Camille Garibal, quand seuls la passion et l’amour du cheval font venir le succès
Mordue d’équitation depuis son plus jeune âge et issue d’une famille modeste et extérieure au monde du cheval, Camille Garibal écrit son futur à l’écoute de ses envies équestres. Pratiquant ce sport avant tout pour se faire plaisir, cette jeune Aveyronnaise de vingt deux ans espère se faire une petite place au soleil grâce à de bonnes rencontres et quelques paris sur l’avenir, à commencer par le jeune étalon Selle Français Hollister du Plantey, troisième cet hiver du championnat des mâles de trois ans.
“Se faire plaisir au maximum et ne pas se fixer d’objectifs.” Telle est la philosophie de Camille Garibal, cavalière et éleveuse de vingt-deux ans. En 2017, au hasard d’une publication Facebook, la jeune Aveyronnaise tombe sur un tout jeune poulain d’un mois, né à Castres-Gironde, à vingt-cinq kilomètres au sud-est de Bordeaux. Hollister est le premier produit de l’élevage du Plantey. “J’ai vu que c’était un fils de Dominator 2000 (Z, Diamant de Semilly x Cassini I, ayant émergé au plus haut niveau fin 2018 sous la selle de l’Allemand Christian Ahlmann, ndlr). Je m’étais intéressée à cet étalon quelques mois plus tôt, séduite par sa qualité de saut. Il était très démonstratif. Il était encore un jeune reproducteur, mais je me suis dit que ce poulain pourrait être prometteur”, raconte-t-elle.
Camille n’hésite pas une seule seconde et explique à ses parents son nouveau projet fou. Ayant pour habitude de la suivre sans trop lui poser de questions, ils acceptent tout de suite. “Il fallait se prononcer très vite car d’autres personnes étaient sur le coup. Alors nous lui avons donné notre feu vert !”, se rappelle Isabelle Garibal, la mère de Camille. Ainsi, du haut de ses dix-neuf ans, Camille se débrouille pour ramener sa nouvelle merveille chez elle. “Elle n’avait même pas le permis”, rappelle sa mère. “Elle sentait qu’il ne fallait pas laisser filer ce poulain alors elle s’est débrouillée seule pour le ramener alors que j’étais en déplacement à l’étranger et que son père ne pouvait pas se libérer.”
Deux années s’écoulent dans les prairies des écuries de Briounas, à Cruéjouls, un village niché à trente kilomètres à l’est de Rodez, aux confins des parcs naturels régionaux de l’Aubrac et des Grands Causses. Pour préparer son poulain aux origines prometteuses, issu de Soriana de Bray (SF, Gio-Granno x Darco) et de la souche de Gerbe d’Or (SF, Starter), laquelle a donné pas mal de gagnants à 1,40m et 1,45m, Camille, installée là depuis quelques mois seulement, choisit de faire confiance à Jean-Christophe Puel. “J’ai tout de suite accepté le projet de Camille, car nous nous sommes très bien entendu et que j’ai confiance en elle”, raconte-t-il. “Avec mes trente ans d’élevage au compteur, ce projet m’a fait sortir de ma routine. Au tout départ, je ne croyais pas spécialement en ce poulain, qui n’était pas époustouflant. Mais un jour, lors d’une séance de saut en liberté, il s’est produit un déclic et j’ai vu qu’il avait un vrai style.”
En achetant ce poulain à la robe noire, Camille a tout de suite nourri de grandes ambitions. “L’objectif était de le préparer pour la qualificative des mâles de trois ans du Stud-book Selle Français organisée à Aurillac”, explique Camille. Ses prestations lors de ce premier concours de modèle et allures permettent à Hollister du Plantey de se qualifier pour le championnat de France des trois ans, où le stud-book délivre ses agréments. “Une fierté”, pour la jeune femme. Très proche de l’homme lors de sa préparation, Hollister emmène donc sa jeune propriétaire jusqu’à Saint-Lô. “Selon les juges du concours d’Aurillac, il avait une chance d’être classé dans les dix premiers!” Après dix heures de route jusqu’en Normandie, en février de cette année, Hollister signe une superbe performance en se classant troisième, devant plus de soixante-dix concurrents. Un pari plus que gagnant pour l’éleveuse en herbe: premier mâle, première qualificative, premier championnat et premier podium!
De belles et nobles ambitions
Rien ne prédestinait la jeune Aveyronnaise à un tel parcours. “J’avais déjà eu des chevaux, quelques années avant d’avoir ma fille, mais je n’étais pas experte dans ce domaine, encore moins dans l’élevage”, indique Isabelle Garibal. Par “passion et amour pour l’animal”, les parents ont suivi la jeune fille sur les terrains de concours dès son plus jeune âge, jusqu’aux championnats de France de hunter et de saut d’obstacles, au niveau Amateur Élite. Sur les terrains de concours, Camille s’est d’abord illustrée en selle sur sa fidèle Syb du Durzon (SF, Drakkar des Hutins x Neptune d’Alary, AA). “Je l’ai eue quand j’avais douze ans, elle en avait quatre. Nous nous sommes construites ensemble, et elle m’a offert mes plus beaux souvenirs à cheval. C’est la jument de ma vie. C’est elle qui m’a donné cette passion et mon ambition”, se remémore la cavalière avec émotion. “Camille a la fougue et l’instinct d’une pilote”, décrit pour sa part Jean-Christophe Puel.
Pour autant, travailler dans le monde du cheval n’a pas toujours été un objectif pour Camille. “Quand j’ai dû mettre ma jument à la retraite, j’avais deux autres chevaux, Aschram (SF, Limbo x I Love You) et Vérité de Jarsay (ISO 139, SF, Berlin x Ryon d’Anzex), avec laquelle j’ai concouru jusqu’à 1,35m. Je ne savais pas trop ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Travailler dans le monde du cheval coûte très cher et rapporte très peu, alors j’ai décidé d’étudier pendant trois ans en école de commerce”, décrit Camille. Depuis quelques mois, la jeune femme poursuit sa route à Saumur, où elle a intégré une formation d’un an préparatoire au DE JEPS, dans le but de devenir entraîneur pour le “perfectionnement sportif”. Tout cela lui permettra de former, valoriser et commercialiser les chevaux des écuries de Briounas. À vingt-deux ans, elle ne cache plus ses ambitions d’avoir un jour sa propre écurie.
Un futur avec le domaine du Plantey
La recette de la réussite n’est pas si simple à concocter, Camille en est consciente, et la route est encore longue. “Je sais qu’il y a une part de chance, qui se manifeste par exemple dans le fait de miser sur le bon poulain du premier coup. Cependant, la réussite ne tombe pas non plus du ciel. Il faut être prêt à investir du temps pour ses chevaux. Si l’on se donne les moyens, on peut réussir!” Camille, qui achèvera sa formation à la fin de l’été, sait qu’elle en retiendra une expérience “très enrichissante”. La jeune éleveuse retrouvera ensuite ses chevaux et les écuries de Briounas. Le programme est déjà chargé de tas de projets tous plus ambitieux les uns que les autres. Ainsi, en 2021, Syb pourrait bien donner à Camille un poulain de son prodige Hollister. Un rêve logique, selon-elle, “d’autant que c’est un croisement parfait, avec une très grande probabilité d’avoir une robe noire et de très bonnes origines.” Camille espère également continuer de travailler en partenariat avec le domaine du Plantey dans le but de valoriser leurs chevaux.
Pour matérialiser ce rapprochement, il y a quelques semaines, elle a acquis in utero Kartell du Plantey, un nouveau poulain, fils d’I’m Special de Muze (BWP, Emerald van’t Ruytershof et Walnut de Muze par Nabab de Rêve). “L’objectif est de faire la même chose qu’avec Hollister, voire mieux, puisque le poulain a une souche mère encore plus qualiteuse. Nous sommes confiants et nous y croyions”, confie la jeune femme. Ce poulain à la robe foncée, fils d’Eloa de la Vallée (SF, Todt Un Prince x Lando), poulinière issue de la très bonne souche de Gervaise (SF, Quo Vadis), laquelle a déjà donné des champions tel que Symphonie des Biches (ISO 164, SF, Kannan), Un Amour La Goula (ISO 158, SF, Lando), Rimell de la Vallée (ISO 154, SF, Kannan), Volver de la Vigne (ISO 154, SF, Diamant de Semilly) ou encore Nymphe de la Vallée (ISO 146, SF, Cumano), est né il y a quelques semaines pour le plus grand bonheur de sa propriétaire. “Dans deux ans, après avoir lui aussi galopé dans les prés aveyronnais, peut-être que Kartell suivra les traces d’Hollister. Je l’espère en tout cas!” C’est tout ce qu’on lui souhaite.