“Une catastrophe économique pour l’ensemble de notre filière”, Serge Lecomte

La crise sanitaire du Covid-19 s’amplifie avec ses mesures de plus en plus drastiques. Dans ce contexte difficile, la Fédération française d’équitation se mobilise autant que possible à travers des actions permettant de soutenir ses quelque neuf mille adhérents (poney-clubs, centres équestres et organisateurs d’activités équestres) ainsi que l’ensemble de leurs équitants. Nous informons, nous sommes au soutien pour faciliter la gestion de la crise, nous sommes en alerte auprès des pouvoirs publics sur les conséquences pour le secteur équestre et nous préparons la FFE pour accompagner la reprise”, résume Serge Lecomte, président de la FFE, dans un nouveau communiqué fédéral de crise.



Mobilisation sans faille

“Je tiens tout d’abord à saluer la réactivité des dirigeants de poney-clubs, centres équestres, organisateurs d’activités et de tourisme équestre qui ont dû mettre en œuvre sans délai plusieurs mesures gouvernementales successives qui impactent lourdement leurs activités. La semaine dernière, près de 4.000 appels téléphoniques et 3.000 messages ont mobilisé les équipes fédérales. Ces appels à la Fédération démontrent l’inquiétude de notre filière et les besoins des dirigeants de se rassembler face à cette adversité qui touche tout le monde du cheval.”

Relais d’informations gouvernementales

“La FFE relaie quotidiennement aux dirigeants d’établissements équestres, à ses pratiquants et à ses utilisateurs les mesures réglementaires en évolution quotidienne. Les informations gouvernementales sont traduites concrètement pour le terrain, pour notre activité, auprès des clubs, organisateurs, cavaliers, propriétaires d’équidés, sportifs de haut niveau et de tous ceux qui sont autour des chevaux.”

Sport atypique et situation spécifique

“Rassemblés dans une fédération olympique atypique aux activités à la fois éducatives, sportives et agricoles, les établissements équestres supportent toutes les charges d’un équipement sportif: fonctionnement, maintenance, gestion, investissements, ce qui est un modèle très exceptionnel dans un environnement où ces charges sont habituellement portées par les collectivités publiques.

Leurs prises de risques sont à la hauteur de leur engagement mené par la passion de leurs dirigeants qui doivent faire face à toutes les situations de leurs activités: gérer les personnes et assurer le bien-être des équidés en préservant leur outil de travail pour la reprise. À la différence des autres activités sportives, les poney-clubs et centres équestres doivent gérer un patrimoine vivant. En cas de fermeture au public, il leur est impossible de mettre simplement la clé sous la porte et d’attendre. Ils assument toutes les charges fixes habituelles. Ils sont face à deux obligations: celle de continuer à s’occuper des poneys et chevaux et celle de compenser l’absence des cavaliers pour assurer l’exercice physique quotidien dont poneys et chevaux ont besoin.”

Catastrophe économique

“Pour l’heure, c’est une catastrophe économique pour l’ensemble de notre filière sportive. Les clubs n’ont pas, ou peu, de trésorerie et ne génèrent aucune recette. Les charges d’entretien des structures, chevaux et poneys, la masse salariale, les frais liés aux équidés… sont maintenus et souvent amplifiés. Comme la fermeture représente un accroissement de travail pour les équipes du club, les dirigeants ne peuvent pas recourir au chômage partiel. Le chiffre d’affaires annuel de l’équitation en France est estimé à 1,1 milliard d’euros HT, cela représente une perte de chiffre d’affaires de 100 millions d’euros par mois à laquelle nous avons à faire face collectivement. Cette équation très sévère sur le plan économique est mortifère pour la filière cheval. Nous sommes mobilisés pour faire remonter les informations des situations des établissements équestres auprès des ministres de l’Agriculture, des Sports, et de l’Économie.”

La Fédération très impactée

“La FFE est très impactée. Elle doit gérer toutes les annulations, se réorganiser, et se consolider face aux pertes financières importantes enregistrées chaque jour. La bonne gestion des dernières années fait qu’elle n’est pas endettée et permet de faire face aux urgences. À l’instar des établissements équestres, ses marges de manœuvre deviennent extrêmement limitées.” 

Les championnats de France en suspens

“Dans ce contexte de pandémie, tous les championnats de France sont incertains. Les événements d’avril sont déjà annulés. Il nous faut connaître les prochaines directives gouvernementales pour prendre les décisions sur la suite du calendrier de la saison (et notamment pour le Generali Open de France de Lamotte-Beuvron, traditionnellement disputé en juillet, ndlr).”

Report des Jeux olympiques et paralympiques en 2021

“Le report est bien évidemment une grande frustration. La stratégie sportive de préparation des JO se construit sur quatre ans. La montée en préparation et aussi en pression se prolonge difficilement. La conséquence est que ce report rebat complètement les cartes. Il ouvre des perspectives olympiques à des cavaliers qui n’étaient pas en mesure d’être sélectionnés cet été. Cela signifie que toute l’équipe qui s’est totalement impliquée doit prolonger ses efforts et qu’il faut mettre rapidement au point un nouveau programme pour les seize prochains mois qui nous séparent des JO.”

Préparer la relance

“Nous préparons l’après-confinement pour accompagner la reprise, le temps venu. Les moyens de la FFE seront évidemment mobilisés pour mettre en place des actions de promotion de nature à générer la meilleure relance possible de la pratique.”

Bilan de crise

“Le ministère de l’Agriculture a missionné l’Institut français du cheval et de l’équitation pour établir le bilan des conséquences économiques de cette pandémie pour la filière cheval. France Galop, Le Trot, la Société française des équidés de travail, la Société hippique française et la FFE seront les relais naturels de cette mission. La FFE y apportera toute son expertise pour qu’il soit le plus complet possible. Tous les clubs sont invités à apporter leur contribution à chaque demande de renseignements pour que ce rapport officiel reflète au plus proche la réalité de la situation. Bien évidemment, ce rapport ne pourra être complet et pleinement exploitable qu’après un retour à la normale de nos activités.”

À tous les pratiquants

“Nous traversons actuellement une période difficile, économiquement et aussi psychologiquement. Je pense à tous les pratiquants d’équitation qui sont confinés, comme tous les Français. J’entends et je comprends le désarroi de tous ces passionnés qui ne peuvent plus être auprès de leurs chevaux et poneys. Gageons que le respect du confinement permettra de venir à bout de cette pandémie pour retrouver au plus vite le chemin de nos clubs et de la pratique. Respectez strictement les consignes sanitaires, mais aussi soutenez ceux dont le travail est actuellement démultiplié par les obligations d’apporter le bien-être nécessaire à nos poneys et chevaux. Protégeons tous notre santé et celle de nos proches, c’est la garantie d’un bon retour à la vie normale.”