La FEI prend une décision historique en suspendant un cavalier vingt ans pour maltraitance

En prenant la décision de suspendre vingt ans le cheikh Abdul Aziz Bin Faisal Al Qasimi pour avoir maltraité et causé la mort de son cheval Castlebar Contraband, le tribunal de la Fédération équestre internationale (FEI) vient de prendre une décision historique. Les faits se sont déroulés lors du CEI 1* de Fontainebleau, le 15 octobre 2016. 



Le 3 juin dernier, le Tribunal de la Fédération équestre internationale (FEI) a rendu une décision sans précédent. Jugé pour avoir blessé et entrainé la mort de son cheval Castlebar Contraband, le cheikh Abdul Aziz Bin Faisal Al Qasimi a e effet été condamné à une suspension de vingt ans et à une amende de 17 500 CHF (soit 16 183 euros). Le cavalier représentant les Émirats Arabes Unis va également être contraint de rembourser les frais de procédure s’élevant à 15 000 CHF (soit 13 871 euros). L'athlète a été suspendu pour vingt ans au total – dix-huit ans pour avoir maltraité un cheval et deux ans pour violation des règles de la médication équine contrôlée (ECM). La suspension a commencé à compter de la date de la décision, le 3 juin 2020, et se poursuivra jusqu'au 27 mai 2040.

Le 15 octobre 2016 à l’occasion du CEI 1* de Fontainebleau, Castlebar Contraband avait été victime d’une fracture ouverte au niveau du canon de l’antérieur droit. Alors âgé de dix ans, le hongre gris n’avait pu être sauvé et avait dû être euthanasié sur place. Des prélèvements réalisés sur sa dépouille ont par la suite révélé la présence d'une substance médicamenteuse contrôlée, la Xylazine. Ce produit est utilisé comme sédatif, analgésique et relaxant musculaire mais est interdit en compétition. Rapidement excrétée par le corps, la Xylazine est connue pour être utilisée en endurance pour abaisser la fréquence cardiaque, et ainsi éviter une élimination lors d’un contrôle vétérinaire. Chez les chevaux, aucun équivalent à des fins thérapeutiques n’existe pour cette substance. 

Le Tribunal de la FEI a accepté l'explication de la vétérinaire traitante, qui a pratiqué l'euthanasie. Cette dernière soutient avoir suivi un protocole standard qui n'incluait pas l'utilisation de la Xylazine, réfutant l'accusation de la défense du cheikh, selon laquelle le produit aurait été administré dans le processus d'euthanasie.



“Une très bonne décision pour le bien-être des chevaux et la lutte contre le dopage”

Au cours de l'audience, le directeur vétérinaire de la FEI, Dr Göran Åkerström, a déclaré que le blocage nerveux supprime la “fonction protectrice fondamentale de la sensibilité” et augmente le risque de blessure mortelle. Cela est particulièrement le cas pour les fractures dues à la fatigue osseuse (fractures de stress), car un cheval ne présentera aucun signe de douleur, comme par exemple une boiterie, sous l'influence d'une substance injectée. 

Le rapport post mortem a révélé l'apparition de multiples lésions avec une localisation très ciblée, cohérente avec les injections récentes, démontrant que le cheval avait été privé de sa sensibilité lors de l'entraînement, avant et pendant la compétition. Cette désensibilisation, associée à l'arthrose de l'articulation du boulet avant droit, a entraîné des fractures de stress qui ont finalement causé la blessure mortelle.

 

“Il s’agit d’une très bonne décision pour le bien-être des chevaux et la lutte contre le dopage dans le sport équestre”, a déclaré le directeur juridique de la FEI, Mikael Rentsch. “Nous sommes très heureux de voir une sanction aussi sévère prononcée par le Tribunal FEI et elle avertit sévèrement les autres que le Tribunal ne tolérera pas les cas de maltraitance des chevaux”, a-t-il complété.

“Cette affaire a été le cas tragique d'un cheval qui a perdu la vie à cause de la désensibilisation et du micro-dosage et, même si nous craignons que cela dure depuis un certain temps, ce fut la première véritable preuve que nous avons eu d'un blocage nerveux lors d’une course”, a déclaré le Dr Göran Åkerström, directeur vétérinaire de la FEI. “Cela a entraîné un changement dans nos procédures post mortem afin de les rendre plus médico-légales et nous a également permis de prioriser la recherche et le développement du système de contrôle d'hyposensibilité qui est désormais en place”.