“Pour un jeune cavalier comme moi, la GCL est un accélérateur de carrière”, Titouan Schumacher

S’il y a bien un jeune talent français dont on entend parler ces dernières semaines, c’est Titouan Schumacher. Pour cause, l’Eurois de vingt-cinq ans a fait mouche à Shanghai, où il concourait pour la toute première fois en CSI 5* à l’étranger. Entre deux épreuves à Bourg-en-Bresse, où il n’a pas participé au Grand Prix afin d’économiser Atome Z*Brimbelles en vue de Cannes, Stockholm et Monaco, le cavalier installé au haras des Brimbelles s’est confié. L’occasion d’évoquer son expérience à Shanghai, son intégration à la Global Champions League, les Jeux méditerranéens, ainsi que son système. Entretien. 



Au début du mois, vous avez participé à votre toute première étape du Longines Global Champions Tour (LGCT). Quel souvenir en gardez-vous ? 
Il s’agissait d’une super opportunité ! Évidemment, en amont, cela a engendré un peu de stress car il s’agissait quelque chose de tout à fait inédit pour moi. Il fallait aussi faire voyager les chevaux à l’autre bout du monde… Cela étant, d’un point de vue logistique, cela a été très confortable car le Global organise tout. Une fois sur place, tout s’est très bien passé et mes chevaux ont été supers (Atome Z*Brimbelles a pris la septième place de l’épreuve qualificative au Grand Prix et la huitième de ce point d’orgue, tandis qu’Eliot Brimbelles Z n’a laissé qu’une barre à terre sur ses deux épreuves courues, ndlr). Je n’en retire que du positif ! 
 
Atome Z*Brimbelles y courait son deuxième Grand Prix CSI 5* après celui de Dinard l’été dernier. Sa bonne huitième place était-elle une surprise ? 
Oui et non, car on ne s’attend pas à réaliser un sans-faute si vite, mais je savais que mon cheval était capable de le faire. Je suis en tout cas extrêmement heureux et fier de son comportement. C’est d’autant plus spécial car nous l’avons fait naitre et je le monte depuis qu’il a cinq ans. 
 
Quels vont-être vos objectifs avec lui cette saison et jusqu’où pourrait-il vous emmener ? 
Il va particulièrement être consacré au Global cette saison, car il me reste huit étapes à courir si tout va bien. Il s’agit déjà d’un programme important et je ne veux pas le griller car il s’agit de sa première saison à ce niveau. J’aimerais aussi me servir de cela pour faire progresser mes autres chevaux. 
Tant qu’il n’a pas à sauter sur un terrain en herbe, Atome pourra tout faire. Cette contrainte peut être un handicap, mais le staff fédéral est au courant qu’il ne saute que sur le sable. C’est un cheval sur l’œil, qui peut avoir des réactions assez spéciales de temps en temps. En revanche, lorsqu’il est dans ses grands jours, il pourrait venir à bout de n’importe quel parcours ! 


“Je privilégierai toujours l'équipe de France au Global”

Sur quels autres chevaux pouvez-vous compter pour l’épauler ? 
J’ai donc Amak des Brimbelles Z qui débute les Grands Prix CSI 2*, Eliot Brimbelles Z, qui commence à faire de bons parcours à 1,50m. Il manque encore d’expérience mais devrait être bon. J’ai aussi Centorina, une jument de huit ans qui n’est pas issue de notre élevage mais en laquelle je crois beaucoup également. D’ici six mois ou un an, je pense que quatre ou cinq de mes chevaux pourront prendre le relai. 
 
Comment avez-vous intégré les Hamburg Giants, équipe de la Global Champions League ? 
Il faut un cavalier de moins de vingt-cinq et classé dans les deux cent cinquante meilleurs cavaliers au monde dans chaque équipe. J’ai donc été contacté comme cela, de façon assez simple, et c’est une superbe opportunité ! J’ai désormais accès à des concours formidables et j’évolue aux côtés de cavaliers que j’admire donc c’est vraiment très formateur. Pour un jeune cavalier comme moi, la Global Champions League est un accélérateur de carrière. 
 
La Global Champions League est régulièrement critiquée, notamment car elle impose aux propriétaires d’écuries de débourser 2,5 millions d’euros par saison pour pouvoir y participer. Cela vous a il fait réfléchir avant d’accepter d’en faire partie ?
Je ne me suis pas posé de questions par rapport au circuit en tant que tel, mais plutôt par rapport à ma capacité à prendre part à de tels concours. Au fond, je pense qu’il faut saisir chaque opportunité qui nous est donnée. Il ne fait aucun doute que dans ma carrière je privilégierai toujours l’équipe de France au Global, mais dans l’état actuel des choses il s’agit de la meilleure chose qui pouvait m’arriver. Je n’ai pas vraiment hésité en réalité...


“Cela doit faire six ans que nous n’avons pas acheté de cheval”

L’an dernier, vous êtes revenu des Jeux méditerranéens de Barcelone, avec l’argent par équipes. Celle médaille a-t-elle changé quelque chose dans votre carrière ? 
Oui, je pense : il s’agit d’un titre, ce qui est toujours important dans une carrière car cela restera sur mon CV pour toujours. Cela m’a surtout appris sur le plan mental. Les parcours n’y étaient pas très gros ni difficiles, mais cela permet de voir si mentalement on peut tenir la distance lors d’un championnat. 
 
Deux semaines avant les Jeux méditerranéens, vous nous aviez dit que cette échéance pourrait vous “ouvrir des portes”. Cela a-t-il été le cas ? 
Oui, je pense que cela a participé à l’ascension que je connais. C’est un tout, puisqu’Atome avait déjà gagné quelques Grands Prix CSI 3* par le passé, en a gagné d’autres ensuite, et s’est classé lors de Grands Prix CSI 4*. 
 
Vous êtes installé dans l’écurie familiale à Saint-Aubin-sur-Gaillon (27) et il semble que vous montez une majorité de chevaux nés dans votre élevage. Comment s’organise votre système ? 
En effet, je monte principalement des chevaux que nous avons faits naître. Cela doit faire à peu près six ans que nous n’avons pas acheté de cheval ! J’ai actuellement dans mes écuries deux chevaux de propriétaires, et tous les autres viennent de notre élevage. Nous en vendons environ cinquante pour cent, et gardons l’autre moitié pour la compétition. La partie élevage et la partie compétition se conjuguent sur un même site. Notre cavalier Antoine Helie débourre et monte les jeunes chevaux jusqu’à six ou sept ans avant que je ne les récupère. De pouvoir monter des chevaux que l’on a vu grandir est un véritable avantage.