Dans les yeux amoureux d’Alessia Delaurenti, nounou des chevaux d’Emanuele Gaudiano

L’arrêt mondial des compétitions dû à la pandémie de Covid-19 a ralenti la course folle du sport. Cette période offre une belle occasion de mettre en lumière les grooms, qui entourent de leurs soins les meilleurs chevaux du monde. Depuis trois ans au service de l’Italien Emanuele Gaudiano, vingt-cinquième au classement mondial Longines des cavaliers, Alessia Delaurenti n’a d’yeux que pour ses champions. Un regard rempli d’amour et de tendresse.



On retrouve ici la jeune femme avec son cheval de cœur, qui vit aujourd’hui chez ses parents, en Italie.

On retrouve ici la jeune femme avec son cheval de cœur, qui vit aujourd’hui chez ses parents, en Italie.

© Collection privée

Alessia Delaurenti naît le 18 août 1995, à deux pas de Turin, capitale du Piémont, en Italie, à une soixantaine de kilomètres de la frontière française. La jeune Italienne découvre l’équitation à l’âge de dix ans au sein d’un centre équestre voisin, grâce à sa cousine Nicole. Suivant un parcours assez classique, Alessia a la chance de croiser la route d’une petite ponette belge prénommée Victorientje qui l’initie à la compétition avec succès dans les trois disciplines olympiques. En 2011, son père lui offre un bel alezan de cinq ans. “Il est né en 2006, la même année que Caspar 232”, glisse Alessia, en faisant référence au crack gris (OS, Berlin x Padarco 2) d’Emanuele Gaudiano. Ma famille n’était pas spécialement attirée par l’équitation mais mon père est devenu mon premier supporter”, poursuit-elle. Il s’occupe d’ailleurs actuellement de mon cheval, laissé à ses bons soins dans notre propriété familiale, en Italie.” 

Motivée par sa passion pour l’animal plus que par la compétition, Alessia, dix-huit ans et baccalauréat en poche, s’installe pendant neuf mois en Belgique pour y apprendre le métier de palefrenière, d’abord au sein d’un haras puis dans des écuries de sport et de commerce. Fin 2014, elle entre en contact avec Alison McIvor, fondatrice de Show Grooms International, une compagnie spécialisée dans le recrutement, qui lui présente Edward Doyle, un cavalier irlandais qui évolue en CSI 2*. Je l’ai rejoint en Irlande puis l’ai accompagné pendant deux semaines au Mediterranean Equestrian Tour, à Oliva, en Espagne. J’ai beaucoup apprécié cette première expérience de groom de concours freelance mais je n’ai pas souhaité la poursuivre car je ne me voyais pas vivre en Irlande”, confie la jeune femme.

Six ans plus tard, Alison McIvor se souvient très bien des débuts de la jeune groom. La première chose que l’on remarque chez Alessia, c’est sa positivité! Elle est enthousiaste et déterminée à ce que tout se passe au mieux pour les chevaux. Je débutais mon activité et Alessia fut la première groom que j’ai envoyée en mission. Vu que sa collaboration avec Edward s’est très bien passée, je lui ai proposé plusieurs autres contrats, tous concluants. Elle a bien sûr débuté avec une petite expérience dans les grands événements, mais depuis elle a traversé le monde entier et a contribué à tant de belles réussites… Je suis très fière d’avoir pu l’aider à accomplir son rêve!”

En 2016, la jeune groom rencontre la cavalière canadienne Elizabeth Bates qui concourt en CSI 2*, 3* et 4*. À l’époque, celle-ci travaillait au sein de l’écurie de commerce de Dietmar Gugler, à moins de cent kilomètres de Munich, en Allemagne – et qui a notamment vu passer Chesall Zimequest (Holst, Casall x Concerto II), le crack de Simon Delestre. Préoccupée par la santé de son grand-père, Alessia quitte finalement la Canadienne après le CSI de Vérone, en Italie, et rejoint sa famille pour s’en occuper durant une année.



Une positivité toujours au rendez-vous

Alors qu’il était compliqué à gérer à ses débuts, Chalou ne manifeste plus de crainte en présence de sa groom, qui n’hésite pas à dormir tout près de lui.

Alors qu’il était compliqué à gérer à ses débuts, Chalou ne manifeste plus de crainte en présence de sa groom, qui n’hésite pas à dormir tout près de lui.

© Collection privée

En septembre 2017, Alessia et Isabella, sa meilleure amie, se rendent à Rome pour assister à l’étape italienne du Longines Global Champions Tour. Sur place, Isabella a appris qu’Emanuele Gaudiano cherchait rapidement un groom pour l’accompagner durant trois semaines de concours au Maroc, le premier étant programmé deux semaines plus tard. Je n’étais pas vraiment emballée mais mon amie m’a incitée à accepter cette opportunité, qui n’était peut-être pas près de se représenter. Le plan était que je travaille avec Emanuele jusqu’au CSI 5*-W de Vérone, en novembre, puis que je retrouve ma famille.

Alors qu’elle fait marcher le très sensible Chalou (OS, Chacco-Blue x Baloubet du Rouet) dans la zone des écuries de Fiera Cavalli, le grand salon véronais, Emanuele Gaudiano, satisfait du travail de la jeune groom, lui propose de poursuivre au moins jusqu’au CSI 5*-W de Lyon. Et leur collaboration se poursuit avec succès depuis bientôt deux ans et demi. Alessia est désormais installée dans les écuries du vingt-cinquième mondial, à Vettelschoß, à une cinquantaine de kilomètres de Cologne, en Allemagne. C’est une travailleuse appliquée qui manifeste un véritable amour pour mes chevaux”, souligne Emanuele. Je sais que je peux lui faire parfaitement confiance pour accompagner mes chevaux partout dans le monde!”

Quand j’ai débuté chez Emanuele, j’ai tout de suite adoré Caspar. Chalou était plus compliqué, très ombrageux. Tout pouvait être problématique avec lui. La groom de Luca Moneta (cavalier italien de haut niveau connu pour ses méthodes de travail dites éthologiques, inspirées de celles de Pat Parelli, ndlr) m’a aidée à mieux le comprendre. Désormais, c’est le plus doux et le plus gentil des chevaux. D’ailleurs, je dors très souvent à ses côtés durant les concours. Du reste, il n’est pas rare de voir les chevaux d’Emanuele Gaudiano s’ébrouer ensemble dans leur paddock, marque parmi d’autres d’une évolution des pratiques de l’Italien, appréciée par certains observateurs, loin de l’image contrastée qu’il a parfois laissée transparaître en piste.

La pandémie de Covid-19 qui paralyse le monde a stoppé toutes les compétitions et déplacements depuis mi-mars. Comment le vit la jeune femme? Les concours me manquent, mais je suis heureuse du moment que je suis avec mes chevaux! Emanuele en monte huit à neuf par jour, donc je n’ai pas le temps de m’ennuyer! (rires) Je monte aussi parfois les chevaux sur le plat ou en extérieur. Je peux compter sur le précieux soutien d’Angela, la sœur d’Emanuele, qui groome aussi ses chevaux depuis de nombreuses années. Je me sens parfaitement à mon aise ici. J’apprécie aussi de voir Lisa, l’une des filles d’Emanuele, monter son poney tête nue. Ils s’amusent beaucoup, ces deux-là! Par ailleurs, Emanuele est un patron très compréhensif, qui peut tout à fait faire les boxes, seller, voire re-ferrer un cheval si besoin. En concours, il peut aussi m’aider à nettoyer les cuirs si je n’ai pas le temps de le faire. À part au tout début des concours, lors de l’échauffement, où je suis parfois stressée, je vis ces grands week-ends avec beaucoup de plaisir et de positivité.

À plus long terme, le futur reste à écrire pour Alessia. Lorsque je quitterai cette écurie, toute ma vie changera. Je ne pense pas poursuivre ensuite comme groom de concours. Je verrai bien ce que la suite me réserve, conclut-elle avec le sourire.



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