“L’annonce de l’annulation de toutes les compétitions et championnats m’a mis un véritable coup au moral”, Ilona Mezzadri

Habituellement aux rênes de sa tempétueuse grise Callas Rézidal Z à parcourir la France en quête de victoires sur le circuit As Élite Excellence, Ilona Mezzadri a dû, comme tous les cavaliers, raccrocher les bottes pendant plusieurs semaines. Si la double médaillée de bronze des championnats d’Europe Poneys de Strzegom en 2019 s’est un temps retrouvée perdue par la situation, de nouveaux objectifs ont finalement vu le jour. Entre retour sur le confinement et objectifs pour la saison à venir, la jeune amazone s’est confiée à GRANDPRIX.



Comment avez-vous vécu le confinement loin de vos poneys et de votre routine d’entraînement ?

Assez difficilement ! Je suis scolarisée en lycée privé dans une classe pour les sportifs de haut-niveau où je bénéficie donc de quatre après-midis par semaine pour pratiquer mon sport. Mes semaines sont donc habituellement bien réglées et le confinement m’a fait perdre tous mes repères. Nous avons décidé, en accord avec mon coach et mes parents, de rester confinés les trois premières semaines afin de respecter les mesures gouvernementales et pour des questions de sécurité. Ce chamboulement total m’a au départ fait perdre toute motivation. L’annonce de l’annulation de toutes les compétitions et championnats m’a aussi mis un véritable coup au moral. Je me demandais à quoi cela servait que je retourne monter s’il n’y avait plus aucun objectif ! À part prendre plaisir à promener mes chevaux et à les monter, je n’avais plus rien à espérer. 

Comment avez-vous occupé ces semaines de confinement ?

Les premiers jours, j’étais vraiment dépitée et j’ai eu du mal à m’adapter. Je me levais tard et ne faisais pas grand chose. Finalement, mes parents m’ont conseillé de trouver une autre occupation qui me donne un objectif quotidien. J’ai alors commencé un programme de sport focalisé sur le renforcement musculaire tous les soirs, j’ai également couru pour entretenir mon endurance et tout cela m’a aidé à retrouver une motivation. En plus de tout, j’ai suivi des lives de préparateurs mentaux avec qui nous avions travaillé durant le stage fédéral. Ceux-ci expliquaient comment garder de la motivation malgré l’annulation de toutes les compétitions et donnaient également des cours sur la respiration, la concentration, etc… Tout cela m’a finalement pas mal occupée. Je suivais également mon programme scolaire avec les cours en visioconférence. 

Qu’ont fait vos poneys et pendant ces deux mois ?

Les chevaux ont été travaillés régulièrement de manière plus tranquille. Durant cette période, ils ont perdu leur rythme intensif. Ils ont alterné entre longe, travail sur le plat, marcheur et paddock.

Comment s’est passé votre retour à cheval après cette pause ?

Quand je suis retournée monter le deuxième mois du confinement, je n’ai pu faire que de la carrière et du travail sur le plat. Mon coach, Éric Denarnaud, ne voulait ni que nous allions en trotting ni que nous sautions pour éviter tous risques de chute en cette période. Cela a été compliqué de maintenir le moral des chevaux pendant deux mois à ne faire que de la carrière, mais nous étions néanmoins contents de nous retrouver ! Dès que le déconfinement a commencé je les ai tout de suite emmenés dehors mais je n’ai ressauté mon premier cavaletti que hier (entretien réalisé le vendredi 21 mai, ndlr) ! Ça a été long ! 

La fin de la saison et les championnats de France ont été annulés, comment avez-vous accueilli cette nouvelle, sachant qu’il s’agit de votre dernière année à poney ?

Ça a été un choc car Lamotte-Beuvron est pour nous, cavaliers poneys, un événement auquel nous nous rendons chaque année à la même période. Depuis 2012 j’y vais tous les ans et j’ai eu du mal à encaisser l’idée de ne pas y aller du tout, c’était inconcevable ! J’aurais adoré pouvoir participer trois années consécutives aux championnats de France As Élite Excellence avec Callas… Ça a été dur à digérer puis j’ai relativisé en réalisant la chance que j’avais d’y avoir déjà décroché des médailles ! 



“Imaginer les écuries sans Callas semble compliqué”

Ici à Bordeaux en février, Ilona Mezzadri est en selle sur sa fidèle Callas Residal Z, qu'elle ne pourra plus monter en compétition l'an prochain.

Ici à Bordeaux en février, Ilona Mezzadri est en selle sur sa fidèle Callas Residal Z, qu'elle ne pourra plus monter en compétition l'an prochain.

© Scoopdyga

Les championnats d’Europe ont aussi été annulés et devraient être remplacés par une épreuve internationale, les Pony Masters. Est-ce un objectif pour vous ? 

Tout est très flou, je ne sais pas si nous irons, cela dépendra du staff fédéral et de l’évolution des choses. Nos objectifs sont pour l’heure un peu vagues. Du côté des poneys, je n’ai plus que Callas. Je ne sais pas quand je ferai mon dernier parcours avec elle… Rien n’est encore sûr concernant la suite de la saison à poneys. Si cela est possible et qu’il y ait un circuit indoor pourquoi pas concourir avec Callas jusqu’en décembre, mais je suis déjà bien équipée à cheval et j’ai des objectifs sur ce circuit… Si je dois, par manque de temps, me consacrer uniquement aux chevaux alors je le ferai. 

Comment se compose aujourd’hui votre piquet de chevaux ? 

Cette année mon objectif était le circuit Grand National avec 4 chevaux. J’étais dans une équipe aux côtés d’Alexis Deroubaix et Inès Joly. Tout avait été organisé pour que ma transition à cheval se fasse dans les meilleures conditions possibles, j’espère que cela se reproduira l’an prochain.   

Mon cheval de tête est Arcy Fou (Ogano Sitte X Orlando), un étalon de dix ans que nous louons. Ensemble, nous avons commencé les 1,35m-1,40m ; j’étais notamment classée dans un GP Pro 2 135 avant le début du confinement. Diamond’s Dream a récemment rejoint mon piquet. Il s’agit d’un jeune cheval de sept ans, étalon par Canabis Z, qui a fait la finale des championnats du monde des 6 ans à Lanaken l’an passé. Nous avions démarré les 1,30m et tout se passait bien. Il a notamment réalisé un sans-faute dans l’épreuve réservée aux sept ans au Grand National d’Auvers en mars, mais nous n’avons pu continuer le concours en raison de la crise sanitaire. J’ai aussi Venyse Ste Hermelle, fille de Callas, avec qui je m’amuse sur des parcours à 1,30m et qui appartient à mon coach. Nous avions démarré les 1,35m. Nous ne savons pas trop encore quels moyens elle a exactement. Enfin, Rapsodie de Godion, la mère de Diamond’s Dream, est celle avec qui j’ai fait mes premières compétitions à cheval il y a trois ans. Nous avons commencé les épreuves à 1,40m. Elle était aussi amenée cette année à participer aux belles épreuves du Grand National. 

Quels sont vos objectifs pour l’année prochaine ? 

L’an prochain, si tout revient à la normal, mon objectif est de participer au circuit Junior et de figurer dans l’équipe de France. En commençant les poneys je n’avais pas vraiment d’objectif d’équipe de France mais, depuis que j’ai découvert cela, et que j’ai vécu d’incroyables expériences collectives je veux recommencer ! Nous allons nous donner les moyens pour et nous verrons ! 

Qu’adviendra-t-il de Callas Rezidal Z ?

Je n’ai aucune idée de ce qu’Éric voudra faire avec Callas. Je crois que lui non plus ne sait pas bien… Il ne le dit pas, mais il est très attaché à cette ponette qui est un vrai personnage. Imaginer les écuries sans elle semble compliqué. De mon côté, j’ai vraiment du mal à me dire que c’est la fin de notre histoire… Imaginer la vie aux écuries ou partir en concours sans elle est vraiment très difficile.



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