" Bon nombre de chevaux reprendront le travail plus en forme après cette pause ", Christophe Schlotterer, vétérinaire

Comment reprendre le travail de son cheval après cette période de creux ? Pour Christophe Schlotterer, vétérinaire équin à Bailly-Romainvilliers en Seine-et-Marne, le confinement aura eu un effet bénéfique sur la santé des chevaux. Pour ceux qui ont continué de travailler, les propriétaires pourront jouir des fruits de cette activité, pour les autres, cette pause aura permis chez certains sujets de soigner quelques douleurs chroniques.



Avec la réouverture des structures équestres, de nombreux cavaliers vont pouvoir retrouver leur monture et reprendre l’entrainement. Après deux mois de pause, comment gérez la reprise ?

Les chevaux ont été confinés de façon différente. D’un côté, il y a ceux qui ont été travaillés par des professionnels pendant que leurs propriétaires n’étaient pas là. En Île-de-France, cela représente la grande majorité des équidés. Ils ont gardé une activité quotidienne. Ils ont été montés ou tournés à la longe ou mis au marcheur. Et ce travail, en général je l’espère, a même permis aux chevaux de progresser physiquement. Pour ce premier cas de figure, je dirai aux propriétaires de profiter du travail qui a été fait et de se faire plaisir. Il faut simplement reprendre sans excès et avec bon sens bien sûr. D’un autre côté, il y a les chevaux qui ont été mis au pré. Pour ceux-là, il faut reprendre progressivement comme après tout arrêt ou période de vacances. Tout d’abord, il faut les remettre en état de marche ! Par exemple, il faut commencer par refaire les ferrures. Ensuite, il faut faire des séances de quarante à cinquante minutes avec une bonne vingtaine de minutes au pas avec des assouplissements puis dix à quinze minutes de trot et enfin cinq à dix minutes de galop.

 

Pour tous ces équidés qui vont revenir aux écuries après une longue période au pré, leur condition physique risque-t-elle de s’être dégradée ?

Souvent ces chevaux-là seront un peu en surpoids. Ils auront profité de l’herbe de printemps donc il faudra éviter de les sur-nourrir pour qu’il puisse perdre un peu de poids. Néanmoins, on constate que les chevaux des gros clubs parisiens qui ont été mis au vert, n’ont jamais été aussi bien.  Avec ces deux mois de vacances, bon nombre d’entres eux ont soigné leur petites pathologies chroniques comme des douleurs de dos ou d’éventuelles douleurs articulaires liées à de l’arthrose modérée par exemple. Le fait d’avoir passé plusieurs semaines à marcher sans être immobilisé dans un box, leur a permis de s’améliorer. Comme ils ont eu une activité modérée, lente et régulière 24h/24, finalement ils ont fait du stretching et de la rééducation donc ils sont souvent, pour ne pas dire en grande majorité, en meilleur état physique d’un point de vue locomoteur. Il faudra simplement les laisser reprendre du souffle tranquillement. Mais cela va assez vite parce qu’ils se sentent mieux dans leur corps. Pour tous ces chevaux qui avaient des petits problèmes chroniques c’est un période qui est assez bénéfique. Lorsqu’on remonte dessus, on remarque qu’ils sont plus souples et plus mobiles. Nous constatons également que techniquement, les chevaux perdent très peu. On est toujours surpris quand on reprend le travail, quelle que soit la durée de la pause, de voir qu’ils n’ont rien oublié. Bien sûr dans l’exécution des choses compliquées il va falloir quelques jours pour revenir aux acquis initiaux. Evidemment il y a certains chevaux un peu plus raides qui vont demander plus de travail, mais en réalité pas tant que cela.



Recevez-vous beaucoup d’appel de propriétaires désireux de faire un point avec leurs chevaux avant de reprendre le travail ?

Pas beaucoup. Je pensais que nous allions avoir ce type d’appel mais pour l’instant non. Je crois que les gens sont contents. C’est aussi un espace de liberté qui leur a été rendu. Et les chevaux n’ont pas du tout souffert de cette période, bien au contraire.

 

Votre activité a-t-elle été plus calme durant le confinement ?

Une part de notre activité a disparu. Tout ce qui entoure la pratique sportive, c’est-à-dire la médecine et l’orthopédie du cheval de sport en période de compétition a disparu, tout comme les activités d’expertise et de commerce. Notre activité a baissé de 30%. Nous avons mis une bonne partie de l’équipe au chômage partiel. Et puis, même si c’est un peu provocateur, il faut dire que quand les gens voient moins leurs chevaux, ils trouvent qu’ils sont moins malades.