faut le connaître.
GPR. : Selon vous, la limitation de la vitesse moyenne est-elle une mesure indispensable et primordiale aujourd’hui ?
C. T. : Je pense que c’est une mesure très importante. La vitesse joue un rôle majeur dans les courses, et elle peut ainsi être la cause de dégâts dans le métabolisme des chevaux, tels que des boiteries, voire des fractures. Bien sûr, il y a d’autres causes que nous avons évoquées lors de nos discussions, au sujet du dopage et de l’insensibilisation de certaines parties des membres, poussant les chevaux à courir même s’ils ont mal, jusqu’au moment où malheureusement, leur corps cède. Cependant, limiter la vitesse de façon arbitraire sera difficile. Le mieux serait, si c’était possible, de la limiter selon le type de tracé. Dès lors qu’il y a du dénivelé, le cavalier est obligé de tenir compte de la vitesse. On l’a bien vu aux Jeux équestres mondiaux où le tracé était très technique, ce qui a d’ailleurs été reproché à Jean-Louis Leclerc. Cela impose des vitesses nettement moins marquées que celles que l’on retrouve dans les courses plates disputées dans le sable, comme celles organisées dans les pays du Golfe.
GPR : Fin décembre, vous n’étiez toujours pas sûr d’envoyer une équipe suisse aux prochains championnats du monde de Dubaï. Avez-vous pris votre décision à ce sujet ?
C. T. : À la suite des événements, et des vidéos qui ont circulé depuis quelques jours, nous sommes encore plus indécis. Nous n’avons pas encore pris de décision définitive. Malgré les belles promesses venues de Dubaï, les choses ne semblent que très peu changer. Si nous ne constatons pas une véritable amélioration d’ici la fin de la saison, c’est-à-dire d’ici environ deux mois, il nous sera difficile d’imaginer envoyer des cavaliers et des chevaux participer à des championnats du monde dans un pays qui se moque un peu de ses promesses faites à la FEI. Notre décision finale sera prise à ce moment-là. Nous verrons également ce que décide la FEI. Dans le contexte actuel, je me demande si la FEI peut laisser ses championnats du monde avoir lieu à Dubaï. Depuis un moment, les Pays-Bas nous ont rejoint dans ce combat. Ainsi, si les Pays-Bas et la Suisse ne se rendaient pas aux mondiaux cette année, cela signifierait que deux nations médaillées aux Jeux équestres mondiaux n’y seraient pas, ce qui produirait un effet médiatique négatif.