“J’ai hâte de me mesurer à nouveau aux meilleurs”, Pénélope Leprevost

Dans son paradis de Lécaude qui prend peu à peu des airs d’arche de Noé, Pénélope Leprevost a vécu un confinement paisible et heureux. La championne olympique par équipes a profité de ces huit semaines pour s’essayer au bricolage et apprendre à connaître trois nouvelles montures d’envergure, qu’elle a hâte de présenter en compétition une fois la situation revenue à la normale. En attendant, la Normande a renfilé son pantalon blanc pour aguerrir ses espoirs de demain à Deauville. Entre deux journées de compétitions réservées aux Jeunes Chevaux, l’amazone a répondu aux questions de GRANDPRIX.



Comment avez-vous vécu la période de confinement ? 

J’ai beaucoup de chance car je suis installée à Lécaude, dans un endroit magique. J’ai passé deux mois avec mes chevaux, ma fille et tous mes autres animaux donc je ne suis franchement pas à plaindre. Bien sûr, le rythme de vie a changé, tout était plus tranquille avec moins d’objectif et de pression. Je pense que cela a été bénéfique pour certains chevaux, notamment ceux disposant de peu d’expérience, car nous avons pu prendre le temps de solidifier les bases. J’ai également pu en profiter pour apprendre à former un couple avec les nouvelles recrues. Pour ce qui est des chevaux d’expérience, c’est-à-dire Vancouver, Varennes et Excalibur, ils ont carrément été mis en vacances. Même si j’adore l’endroit où je vis, je dois dire que j’ai vraiment hâte de reprendre la route des concours de haut niveau et que mes amis m’ont beaucoup manqué. 

Vous avez depuis peu repris le chemin des compétitions réservées aux Jeunes Chevaux… 

Tout à fait, pour la deuxième semaine consécutive je concours à Deauville. Je ne lâche rien (rires) ! J’aime monter à cheval, que ce soit des épreuves Jeunes Chevaux ou des rendez-vous plus importants. Cela me permet également de savoir où j’en suis dans la progression des recrues d’avenir car aux écuries nous ne sommes pas confrontés à la réalité de la compétition. 

Avez-vous trouvé de nouvelles occupations pendant le confinement ? 

Oui, j’ai fait du bricolage pour la première fois de ma vie (rires) ! Je pense que la plupart des jardins des haras étaient somptueux pendant cette période car nous nous sommes tous mis au jardinage ou au bricolage. J’ai fait des choses que je ne fais pas d’habitude. 



“Accepter ce qu’il se passe dans nos vies et espérer que les Jeux auront bien lieu l’année prochaine”

© Michel Robert a confié Careca LS Élite, le fils de Rebeca LS à son amie Pénélope Leprevost.

Y a-t-il eu du mouvement dans vos écuries ces dernières semaines ? 

Quelques chevaux m’ont rejoint oui. Michel Robert m’a confié Careca (LS Élite, ndlr), un cheval qu’il montait l’année dernière et qui a été dans mes écuries lorsqu’il était jeune. C’est un fils de Rebeca LS (la jument avec laquelle Edward Levy concourt jusqu’en Grands Prix CSI 5*, ndlr) qui a eu neuf ans cette année. Nous avons pu faire connaissance pendant le confinement, je n’attends plus que les concours démarrent ! Il s’agit d’un cheval qui a beaucoup de talent et un avenir très prometteur. Il est un peu délicat donc il faudra que je prenne le temps. J’ai aussi appris à connaître davantage Bingo del Tondou, avec lequel je suis également amenée à concourir. C’est un fils de Vigo d’Arsouilles que mon cavalier Régis Bouguennec a formé dès le départ. Il est le seul à l’avoir monté depuis ses six ans car il n’avait jamais concouru auparavant. J’en suis la copropriétaire avec la famille Hécart. Régis l’a monté à six, sept et huit ans jusqu’à prendre part à des épreuves à 1,50m la saison passée. J’essaie de former un couple avec lui et je pense qu’il est exceptionnel. J’ai également monté Bolero de Beaufour, un cheval appartenant à Éric Levallois. C’est un étalon par Nabab de Rêve que montait Benoit Cernin et dont Régis a pris les rênes quelques temps. J’ai profité du confinement pour essayer de prendre mes marques avec lui, qui dispose également d’un grand potentiel. Pour le reste, aucun cheval n’a quitté mon piquet. 

En raison de la crise sanitaire d’envergure mondiale, aucune des étapes du Longines Global Champions Tour n’aura lieu en 2020, le Longines Masters de Paris vient d’être annulé comme les Coupes du monde de Madrid et Helsinki… Cette situation vous inquiète-t-elle ?

Il est certain que les organisateurs de concours ont fait le maximum pour que leurs évènements aient lieu. S’ils doivent finalement les annuler, c’est qu’ils y sont contraints. Je suis convaincue qu’ils ont fait tous les efforts possibles pour aller au bout de leur projet. C’est vraiment triste car nous avons tous envie de reprendre le cours de notre vie. J’ai hâte de pouvoir à nouveau voyager tous les week-ends, refaire des Grands Prix difficiles, et de me mesurer aux meilleurs… Lorsque l’on constate que la plupart des concours CSI 5* ne va pas avoir lieu on se dit « mince, où va-t-on aller ? ». C’est assez inquiétant. Si tous les meilleurs couples du monde se retrouvent en CSI 3* alors qu’ils courent habituellement des CSI 5*, cela va donner lieu à un drôle de mélange. On verra ce qu’il se passe, personne n’a le choix et on subit la situation. Je pense que de toute façon tout le monde se donne à fond pour que la situation revienne presque à la normale. Il ne nous reste qu’à accepter ce qu’il se passe dans nos vies et espérer que les Jeux auront bien lieu l’année prochaine (depuis l’annonce du report des Jeux olympiques de Tokyo, le spectre d’une annulation a plusieurs fois plané, ndlr).