Les Conseils des chevaux analysent les premiers impacts de la crise sur la filière équine

Dans une synthèse publiée ce midi, la Fédération des conseils des chevaux livrent une première analyse des impacts sur la filière équine de la pandémie de Covid-19, et surtout des mesures gouvernementales de confinement prises pour l’endiguer. “L’enjeu majeur reste que nos métiers soient bien intégrés dans les dispositifs d’aides gouvernementales et régionales”, explique Pierre-Yves Pose, président de la Fédération. GRANDPRIX en partage les éléments les plus intéressants pour les secteurs du sport et des loisirs et de l’élevage de chevaux de sport.



“Dès les premiers jours de la crise sanitaire que nous traversons, les Conseils des chevaux régionaux ont accompagné les professionnels de toutes les composantes de la filière. L’enjeu majeur reste que nos métiers soient bien intégrés dans les dispositifs d’aides gouvernementales et régionales. À cette fin, nous nous sommes rapprochés des institutions (État, régions, chambres régionale d’agriculture et autres) qui sont à même d’intervenir dans le domaine de l’aide économique d’urgence et avons fait de notre mieux pour fournir des informations validées sur les mesures adoptées. Il y a quelques mois, les Conseils des chevaux régionaux ont actualisé les observatoires économiques régionaux qui permettent à nos institutions de mesurer avec exactitude le poids économique et social de notre filière. Aujourd’hui, nous activons cet outil pour donner aux conseils régionaux une étude d’impact économique de la crise des plus précises. […] Il nous faut maintenant préparer la sortie de cette crise qui ne manquera pas d’avoir des répercussions à très long terme car elle aura conduit nombre de nos concitoyens à modifier leurs habitudes. Les observatoires de crise fin avril, fin mai puis en début d’année prochaine seront de précieux atouts pour mettre en place des plans de relance de l’activité économique efficaces”, introduit Pierre-Yves Pose, président de la Fédération des conseils des chevaux.

Dans le cadre de l’épidémie de coronavirus qui sévit actuellement, les Conseils des chevaux régionaux ont donc réalisé une enquête auprès des professionnels de la filière équine. Cette étude a été réalisée du 6 au 27 avril, afin d’évaluer les conséquences de l’épidémie de Covid-19 sur les exploitations équines. Cette enquête a également permis de collecter les besoins pour y faire face. Cette analyse s’appuie sur les relevés de données du mois de mars 2020, les observatoires économiques régionaux (OER) des Conseils des chevaux sur des données de 2018 et l’observatoire économique des activités équines d’Equicer 2019, sur des données de 2018. Les OER des Conseils des chevaux ont permis de recenser plus de 48.000 acteurs de la filière équine et de capitaliser des informations économiques précises sur 7.855 d’entre eux. “Ces structures constituent le socle de notre travail sur lequel nous avons fait porter une enquête spontanée (réponses à des questionnaires personnalisés et pré-remplis adressés par courriel), complétée par une enquête dirigée via des relances téléphoniques pour compléter l’échantillonnage. Les 1.384 répondants sont ainsi un échantillon représentatif de notre socle, nous permettant de croiser les informations de crise avec celles déjà obtenues précédemment”, expliquent les auteurs de la synthèse.




Établissements équestres et élevages

© Fédération des Conseils des chevaux

Établissements équestres. D’après l’observatoire économique des activités équines d’Equicer, les produits moyens mensuels des centres équestres sont de 11.617 euros, dont 3.051 euros pour les pensions et 7.880 pour les leçons d’équitation. La fermeture des établissements recevant du public (ERP), le 16 mars 2020, a entraîné l’arrêt total des activités des établissements équestres (centres équestres, poney-clubs, écuries de propriétaires, centres de tourisme équestre, etc.). Les établissements équestres ayant une majorité de chevaux d’enseignement en propriété connaissent une importante baisse de chiffres d’affaires. Certains parviennent à réduire leurs charges en mettant leurs chevaux et poneys à l’herbe. C’est ce que déclarent 101 des 679 établissements équestres ayant répondu à l’enquête. Pour ceux qui ne peuvent pas mettre leur cavalerie en pâture, la gestion quotidienne est plus compliquée.
Les établissements équestres font également face à un accroissement de leur charge de travail. Les propriétaires n’ayant plus accès aux établissements, les dirigeants de structures et leurs salariés doivent gérer les soins et l’activité physique indispensables au bien-être de l’ensemble de leur cheptel d’équidés. On note que les activités liées au tourisme équestre sont les plus lourdement impactées. Enfin, les établissements équestres n’ayant que des chevaux en pension ne relèvent pas, à ce stade, d’impacts significatifs de la crise de Covid-19 sur leur chiffre d’affaires.

Élevages. La crise de Covid-19 n’a pas empêché le déroulement de la première  partie de la saison de reproduction. Les principales inquiétudes des éleveurs ayant répondu à l’enquête portent sur les ventes de chevaux, tous secteurs confondus, pour plusieurs raisons évoquées : questionnement sur le maintien des ventes (ventes publiques Arqana, NASH, Fences, rassemblements, etc.), manque de trésorerie, pouvoir d’achat des acheteurs, accessibilité du marché pour les investisseurs étrangers, prix de vente des chevaux qui n’auront pas pu être valorisés dans des conditions habituelles. […] Certains éleveurs de chevaux de sport déclarent avoir récupéré leurs chevaux, notamment ceux âgés de quatre ans, qui étaient confiés à des cavaliers pour être valorisés, pour les remettre à l’herbe et ainsi baisser leurs charges.


Évolutions des charges et mesures d’économies. Quelque 28% des répondants déclarent avoir vu leur charges augmenter en lien avec la crise de Covid-19. Ces augmentations sont principalement liées aux trois raisons. Il y a d’abord l’augmentation des dépenses d’alimentation. Plusieurs retours qualitatifs évoquent une augmentation du coût des aliments. Il y a aussi l’augmentation de la charge de travail et le recours à des prestataires ou à des heures supplémentaires. Enfin, des chevaux qui devraient être vendus ont été conservés dans les cheptels. La majorité des répondants déclarent avoir des charges stables, même si, pour la plupart, ils font face à une diminution des produits. Les professionnels ayant répondus à l’enquête affirment majoritairement avoir mis en place des mesures d’économie. Deux mesures sont principalement mises en œuvre. La première est la mise à l’herbe des équidés, pour 64% des répondants. Les éleveurs constituent 71% et les établissements équestres constituent 25% des répondants ayant déclaré avoir mis à l’herbe leurs équidés. La seconde est le recours au chômage partiel, pour 37% des répondants. Les établissements équestres constituent 71% des répondants ayant déclaré avoir recours au chômage partiel.



Synthèse

On observe des pertes d’activité économique, engendrées par la crise sanitaire et la période de confinement, sur toutes les entreprises ayant une activité directement et indirectement liée au cheval. Il y a des pertes immédiates liées à l’arrêt d’activités: courses, compétitions équestres, enseignement, tourisme, formations, etc. Et on recense des pertes liées à des baisses ou des reports d’activités: étalonnage, ventes de chevaux, maréchalerie, ventes d’aliments et d’équipements, etc. À ce stade, on identifie deux grandes catégories d’impacts qui touchent les différents secteurs. Il y a des impacts à court terme, entraînés par l’arrêt complet des activités d’enseignement, la suspension des courses et la fermeture des ERP, touchant plus particulièrement les centres équestres qui ont surtout une activité d’enseignement et les entraîneurs de trot. Il y a des impacts à moyen et long terme : à six mois, sur les ventes, à un an sur la prochaine saison de reproduction, et sans doute au-delà, en lien avec les impacts sur l’économie globale et l’annulation des rassemblements de chevaux permettant la commercialisation, touchant plus particulièrement les entraîneurs de galop, les écuries de concours ou de valorisation de chevaux de sport et les éleveurs. Pour l’instant, les écuries de propriétaires, les maréchaux-ferrants et les vétérinaires sont globalement moins touchés par la crise. 

On pressent d’ores et déjà que la filière équine, dans toutes ses dimensions, subira à long terme des effets différés de la crise de Covid-19. La situation étant évolutive, cette étude sera poursuivie, dans le temps, par de nouvelles vagues d’enquêtes. La prochaine devra permettre d’obtenir les données d’avril 2020, premier mois complet passé en confinement. D’autres vagues seront mises en œuvre pour évaluer les effets à six mois, un an, etc.

Retrouvez ici les informations nationales (aides, foire aux questions, etc.) publiées par la Fédération des conseils des chevaux.

En partenariat avec les structures équines régionales (fédérations des courses, comités régionaux d’équitation, associations d’éleveurs, Délégations Territoriales de l’IFCE, etc.), les Conseils des chevaux répondent aux questions des professionnels et les accompagnent concrètement pour identifier leurs besoins et accéder aux aides. Rendez-vous ici.