Solana Stables, le minimalisme dans toute sa splendeur
“Less is more“, professait Ludwig Mies van der Rohe, architecte américano-allemand du XXe siècle, à propos du Bauhaus, courant artistique avant-gardiste du minimalisme. Cette maxime, le créateur argentin Nicolás Pinto da Mota l’avait sûrement à l’esprit lorsqu’il a imaginé, dessiné puis mis sur pied les écuries Solana, au sud-ouest de l’Uruguay. En route pour l'Amérique latine.
En 2011, un riche Uruguayen, passionné et propriétaire de chevaux Pur-sang, aborde l’architecte argentin Nicolás Pinto da Mota et lui propose de concevoir sa propriété, nichée à Palmitas, dans le département de Soriano, au sud-ouest de l’Uruguay. Après avoir déjà bâti une dizaine de maisons et villas au Brésil, au Pérou, en Bolivie ou encore à Cuba, le passionné d’art minimaliste est l’un des architectes les plus cotés en Amérique du Sud. Aidé de sa consoeur Victoria Maria Falcon, le Latino se lance dans le projet de ces écuries, qui seront baptisées Solana - signifiant “lieu ensoleillé“ en espagnol. Avant même de poser les premières esquisses de ses plans de construction, Nicolás Pinto da Mota va passer plusieurs semaines à simplement observer les chevaux dans leur environnement naturel et analyser leurs déplacements afin de pouvoir imaginer la meilleure configuration possible pour eux. Deux ans plus tard, le projet voit enfin le jour, devenant probablement l’une des premières écuries de Pur-sang de ce genre.
UN ESPACE AUSSI ESTHÉTIQUE QUE FONCTIONNEL.
Réparties sur seulement 240 m², jadis occupés par des hangars et cabanons précaires, les installations hébergent huit boxes, une sellerie et une salle de soins, environnés de quelques hectares de prés plats et verdoyants. À l’intérieur du bâtiment s’étend un long couloir central en béton armé brut - évidemment propre comme si l’on y avait passé l’aspirateur. De chaque côté, les boxes, recouverts de dalles en caoutchouc, sont spacieux, mesurant de 3,40m sur 3,50m, et offrent chacun un accès direct aux paddocks via de grandes portes coulissantes en bois fin. Le plafond de la bâtisse, lui, est une charpente constituée d’une poutraison en bois lamellé, laissant filtrer la lumière extérieure. “Caverne d’Ali Baba du cavalier“, la sellerie, située au bout du couloir, est on ne peut plus basique. Offrant une splendide vue sur les prés grâce à une immense fenêtre en verre, la pièce est épurée, n’abritant que quelques porte-selles et un typique fauteuil AA d’Airbone.
TOUT LE CHARME RÉSIDE DANS LE DÉTAIL.
Outre les infrastructures équestres, l’originalité de ces écuries se niche évidemment dans son apparence globale, à commencer par l’immense porte d’entrée en bois mesurant 2,90m de hauteur sur 3,75m de largeur, et ne disposant d’aucun système d’ouverture apparent. Ni poignée, ni bouton, ni boîtier électrique. Un mystère ! Les murs extérieurs sont alternativement peints d’un gris nuancé et habillés d’un superbe moucharabieh. Dispositif de ventilation naturelle fréquemment utilisé dans l’architecture traditionnelle arabe, ce système élargit progressivement l’espace entre les briques. La nuit, cette réalisation devient encore plus divine avec le filtrage de la lumière artificielle des écuries. Quant au toit en acier, il est légèrement incliné afin d’éviter les stagnations d’eau, les fuites ou les infiltrations. En tout cas, cela ne fait aucun doute que ce lieu ensoleillé saura charmer chacun de ses locataires.
Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX heroes n°112, en juillet 2019.