Deuxcatsix d'Églefin vers Paris 2024 ?

Très en vue lors du Salon des étalons de Saint-Lô, Deuxcatsix d’Églefin montre un fort potentiel et semble avoir les qualités requises pour évoluer à haut niveau dans quelques années, et pourquoi pas postuler pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris. De plus, son pedigree et sa souche maternelle en font également un étalon à suivre.



Remarqué à cinq et six ans sous la selle de Jérémie Rolland, Deuxcatsix d’Églefin a fait sensation au Salon des étalons de Saint-Lô, présenté par Marie Pellegrin dont il a intégré le piquet en début d’année. À l’unisson de son père, Jean-François Pellegrin, ancien propriétaire du génial chef de race Galoubet A, Marie, qui concourt à nouveau pour la France après six années passées sous les couleurs de la Suisse, croit beaucoup en ce cheval “aux moyens illimités“ avec lequel elle vise un retour au plus haut niveau. Comme la majorité des jeunes chevaux de Marie, Deuxcatsix d’Églefin a donc été formé par Jérémie Rolland, cavalier installé dans la Manche, qui ne tarit pas d’éloge sur ce cheval qu’il promet lui aussi à un bel avenir. “J’ai fait acheter Deuxcatsix à Marie en mai 2018. Après son arrivée chez moi, nous avons concouru tranquillement sur le Cycle classique des cinq ans et participé à la finale nationale de Fontainebleau, où il a réussi un sans-faute puis un tour à quatre points et a été approuvé, obtenant la meilleure note du jury. L’an passé, après onze sans-faute sur le Cycle, nous avons préféré ne pas l’emmener au Grand Parquet en raison de l’état du terrain. De plus, le but a toujours été de le préparer pour le grand sport. À la maison, je le faisais très peu sauter, je l’emmenais à la plage et le faisais travailler sur le plat, mais nous voulions le préserver pour le futur. En début d’année, il est arrivé chez Marie, qui partage les mêmes sensations que moi et dit que ce cheval est une star. Il est très facile, volontaire avec beaucoup de sang sans être fou, et il montre un talent inné et un équilibre parfait. Pour moi, il n’a pas réellement de défauts. Il est vraiment chouette. La route est encore longue, mais il devrait normalement pouvoir sauter les plus gros Grands Prix, pourvu que rien de grave ne lui arrive. J’espère que l’avenir nous donnera raison…“



LA SOUCHE DIRECTE D’URLEVEN PIRONNIÈRE.

Deuxcatsix d’Églefin a débuté sa carrière à quatre ans avec Julien Alvarez.

Deuxcatsix d’Églefin a débuté sa carrière à quatre ans avec Julien Alvarez.

© Collection privée

Deuxcatsix est né au haras d’Églefin, tout près de Lisieux dans le Calvados, chez Claudine Digard, qui avait acheté sa grand-mère, Écume du Châtillon (SF, Royal Feu). “Nous l’avions acquise à trois ans sans même lui faire passer de visite vétérinaire. Vu la souche dont elle provient, nous nous étions dit qu’elle ferait sûrement une bonne poulinière à défaut de pouvoir concourir. Avant de la vouer à l’élevage, nous voulions tout de même la mettre un petit peu à l’épreuve afin qu’elle obtienne un indice de performances. Comme je m’amusais bien avec elle, je l’ai finalement montée plus longtemps que prévu en compétition“, raconte l’éleveuse et cavalière, qui s’est régulièrement classée avec elle jusqu’en Grands Prix à 1,40 m, Écume obtenant un très bon ISO 154. “Au début, elle nous a donc donné plusieurs produits par transferts d’embryons, dont Unécume d’Églefin (SF, Bamako de Muze), la mère de Deuxcatsix“, poursuit la Normande. Écume du Châtillon est issue d’une excellente lignée vendéenne. Ainsi, elle a pour mère La Pironnière (ISO 164, SF, Vidoc, AA et Gourmande par Arquebusier), très bonne gagnante internationale avec Jean-Maurice Bonneau, qui a également monté sa sœur utérine Quincy Pironnière (ISO 164, SF, Hurlevent), et surtout Urleven Pironnière (ISO 181, SF, Hurlevent), le meilleur cheval de la carrière de l’ancien sélectionneur des équipes de France et du Brésil.

Cette vieille souche a donné pléthore de bons gagnants à chaque génération, dont une quinzaine de SF indicés à plus de 150 en saut d’obstacles, mais aussi en concours complet. Citons Havane de Quincy (ISO 157, Nashville III), Selangor (ISO 157, Double Espoir), Leprince des Bois (ICC 160, Yarlands Summer Song), Belle des Bois (ICC 165, El Condor, Ps), ou encore la très bonne Polinska des Isles (ISO 178, Diamant de Semilly), gagnante au plus haut niveau avec le Belge François Mathy Jr. Sur les sept produits qu’Écume a donné à l’élevage d’Églefin, six sont indicés au-dessus de 120, parmi lesquels trois ont dépassé 130, dont Unécume d’Églefin, la mère de Deuxcatsix, classée jusqu’en Grands Prix à 1,35 m avec l’amateure Dorine Firon d’Albigny.



“CONTENTE QU’IL SOIT DANS UNE BONNE MAISON“

Après avoir donné Bamako d’Églefin (SF, Untouchable M), mort prématurément à l’âge de deux ans, Unécume a été saillie trois fois à quatre ans par Vigo Cécé (SF, Quincy x Diamant de Semilly), qui venait alors d’être sacré champion Selle Français des mâles de trois ans. Très prometteur, cet étalon a malheureusement été victime de coliques fatales à l’âge de six ans. “Je l’avais déjà repéré à deux ans et il avait confirmé à trois ans. Leur premier embryon était une pouliche, Dunécume, qui est restée à l’élevage. Ensuite, nous avons eu Déjà Vu et Deuxcatsix. Dunécume a engendré un premier poulain (par Quorioso Pré Noir, SF, ISO 167, Kannan) que nous avons perdu, puis elle m’a donné un bon poulain par Boomerang du Milon (ISO 136, SF, Vagabond de la Pomme x Calvaro) l’an dernier. Dunécume est la dernière jument qu’il me reste de cette souche“, explique Claudine Digard. “Quand Deuxcatsix est né, je ne sais pas pourquoi, mais je me suis dit qu’il n’était pas comme les autres“, se souvient la Normande. “Il avait quelque chose en plus. Il parcourait toute la longueur de la stabulation en trois foulées de galop et il levait le derrière à deux mètres de hauteur ! C’était un guerrier, toujours en train de bouger. Nous devions même faire attention quand nous allions le nourrir tellement il était remuant. Ensuite, il est parti au champ. À trois ans, quand nous l’avons rentré aux écuries, on a vu dès ses premiers sauts qu’il avait quelque chose. À ce moment-là, je l’avais vendu à un ami, Julien Kail, avec lequel j’avais convenu d’un arrangement commercial. Julien Alvarez, qui était chez moi à ce moment-là, l’a initié aux concours. Il a effectué de façon normale une petite saison à quatre ans, même si l’on voyait qu’il avait des moyens. Dans l’hiver suivant, il a franchi un vrai cap, s’est mis à balancer le dos par-dessus la tête et nous avons commencé à nous dire que nous avions affaire à un vrai cheval. Nous avions déjà reçu des offres, mais ne voulions pas trop le vendre. Sur le Cycle classique des cinq ans, plus la saison avançait, mieux il se comportait. Et nous l’avons vendu aux Pellegrin, qui nous ont offert une somme que nous ne pouvions pas refuser. De plus, ce sont des gens adorables alors je suis contente qu’il soit parti dans une si bonne maison. Ils vont prendre le temps de le laisser évoluer tranquillement et je pense qu’il ne sera pas malheureux là-bas. J’espère qu’il va continuer à progresser, confirmer son potentiel et atteindre le grand sport.“ 

Même s’il n’est distribué publiquement que depuis cette année, Deuxcatsix d’Églefin a déjà engendré quelques produits. Six sont nés en 2019, dont cinq encore en vie, pour le compte de Claudine Digard et de certains de ses amis. Il a également sailli une douzaine de juments l’an passé, dont quelques bonnes reproductrices à l’instar de La Mare (SF, Apache d’Adriers x Uriel), mère entre autres du très bon Rock’n Roll Semilly (ISO 174, SF, Diamant de Semilly). Au vu de l’engouement qu’il a suscité à Saint-Lô, gageons que sa liste de prétendantes devrait fortement augmenter cette année...

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX du mois d'avril.