L’après confinement : comment réintroduire l'entraînement ?

Promulgué le 17 mars afin de lutter contre la propagation du Covid-19, le confinement a coupé la majorité des cavaliers français - exceptés les professionnels - de leurs chevaux durant de longues semaines. Comment réattaquer le travail avec sa monture après une si longue pause ? Voici quelques clés pour réussir un retour en forme.



Si par chance le virus Covid-19 ne peut atteindre les chevaux, bon nombre d’entre eux auront malgré tout vu leur quotidien modifié pendant la période de confinement, entamée depuis le 17 mars en France. En l’absence de leur propriétaire, l’entraînement de certains aura été considérablement diminué, voire totalement suspendu. Dans le meilleur des cas, ceux-ci auront profité de vacances au pré, mais d’autres auront connu une période d’inactivité préoccupante. Lors du retour aux écuries, la plupart des cavaliers risquent de déplorer une dégradation générale de la condition physique de leur partenaire : perte de muscles, prise de poids, voire baisse de moral. Pas de panique ! Vigilance et patience permettront un retour à la normale en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Cette parenthèse ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir.

Il n’y a aucune raison pour qu’un cheval ne récupère pas sa forme et son niveau d’avant confinement. C’est une question de temps et de méthode. Les trois volets principaux à prendre en compte sont la santé, le physique et le moral. Si l’équidé a manqué d’exercice et d’interactions durant cette période exceptionnelle, il va avoir besoin de davantage d’attention. Passer du temps à ses côtés lui fera reprendre du poil de la bête. L’absence de son propriétaire l’aura forcément affecté et chaque instant passé ensemble le réconfortera. Le panser, le faire brouter, lui donner des carottes et un maximum de caresses semble être un remède agréable et efficace.

Avant de reprendre le travail, il est bon de s’assurer que le cheval est en bonne santé auprès d’un vétérinaire. Est-il à jour de dentiste, maréchal-ferrant, ostéopathe ? A-t-il été correctement vacciné et vermifugé durant le confinement ? Un bilan clinique est d’actualité afin de vérifier son état général et locomoteur. Le manque d’activité peut avoir entraîné des conséquences telles que l’engorgement des membres ou des problèmes intestinaux. Si l’équidé est fortement démusclé ou que son poids a changé de manière significative, un professionnel de santé pourra indiquer la démarche à suivre. Il est essentiel d’adapter les rations de nourriture à son activité physique.



REMISE EN FORME : GARE AUX COURBATURES

Progressivité doit être le maître-mot de cette remise en état. Piaffant d’impatience de se remettre en selle, tout cavalier n’aura qu’une hâte : reprendre l’entraînement là où il l’avait laissé ! Dans l’intérêt de son partenaire, il va falloir résister à cette tentation. Pas question de monter sept jours sur sept en explorant tout un répertoire d’exercices de dressage. Si l’entraînement a été totalement stoppé durant plusieurs semaines, il va falloir encore patienter avant de remettre le pied à l’étrier. Dans un premier temps, il serait bénéfique de reprendre le travail à pied. Évidemment, si un cheval est très peu sorti durant plusieurs semaines, il risque d’être agité. Dans ce cas, mieux vaut éviter de le lâcher immédiatement en liberté car il risquerait de se blesser. Dans la mesure du possible, des séances de marcheur seraient idéales pour une reprise, ou des séances de longe. L’objectif est de graduellement remettre en place une gymnastique permettant au cheval d’assouplir sa musculature, de dérouiller ses articulations, de reprendre du souffle, mais également de redevenir attentif aux indications de son partenaire. Au début, une vingtaine de minutes de longe suffiront, car l’un comme l’autre auront certainement perdu en condition physique et en souffle. Des phases de repos vont devoir être intégrées aussi souvent que les premiers signes d’inconfort se feront ressentir : respiration bruyante, hyperventilation des naseaux, mouvements accélérés de la cage thoracique. Fractionner l’entraînement aidera la monture à retrouver petit à petit sa capacité cardio-respiratoire. Accorder des temps de récupération proportionnels aux temps d’effort est conseillé. 

Après avoir longuement marché au pas, il serait bon de multiplier les transitions, d’abord au pas et au trot, puis aux trois allures dans les jours suivants, et aux deux mains sur une large courbe. Varier l’amplitude et la trajectoire permettra de réintroduire progressivement les codes, l’équidé retrouvant petit à petit ses habitudes pour devenir attentif à la moindre indication. Il ne faut pas hésiter à répéter cette séance de longe plusieurs jours de suite en augmentant chaque jour la durée d’entraînement, sans oublier les pauses, tout en intégrant des jours de repos avec marche en main ou liberté. Aussi, il faut choisir un enrênement qui orientera le cheval correctement sans le contraindre excessivement. Au fur et à mesure des séances, il est conseillé d’encourager une attitude de stretching afin d’améliorer le fonctionnement de l’ensemble de la ligne du dos. Graduellement, il faut demander chaque fois plus d’impulsion, d’engagement, de réactivité. Après plusieurs séances de longe, le surfaix pourra être remplacé par la selle afin que le cheval se familiarise à nouveau avec cette sensation.



REMISE EN SELLE : ÉTIREMENTS ET TRANSITIONS

Après ces premières étapes, il est temps pour le cavalier de chausser ses bottes et de mettre son casque. Il va sans dire que les personnes qui auront profité du confinement pour se renforcer musculairement trouveront cette reprise plus facile que les autres ! Si cette pause équestre a permis de parfaire le gainage, les abdominaux, les dorsaux, le cardio ainsi que l’ensemble du physique de certains, le retour en selle sera nettement plus aisé. Sinon, quelques courbatures pourront se faire ressentir. Attention, reprendre progressivement le travail ne signifie pas être paresseux. Le temps de gymnastique doit être adapté, mais pas question d’évoluer au ralenti avec un cheval en vrac. Ce dernier doit impérativement être dans les aides, sur la main, réactif et connecté, en avant dans l’impulsion et dans la rectitude. Il faut faire des choses simples, mais bien. Au début, il est préférable de multiplier les cercles et les lignes droites en continuant d’améliorer les transitions jusqu’à ce que les réactions du cheval soient tout à fait en adéquation avec les demandes du cavalier, qui devra se contenter d’une attitude basse et ronde. Ne pas oublier de marcher longtemps avant et après la détente. Ce genre de séances est à répéter durant quelques jours sans être trop gourmand, mais en augmentant très progressivement à la fois la durée de l’entraînement et le niveau d’exigence. Rappel : tout cavalier passionné sera en manque d’équitation, mais il n’est pas question d’abuser des bonnes choses. Après une trêve de plusieurs semaines ou mois, un cheval a besoin de temps de récupération, donc il faudra alterner les jours d’entraînement avec des jours de repos au paddock ou en liberté. Si cela ne présente aucun risque, dans un environnement calme avec un cheval fiable, il est concevable de réintroduire les balades en extérieur à ce stade. De longues marches au pas en dehors du manège seront bénéfiques autant au corps qu’à l’esprit. 

Une fois le cheval à l’aise aux deux mains et aux trois allures, il est envisageable de réintégrer du travail latéral. Il est bon de commencer avec de légères épaules en dedans et cessions à la jambe sans trop de croisement. D’abord au trot puis au galop, le cheval doit avoir le temps de se stabiliser sur cet exercice avant de montrer plus de parallélisme et de mouvement latéral. Lorsqu’il sera assoupli, à l’aise aux deux mains, de la difficulté peut être rajoutée avec les têtes au mur, croupes au mur et appuyers. De la même manière, il est déconseillé de demander des lignes de changements de pied dès le premier coup, mais plutôt de reprendre tranquillement avec des isolés durant quelques séances avant de complexifier les exercices. Voilà, le tour est joué ! À ce stade, cavalier comme cheval auront fait le plus dur et apercevront certainement la lumière au fond du tunnel. Encore quelques efforts et la préparation des concours ne semblera plus si éloignée…

Cet article est paru dans le magazine GRANDPRIX n°116 au mois de mai.

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