L'impact des sauts sur le cheval

« Concours samedi, donc aujourd’hui on fait juste une petite gymnastique pour ne pas le fatiguer. »Et ?nalement, lors de cette “petite” séance, savez-vous vraiment combien de fois votre cheval a sauté ? D’ailleurs, qu’est-ce qu’une petite séance ? Dix sauts ? Vingt sauts ? Soixante sauts ? Nous verrons ensemble dans cet article quels sont les impacts du saut sur le physique du cheval, pourquoi est-ce important de mesurer le nombre de sauts lors des séances et comment le faire.



Le mécanisme du saut


Le saut est composé de cinq phases : l’appel qui comprend la battue d’appel, la propulsion, la détente, (1), le planer (qui se décompose en trois phases : la phase ascendante (3), la phase culminante (4), et la phase descendante (5-6)) et la réception (qui se décompose là encore en trois phases : appui des antérieurs (7), suspension, appui des postérieurs (8)).
Le saut présente, lors de toutes ses phases successives, un enchaînement de grandes flexions, extensions, contractions, étirements, à des niveaux que l’on ne retrouve que rarement dans d’autres exercices.

Par exemple, la jonction lombosacrée (juste avant la pointe de la croupe) est en très forte flexion (le dos est “voûté”) au moment où les postérieurs vont se poser pour la dernière fois (1), puis en très forte extension au moment de la détente (2). De la même façon, les muscles de l’arrière des fesses à ces moments précis vont être successivement très fortement étirés puis très fortement contractés. Les muscles abdominaux et pectoraux sont largement sollicités pour respectivement permettre le fort engagement des postérieurs et l’élévation du thorax.

 


EQUISENSE Motion af?che le nombre de sauts pour ne jamais aller trop loin.

EQUISENSE Motion af?che le nombre de sauts pour ne jamais aller trop loin.

 

Le gros groupe musculaire du dos, qui se trouve sous la selle, va être en intense contraction au moment de la phase descendante pour permettre aux postérieurs de franchir l’obstacle (6). Les muscles de l’avant main sont mis à rude épreuve lors de la réception pour amortir le choc (7). Effectivement, le cheval n’a pas de clavicule. Cela signifie que les antérieurs ne sont rattachés au tronc que par ces puissantes sangles musculaires. De ce fait, lorsque les antérieurs touchent le sol, ces muscles doivent se contracter très fort pour amortir la descente du tronc.
 
 

Les risques liés au saut.


La phase de réception est la plus critique d’un point de vue “santé”. C’est là que la plupart des risques se concentrent. En effet, l’antérieur qui se pose en premier (sur la photo (7)antérieur gauche) peut encaisser des forces allant jusqu’à quatre fois le poids du cheval. Les boulets descendent très fort, ce qui met en forte tension les tendons situés à l’arrière (les tendons fléchisseurs, à savoir le perforé et le perforant). De plus, les sangles musculaires qui retiennent le tronc entre les antérieurs doivent être souples pour pouvoir se contracter dans l’étirement.

C’est ce qu’on appelle une contraction excentrique. Cette souplesse est nécessaire pour amortir l’impact et donc préserver les os, articulations et tendons des membres. Or, chez le cheval fatigué (après trop de sauts par exemple), ces muscles peuvent se tétaniser et donc moins bien amortir la réception, ce qui met en danger les structures ostéoarticulaires des étages inférieurs, à savoir les genoux, le boulet, le paturon, les tendons, etc. Les conséquences peuvent être des contusions articulaires, des tendinites, voire des fractures de fatigue.
 


Philippe Rozier témoigne

«Quand il n’y a pas de compétition, Rahotep ne saute pas. C’est un cheval très sollicité toute l’année, pas besoin de lui en remettre une couche. Pendant ces périodes, j’entretiens sa condition physique : musculation, assouplissement et dressage. Pendant la saison de compétition, je saute deux jours de suite, lundi et mardi ou mardi et mercredi, avec le premier jour des exercices de gymnastique et le deuxième, l’enchaînement d’un parcours.
Une grosse séance ne dépend pas que du nombre de sauts effectués ! Lors de la Master Class des 4 et 5 avril que j’animais aux écuries d’Écaussinnes, grâce à EQUISENSE Motion, j’ai pu savoir que les chevaux avaient effectué près de soixante-dix sauts alors qu’ils n’avaient pas du tout transpiré. L’effort est relatif à la hauteur ! Et la qualité du terrain est également très importante. Parfois, dix sauts sur un mauvais terrain ont des effets bien pires que soixante sauts sur un bon terrain. »