“Prendre du recul et réussir à rebondir”, Gwendolen Fer

Cette période de crise sanitaire est exceptionnelle et frappe de plein fouet tous les secteurs d’activités. Les poney-clubs, les centres équestres, l’ensemble des pratiquants et les sportifs de haut niveau font face chaque jour aux difficultés et subissent les conséquences. La filière équestre est d’autant plus touchée qu’elle doit continuer à entretenir ses équidés malgré une activité stoppée. La FFE tire à nouveau la sonnette d’alarme et donne la parole à Gwendolen Fer, cavalière internationale de concours complet et gérante de l’écurie des Houarn, à une demi-heure au sud de Toulouse, en Haute-Garonne.



Les cavaliers professionnels sont lourdement touchés par les interdictions de rassemblements et par les mesures de confinement. Compétitions annulées, entraînement perturbé, vente de chevaux à l’arrêt, coaching impossible, les sources de revenus des sportifs de haut niveau sont également en berne. Cela concerne notamment, Gwendolen Fer, trente-quatre ans, membre de l’équipe de France de concours complet et première Tricolore à avoir remporté un CCI 5*-L, en 2017 à Pau. “Nous avons quarante-cinq chevaux sur site. Parmi eux, quinze sont des chevaux de sport que j’entraîne et monte en compétition et trente sont des chevaux montés par des propriétaires extérieurs. Ils sont hébergés aux écuries et habituellement montés par leurs propriétaires qui profitent ainsi des installations, de l’encadrement et du coaching. Trois personnes sont salariées sur la structure pour m’aider au quotidien, pour l’entretien du site, les soins, les sorties et le travail des chevaux. Depuis le début du confinement, seuls les salariés peuvent accéder aux installations. Nous sortons le moins possible et fonctionnons en vase clos pour éviter de tomber malade, ce qui nous empêcherait alors de prendre soin des chevaux. C’est notamment pour cette raison que les propriétaires ne peuvent plus accéder aux écuries, même pour rendre une simple visite à leur cheval. Il en va de la sécurité de tous. Je vais devoir recourir au chômage partiel à cause de la baisse d’activité, mais je conserve tout de même le personnel indispensable pour garantir le bien-être des chevaux qui me sont confiés. Nous avons la chance d’avoir une grande propriété. Les chevaux vont au pré chaque jour et rentrent au box le soir. Nous avons sur place un manège couvert, une carrière et des chemins sur la propriété. Cela nous permet de continuer à travailler les chevaux. Nous essayons le plus possible d’envoyer des photos et vidéos aux propriétaires. Nous sommes bien conscients que cette séparation peut être difficile à vivre et faisons notre maximum pour leur donner des nouvelles de leur cheval et pour leur montrer que tout va très bien. Nous sommes aussi un centre de formation avec une section sport-études. Toute cette activité est également interrompue jusqu’à nouvel ordre…”



Réorganiser toute la saison

“Pour ce qui est de la compétition, la saison est évidemment très bouleversée. Une petite blessure en début d’année m’avait fait prendre un peu de retard, que je peux donc rattraper un peu en ce moment. Normalement, en concours complet, nous devrions avoir pleinement repris les compétitions. Toutes les épreuves sont annulées au moins jusqu’en mai. J’ai donc repris les bases du travail d’hiver avec les chevaux. Nous travaillons sur le fonctionnement et la gymnastique sur les obstacles. Mes deux chevaux de tête, Romantic Love et Traumprinz, avaient été gardés au travail à la demande de l’équipe fédérale d’encadrement. Avec le report des Jeux olympiques de Tokyo à l’été prochain, j’ai pu relâcher la pression aussi pour eux. J’attends maintenant d’y voir plus clair quant à la suite de saison et la reprise des compétitions pour mettre en place un nouveau programme. Il est difficile pour un athlète de haut niveau de voir son objectif de saison supprimé. Cela coupe les jambes. Il faut maintenant prendre du recul sur la situation et réussir à rebondir.”