'JE VOULAIS VOIR SI J'ÉTAIS CAPABLE DE FAIRE 160 KM', CÉCILE MILETTO-MOSTI



En remportant la CEI 3* 160km de Samorin, ce week-end, Cécile Miletto-Mosti a accroché sa première victoire depuis la lourde chute qui a bien failli lui coûter la vie, il y a trois ans. Une belle revanche pour la Française devenue italienne, qui a connu le doute, avant que la passion ne l'emporte. Pour GrandPrix-Replay, la cavalière a accepté de revenir sur sa victoire et ses ambitions, toujours tournée vers l'avenir.
GrandPrix-Replay : Vous venez de remporter la CEI 3* de Samorin, une première victoire depuis votre retour, qui plus est sur le terrain des championnats d'Europe. Que représente cette victoire pour vous ? 
Cécile Miletto-Mosti : Elle représente beaucoup, il y a trois ans jours pour jours, j’étais en soins intensifs entre la vie et la mort. Aujourd’hui, je goûte de nouveau à la victoire. Ce succès représente beaucoup et de voir tous mes proches avec, cette fois-ci, des larmes de joie, c’est une double victoire.   
GPR : Pensiez-vous avoir une chance de l'emporter ? 
C.M.-M. : Je n’étais pas du tout partie pour gagner. Je me suis rendue à Samorin pour me faire plaisir. J’ai été hémiplégique pendant plusieurs mois. J’avais donc beaucoup de mal physiquement ces dernières années. À Samorin, je voulais déjà voir si j’étais capable de courir les 160 kilomètres avec un peu de vitesse sans mon mari (le Français Laurent Mosti, ndlr), puisqu’il m’a aidé les dernières fois. Lors du sprint final, Laurent ne pensait pas que j’allais oser mais je l’ai fait. J’ai enfin retrouvé des sensations que j’avais perdues. C’est vraiment une victoire très particulière.
GPR : Beaucoup de travail a été nécessaire pour retrouver votre niveau. Aviez-vous des appréhensions à remonter à cheval ? 
C.M.-M. : Je n’avais aucune appréhension dans la mesure où je n’ai aucun souvenir de mon accident. Mais, sur la course, je n’étais pas tout à fait rassurée, j’avais un peu peur de tomber comme je ne suis pas encore à 100% au niveau physique. J'ai encore des problèmes au niveau de l’équilibre et de ma vision. J’ai subi quatre opérations et j’ai perdu beaucoup de mon champ visuel. Le mental m’a beaucoup aidé, mais également le fait d’être bien entourée. 
GPR : Vous dites de Qacima de Sauveterre qu'elle vous a redonné le goût de courir. Pouvez vous nous parler d’elle ? 
C.M.-M. : J’ai monté cette jument qui m’a été prêtée lors de la CEI 3* de Fontainebleau, début mars. J’avais prêté mon cheval de tête, Rêve de Sauveterre, à mon mari qui a terminé deuxième et qui est présélectionné en équipe de France pour les championnats d'Europe de Samorin. Mon but à Fontainebleau était de faire une course sans pression et que je me fasse plaisir. Nous sommes restés réguliers pendant la course, et j’ai eu un déclic. C’est depuis ce moment que j’ai repris goût à la compétition. Avant ce moment, mon moral était au plus bas, je n’avais plus goût à rien. Laurent avait demandé au propriétaire, l'élevage Serrane Larzac, de me la prêter pour la course car elle est plutôt facile et sûre. Et je me suis fait plaisir. 
GPR : Doria de Jansavis avait jusque là couru avec votre époux. Allez-vous la garder sous votre selle ?
C.M.-M. : Cela fait seulement quinze jours que je la monte, mais Laurent l’a toujours monté. Ce n’est pas une jument très facile à gérer mais mon mari a vu que tout ce passait bien à l’entrainement et il a décidé que je la monterai à Samorin. J’ai aussi une histoire particulière avec Doria et sa propriétaire (Françoise Bessière, ndlr). Je devais récupérer cette jument pour l’entrainement le 25 mai 2012, le jour de mon accident. Depuis ce jour, la propriétaire avait décidé de me réserver la jument pour le jour où je pourrais recourir. 
GPR : Quels sont vos projets pour la suite ? 
C.M.-M. : Je cours pour l’Italie, et le sélectionneur était présent pendant la course. Il a été enchanté par la jument. Je suis donc pré-sélectionnée en équipe d’Italie pour les championnats d’Europe. Il faut savoir qu’avec Laurent, nous sommes tous les deux cavaliers Élite, nous ne devons donc pas forcément nous qualifier en couple pour accéder aux championnats, il suffit que notre cheval soit qualifié. À nous deux, nous avons trois chevaux qualifiés pour l’équipe de France et d’Italie (Rêve du Sauveterre, Assiha de Fignols et Doria de Jansavis, ndlr). C’est donc a nous de voir avec les propriétaires avec quel cheval nous partirons. Mais je vais certainement me rendre aux championnats d’Europe. 
Propos recueillis par Marion Gergely