“Mon année au haras des Grillons a été très intéressante”, Tressy Muhr

À bientôt vingt-trois ans et après de nombreuses performances à poney dont les titres de championne de France et championne d’Europe, Tressy Muhr concours depuis trois saisons sous les couleurs d’Israël. Partie monter au haras de Grillons de Sadri Fegaier en début d’année 2019, la jeune femme est de retour dans son écurie familiale d’Aix-en-Provence, où elle peut compter sur de nouvelles recrues prometteuses.



Comment avez-vous vécu le confinement et comment appréhendez-vous le retour à la compétition ?   

J’ai passé le confinement chez moi, au haras des Templiers. Cela a été une période plutôt bénéfique car j’ai de nouveaux jeunes chevaux, entre sept et huit ans, que j’ai pu prendre le temps de connaître et de travailler avant de pouvoir les emmener sur différents concours pour qu’ils prennent de l’expérience.

Comment se porte votre collaboration avec le haras des Grillons et en quoi consistait-elle ?   

J’ai quitté le haras des Grillons en fin d’année dernière. J’y étais cavalière aux côtés de Carlos Lopez et je montais surtout les jeunes chevaux, mais également des chevaux un peu plus âgés dont Jimcy du Lys (BWP, Quaprice Bois Margot x Venu du Theil), avec lequel j’ai eu la chance de prendre part à des Grand Prix CSI 4*. Avec Carlos, nous travaillions tous les deux sur l’évolution des chevaux. Il m’a beaucoup appris au niveau technique et nous n’avons participé qu'à de très beaux concours. J’y ai passé une année complète et c’était très intéressant, mais nous arrivions à un stade où je vendais mon cheval et il y avait un peu moins de chevaux à monter là-bas. J'ai donc décidé de continuer seule pour le moment.   

Aimeriez-vous vous réengager dans une telle collaboration à l’avenir ?   

Je ne suis pas contre, cela dépend des conditions. C’est particulier parce que c’est à la fois un avantage d’être chez soi pour la liberté que cela nous offre, mais d’un autre côté, cela permet moins facilement de trouver des investisseurs et des sponsors. Monter au haras des Grillons était agréable parce que j’avais des chevaux mis à disposition et tout un staff derrière pour s’occuper de l’organisation. Cela facilite le travail, je n’avais qu’à me concentrer sur mon rôle de cavalière, tandis ce que lorsque l’on est chez soi, il faut tout gérer, mais c’est vrai qu’on est quand même bien à la maison (rires). Pour l’avenir, tout dépendra vraiment des opportunités que j’aurai. Je ne suis fermée à rien.   

Vous avez changé de nationalité en 2017. Pourquoi avoir choisi de courir sous les couleurs d’Israël ?   

Avec mon frère, nous avons décidé de changer de nationalité pour des raisons familiales, cela représente nos origines et notre grand-mère étant décédée peu de temps auparavant, c’était en quelque sorte un hommage. Sur le plan sportif, étant donné qu’il y a moins de cavaliers israéliens que de français, nous nous sommes dits que cela nous ouvrirait des portes. Cela m’a d’ailleurs permis de participer aux championnats d’Europe Jeune Cavaliers ainsi que d’avoir accès à quelques concours CSI 3* et 4*.



“Concourir dans des épreuves de niveau CSI 3* et 4* serait déjà bien”

© Scoopdyga

Vous avez déclaré à plusieurs reprises avoir l’ambition de participer aux Jeux olympiques. Pensez-vous avoir dans votre piquet de chevaux actuel celui qui pourrait vous emmener à Paris en 2024 ? 

C’est difficile à dire pour le moment, mais j’espère que Dassy Hoy (SF, Casall de Fuyssieux Z x Dom Pepito), le cheval que je viens d’acheter et qui a actuellement sept ans, me permettra d’atteindre le haut niveau. C’est compliqué car dès lors qu’un cheval commence à être performant, nous recevons généralement des offres importantes pour le commercialiser. Tout réside dans le fait de savoir prendre les bonnes décisions au bon moment. Il est difficile de prédire une telle chose pour le moment, mais au fur et à mesure du temps, les choses se préciseront. Les Jeux olympiques ne représentent pas nécessairement pour moi un but ultime, mais il est bon de se fixer des objectifs assez élevés dans la vie. Le réel objectif, pour l’instant, serait d’emmener plusieurs chevaux à haut niveau, de les faire évoluer dans le bon sens, de réussir à les commercialiser et d’avoir un piquet qui me permette de concourir dans des épreuves de niveau CSI 3* et 4*. Ce serait déjà bien !

Que devient Talma d’Elle, blessé la veille des championnats d’Europe Jeunes, en 2016 ? 

Talma est toujours chez moi. J’ai tout essayé avec ce cheval pour le faire repartir, mais malheureusement, à chaque fois qu’il était prêt à retourner en concours, il allait moins bien de nouveau, alors je l’ai mis à la retraite chez moi. Je le garderai toute sa vie, c’est un cheval que j’aime énormément. 

Votre père Éric est entraîneur et votre frère Robin cavalier professionnel. Quels sont les avantages et les inconvénients de travailler en famille au quotidien ? 

Ce n’est pas toujours facile car nous sommes très proches, ce qui fait que nous avons vite fait de nous disputer. Mais d’un autre côté c’est super parce que nous nous connaissons par cœur et nous somme une famille soudée. Nous nous aidons beaucoup les uns les autres et c’est vraiment important. Pendant une période, il était assez compliqué pour moi d’avoir un père qui était également mon entraîneur, mais maintenant que j’ai grandi et mûri, je parviens mieux à faire la part des choses et nous ne nous disputons plus vraiment. 

Comment se déroule une journée type dans votre quotidien ? 

Je monte cinq à six chevaux par jour : les miens, parfois ceux de mon frère et quelques chevaux de clients qui sont aux écuries. J’aime bien prendre mon temps pour m’occuper des chevaux. Je les prépare moi-même et je n’ai pas de groom, donc je passe pas mal de temps avec eux. Je mets régulièrement la main à la patte car aux écuries nous sommes tous au même niveau. Tout le monde monte, entretient les écuries et fait les boxes. J’enseigne également à des clients pour aider mon père lorsqu’il en a besoin et j’ai quelques clients à l’extérieur.