Jos Verlooy, la combativité en héritage (partie 2)

Médaillé d’or par équipes et couvert de bronze en individuel l’été dernier aux championnats d’Europe Longines de Rotterdam avec l’exceptionnel Igor, Jos Verlooy fait désormais partie des grands du saut d’obstacles. Bien installé à haut niveau depuis 2013, ce drôle et sympathique Belge de vingt-cinq ans est bien parti pour suivre les pas de son père, le cavalier olympique et marchand Axel Verlooy, ainsi que ceux de Harrie Smolders, son maître et grand frère de cœur.



Notamment représentée par Jos Verlooy, la Belgique a été sacrée championne d'Europe à Rotterdam.

Notamment représentée par Jos Verlooy, la Belgique a été sacrée championne d'Europe à Rotterdam.

© Scoopdyga

Suite la première partie à retrouver ici.

L’arrivée dans son piquet d’Igor (BWP, Emerald van’t Ruytershof x Nabab de Rêve), fin 2016 également, permet à Jos d’accélérer son ascension. “Nous l’avons acheté à cinq ans“, raconte-t-il. “Son propriétaire nous avait appelés pour nous pré-venir qu’il avait un super fils d’Emerald (propriété d’Axel Verlooy, l’ancien crack d’Harrie Smolders est devenu reproducteur à succès, ndlr). Nous sommes allés l’essayer et l’avons directement aimé car il sautait de manière exceptionnelle, avec cinquante centimètres de marge au-dessus des obstacles ! Il a énormément de caractère, même si cela s’est amélioré. Nous l’avons acquis en pensant qu’il pourrait atteindre un bon niveau, mais nous ne pensions pas honnêtement qu’il serait si bon ! Nous avons toujours reçu des offres très alléchantes pour lui, mais au fil des mois, je me suis vraiment rendu compte qu’il avait un respect exceptionnel et toutes les qualités requises pour devenir un crack, alors je me suis dit qu’il fallait le garder. Et j’ai de la chance de pouvoir y parvenir.“ 

Associé à ce talentueux alezan, le minot ne tarde pas à faire des étincelles, se classant à vingt-deux reprises à 1,60 m et rempor-tant notamment la Coupe des nations du CSIO 5* de Rotterdam en 2018 grâce à un double sans-faute ainsi que des épreuves à 1,55 m à Paris et Doha. En 2018, la paire est choisie par Peter Weinberg, le nouveau sélectionneur national, pour représenter la Belgique aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, avec à la clé une triste onzième place par équipes mais une prometteuse vingt-septième place individuelle. “Ces championnats ont été très compliqués à cause du climat chaud et humide, mais aussi parce que je ne connaissais pas encore assez bien mon cheval“, admet Jos avec le recul. La consécration du duo arrive en 2019 aux championnats d’Europe Longines de Rotterdam, qui constituent l’avant-dernière occasion pour les Diables Rouges d’empocher une qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo. Brillants et soudés comme rarement ils l’avaient été lors des derniers grands rendez-vous, le 23 août, les Belges raflent la médaille d’or par équipes, à laquelle Jos et Igor contribuent grandement grâce à un remarquable double sans-faute. Et pourtant… Comme à Herning et à Caen, le longiligne guerrier, portant une légère cicatrice près de la pommette gauche, a été initialement sélectionné en tant que remplaçant, et ce malgré un bon CSIO 5* à Hickstead, marqué par un sans-faute et quatre points dans la Coupe des nations et puis une neuvième place dans le Grand Prix. La concurrence est si forte en Belgique… Cette fois encore, la chance a joué en sa faveur puisque Nicola Philippaerts a été contraint de déclarer forfait en raison d’une blessure de H&M Chilli Willi (Holst, Casall x Lord). 



La consécration individuelle

Jos Verlooy et Igor ont aussi été médaillés de bronze aux championnats d'Europe de Rotterdam.

Jos Verlooy et Igor ont aussi été médaillés de bronze aux championnats d'Europe de Rotterdam.

© Scoopdyga

Deux jours plus tard, le benjamin de l’équipe poursuit sur sa lancée en décrochant le bronze, devenant, à vingt-trois ans, le plus jeune médaillé individuel en grands championnats depuis le Canadien Michel Vaillancourt, vice-champion olympique en 1976 à Montréal à vingt-deux ans ! “Je suis ravi du comportement d’Igor, qui mérite amplement cette médaille“, se réjouit-il en conférence de presse. “Il marche dans les pas d’Emerald ! Il n’a renversé qu’une seule barre en une semaine (en première manche de la finale individuelle), je ne peux vraiment pas me plaindre ! Nous, Belges, avons gagné énormément de confiance et continuons à grandir en tant qu’équipe. Ces dernières années, la transition entre les plus expérimentés et la jeune génération n’a pas été si facile. Les plus aguerris n’arrivaient pas à passer à autre chose, et il y avait pas mal de tensions car ils voyaient que la jeune génération frappait de plus en plus fort à la porte… En tout cas, nous avons rebâti une équipe soudée, ce qui est le plus important.“ Avec un équilibre parfait entre Wallonie et Flandre, Jos ayant été médaillé d’or avec le Flamand Pieter Devos et les Wallons Grégory Wathelet et Jérôme Guéry. “Je ne m’attarderai pas sur ces conflits car il s’agit finalement de la Belgique. Nous avons réussi à nous unir, ce qui est très positif en vue des Jeux olympiques de Tokyo“, martèle-t-il. 

À un peu plus de quatre mois de ce rendez-vous suprême, Jos et Igor, classés dans presque tous les Grands Prix qu’ils ont sautés de- puis les Européens, terminant notamment sixièmes à Saint-Tropez, deuxièmes à Toronto et surtout septièmes à Genève, font évidemment partie des candidats les plus sérieux pour une sélection. Parachevant une saison déjà magnifique, fin septembre à Lanaken, Jos a aussi été sacré champion de Belgique avec Varoune (Old, Verdi x Cordalme Z), acquis seulement quelques mois auparavant ! “Décrocher une médaille en championnat est déjà difficile, mais en récolter trois en une seule année, c’est tout simplement fantastique“, s’exclame-t-il en sortie de piste. “Même si j’aurais quand même préféré que les trois soient en or…“

S’il fallait ne retenir qu’une seule qualité de Jos Verlooy, classé dix-neuvième au classement mondial Longines des cavaliers début février, date à laquelle il n’était pas encore qualifié pour la finale de la Coupe du monde Longines, ce serait à n’en pas douter son exigence. “Je ne me satisfais jamais d’un parcours à quatre points. Si ce n’est pas un sans-faute, c’est nul ! C’est ainsi qu’on progresse ! De plus, mes émotions se lisent assez facilement sur mon visage. Je suis très vite contrarié quand ça ne va pas et j’exulte lorsque je suis heureux. C’est sûrement dû à mon âge…“ Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent, sa jeunesse ne l’a guère desservi !


Portrait paru dans le magazine GRANDPRIX en mars 2020.