“Quand le virus est apparu, personne n’a bien pris l’ampleur de ce que c’était“, Henk Nooren

Ancien sélectionneur de l’équipe de France de saut d'obstacles de 2011 à 2012 et entraîneur des Bleus de 2009 à 2012, Henk Nooren a fait son grand retour au sein du staff fédéral début 2019 avec cette fois-ci la casquette de formateur. Confiné dans ses écuries en Belgique, le Néerlandais témoigne des difficultés à maintenir ce rôle auprès des équipes tricolores à l’heure du COVID-19.



Comment vivez-vous votre confinement ?

Moi ça va ! Je suis dans mes écuries, à une quinzaine de kilomètres de Liège. Je reste très structuré. Je me lève à 5h30 le matin et j’attaque avec 45 minutes de gymnastique, puis je lis. De 7h45 à 13h je suis aux écuries. Ensuite, après une petite sieste, je vais travailler dans mon jardin. J’ai vraiment de la chance d’être là et je fais partie des privilégiés dans cette situation. Bien sûr, comme tout le monde, j’aimerais bien travailler normalement, mais c’est comme ça.

Avant le COVID-19, à quoi ressemblait votre quotidien ?

Avant le début de cette crise due au coronavirus, j’étais en France au moins quatre à cinq jours par semaine. Du Groupe 1 à la catégorie Poneys, cela représente de nombreux cavaliers ! Cela fait déjà trois semaines que je ne suis pas venu en France. Cette crise est vraiment inattendue... Personne n’a pensé que cela prendrait les mêmes proportions qu’en Chine. Je pense que quand le virus est apparu, personne n’a bien pris l’ampleur de ce que c’était, et maintenant, tout le monde est touché.

Réussissez-vous à poursuivre votre rôle de formateur malgré tout ?

Non. Notre sport, tout particulièrement le haut niveau, est un peu différent des autres. C’est un sport qui se pratique en extérieur, plusieurs mètres nous séparent et chaque cavalier a sa propre écurie. Alors c’est vrai que j’aimerais bien qu’on puisse avoir le droit de rendre visite à nos cavaliers de haut niveau. Bien sûr, il ne s’agirait pas de les réunir au même endroit, mais au moins pouvoir aller les voir chez eux. Cela permettrait d’échanger un peu sur la forme et la santé des chevaux, et sur la façon dont nous allons pouvoir continuer à les faire progresser avec des petits exercices adapté à chaque couple. Ce serait bien de pouvoir faire cela dans les prochaines semaines.  



Parvenez-vous tout de même à donner quelques conseils à distance ?

C’est très compliqué. Je pense que cela peut fonctionner pour le dressage avec une carrière de 20mx60m dans laquelle on disposerait une caméra à un endroit bien précis. Mais pour le saut d’obstacles, cela ne fonctionne pas. Nous avons bien essayé, mais cela ne donne rien. Évidemment, s’il s’agit d’une ligne droite avec trois ou quatre obstacles, je peux donner quelques indications, mais étant donné le niveau des cavaliers dont il est question, ce n’est pas suffisant.

Êtes-vous tout de même en contact avec les cavaliers français ?

Oui bien sûr ! Nous échangeons par téléphone. Tout le monde a bien compris que dans les prochains mois, il n’y aura pas de gros concours. L’important c’est la santé et la forme des chevaux, mais également préserver le moral des cavaliers pour qu’ils continuent de travailler leurs chevaux de façon optimale. Je crois que c’est vraiment important. Il ne faut pas oublier qu’il y a beaucoup de cavaliers qui font cinquante voire cinquante-et-une semaines de concours par an. Les laisser ressasser qu’ils vont rester chez eux plusieurs mois, je crois que ça n’aide pas...

Est-ce que l’après confinement vous inquiète ?

Je suis surtout inquiet pour les petites entreprises et pour les gens qui continuent de travailler. Bien sûr il va y avoir un impact sur notre sport et sur les sponsors. Mais quand on regarde ce qu’il s’est passé en 2008, qui a été une grande crise économique mondiale, il y a eu des répercussions, certes, mais pas énormément sur le haut niveau. Pour moi, ce sont les gens qui risquent de perdre leur travail et les petites entreprises qui vont en souffrir le plus et qui ne pourront pas survivre. C'est plutôt cela qui m'inquiète et qui me fait beaucoup de peine.

Le report des Jeux olympiques à 2021 risque-t-il de rebattre les cartes concernant les couples sélectionnables ?

Le report peut avoir des conséquences positives pour la France, cela peut permettre de laisser grandir quelques couples encore. J’espère bien sûr que la Fédération se réunira le plus tôt possible avec les cavaliers et surtout avec les propriétaires pour essayer de garder les bons chevaux dans le pays. Mais, est-ce que je pense à de nouveaux couples qui pourraient progresser vers une forme olympique ? Oui je pense. J’espère !