Préparer son corps à la reprise du travail

De nombreux cavaliers, exceptés les professionnels, ont été forcés de rester à pied pendant la période de confinement relative au Covid-19. Afin d’éviter les courbatures au moment de la reprise et d’être prêts à remettre le pied à l’étrier sans douleur, il peut être utile de se préparer à la maison pour reprendre son souffle et son équilibre le plus rapidement possible. Le tout sous les conseils avisés du maître Michel Robert, adepte de la gymnastique du cavalier.



Tout est lié. Nul cavalier raide comme un piquet, courbaturé et souffrant dans son corps ne parviendra à obtenir attention, décontraction et symétrie de son cheval. Pour une équitation fluide et des chevaux qui progressent, le cavalier doit lui aussi faire preuve d’un minimum d’entraînement physique et d’une certaine hygiène de vie. Aussi, si le confinement a eu raison de la motivation et que le sport n’a pas vraiment été au rendez-vous  pendant cette période, il est grand temps de prendre de nouvelles résolutions pour éviter crampes, courbatures et mauvais réveils aux lendemains des séances de mise en selle ! Et pour ceux qui n’ont pas pu faire leur retour au centre équestre, ces conseils et exercices réalisés en amont de la reprise n’en seront que plus bénéfiques. Avant toute chose et malgré l’impatience de nombreux cavaliers amateurs désireux de remonter en selle, il va falloir être patient. Y aller en douceur. Progressivement. Pas à pas. Pas question le jour de son retour aux écuries de se jeter sur le dos de sa monture et de réaliser une séance de travail intense, voire un parcours d’obstacles ! 

D’abord parce que votre cheval a aussi subi cette période de confinement. Même s’il a pu profiter d’un pré, d’un paddock, de séances de travail effectuées par le propriétaire des écuries où il se trouve en pension, ou de sorties au marcheur, son rythme de vie a tout de même changé. Dans de nombreux cas, les chevaux accusent donc cette période de «vacances» forcées, tant physiquement que moralement. Ils doivent donc, eux-aussi, reprendre leur souffle et réhabituer progressivement leur corps à l’effort. (À ce sujet, lire l’article du mois dernier, «Comment réintroduire l’entraînement» dans la rubrique «Technique dressage», qui pourra servir de base à tous les  cavaliers, quelle que soit leur discipline de prédilection.) 

Ensuite, parce que le cavalier doit aussi renouer avec le sport. Par conséquent, pour ceux qui n’avaient pas maintenu d’activité physique ces dernières semaines, il est temps de se remettre au travail. «Un cavalier souple, disponible, avec un esprit clair et un corps sain atteindra beaucoup plus facilement la performance», explique le champion Michel Robert, pour qui le corps et l’esprit sont intrinsèquement liés. «Prendre conscience de cela, c’est aller dans le sens de la vie.» Un  physique préparé, souple et endurant permettra donc d’obtenir plus rapidement des progrès, d’après le multi-médaillé, qui n’hésite pas à se citer en exemple. «Personnellement, j’ai pratiqué la course à pied, la marche, la natation et bien d’autres sports. Aujourd’hui, je consacre tous les matins quarante-cinq minutes à une heure de mon temps à des mouvements d’étirement et de yoga. Je me rends compte que plus mon corps travaille dans le relâchement, dans la décontraction au niveau du dos, des épaules, des jambes... plus mes chevaux progressent vite.» Selon le maître, aucune excuse n’est valable pour éviter gymnastique et préparation physique : ni celle du temps, ni celle du poids, ni même encore celle de l’âge. «Celui qui cherche des limites en trouve sans limite», se plaît-il ainsi à rappeler l’adage. Pour se motiver, de nombreuses applications accessibles sur Smartphones permettent de suivre un programme au quotidien, quel que soit son niveau. De même, on peut aussi se tourner vers son kinésithérapeute, qui pourra conseiller quelques exercices quotidiens en fonction d’éventuelles pathologies chroniques.

BÉNÉFICES AU LONG COURS

Comme de nombreux cavaliers, Michel Robert a longtemps souffert du dos. «À dix-huit ans, je souffrais d’une hernie discale à tel point que les médecins m’interdisaient démonter à cheval. J’ai toujours refusé l’opération et les anti-inflammatoires. J’ai souffert de dorsalgies jusqu’à l’âge de quarante ans, moment où j’ai décidé de prendre les choses en  main et d’essayer de comprendre. Avec l’aide d’un étiopathe, je suis arrivé à résoudre mon problème à 90 %. Tous les jours sans exception, j’effectue des exercices d’étirement et de recentrage des énergies», explique le maître. Trouver la raison de ses maux et envisager des solutions durables, voilà vers quoi le coach oriente ses élèves. «La douleur n’est qu’un signal d’alarme. Si vous avez mal, ou si votre cheval a mal, c’est en réaction à une action, une situation, un comportement qui va à l’encontre de la bonne façon de faire... Au-tant rechercher tout de suite la cause première.» Aussi, Michel Robert apprécie tout particulièrement la pratique du yoga. «Cette discipline permet de prendre conscience de notre corps, de repérer nos propres zones déblocage et de les faire disparaître progressivement.» Là encore, la progressivité est mère du bien-être, et le cavalier pressé ne devra pas sauter les étapes. Le yoga, comme toute activité sportive, doit se pratiquer en mesure, en fonction de son niveau. Enfin  et  surtout,  il  ne  faut  jamais  oublier d’achever une séance d’entraînement par quelques mouvements d’étirement. En effet, les postures  d’étirement ne peuvent qu’être  bénéfiques,  quel  que  soit  son  état physique  et  son  âge. «Prendre le temps d’améliorer notre condition physique ne sera jamais du temps perdu, mais plutôt un bon moyen de progresser plus vite à tous niveaux. Un esprit sain dans un corps sain pour votre confort  et  celui  de  votre  cheval»,  insiste  le coach et cavalier. Avant de conclure : «Au fil des séances, vous allez vous rendre compte à quel point vous serez bien dans votre corps. (...) Toutes mes anciennes douleurs de dos, de hanches, d’épaules ont disparu. Je ne me suis jamais senti aussi en forme dans mon corps et dans ma tête!»

HYGIÈNE DE VIE

Dans l’idéal, il faudrait que cette période de reprise progressive de l’activité physique parallèle à la remise en selle devienne une nouvelle manière d’aborder l’équitation. Comme l’a stipulé Michel Robert, c’est une discipline quotidienne qui permettra également d’améliorer son aisance à cheval. Associée à cette activité physique quotidienne, le Rhônalpin insiste sur le fait que l’hygiène de vie est, elle aussi, primordiale à la bonne progression équestre. Lui-même s’astreint ainsi à un régime végétarien et s’applique à privilégier les féculents avant un effort important, et, par exemple, à prévoir deux heures de digestion avant une grosse épreuve. Pour autant, chacun trouvera sa voie et sa propre méthode pour améliorer son quotidien. 



UN PEU DE GYMNASTIQUE

Outre la musculation, il est important d’être détendu et d’avoir un corps délié. Amplitude et souplesse, essentiels aux chevaux, le sont aussi pour nous. Pour travailler ses articulations, notamment l’axe hanche-genoux-chevilles très important pour la position en équilibre, le trot enlevé ou encore en réception des sauts, le maître propose deux petits exercices. 

Les flexions : tenez-vous debout face à une porte ouverte et tenez les poignées de la porte. En maintenant les mains sur les poignées, réalisez des flexions. Il vous suffit de plier les genoux et de remonter. Dans un second temps, vous  pourrez  réaliser  ces mouvements sans tenir de porte. À répéter plusieurs fois. 

«Le  guerrier» : bras écartés, maintenez votre dos droit et fléchissez la jambe gauche à 90° en tendant votre jambe droite vers l’arrière, le pied en position parallèle. Tour-nez la tête du côté de la jambe fléchie. Ensuite, réalisez le même mouvement en inversant les jambes (fléchissez la droite et tendez la gauche vers l’arrière). À répéter plusieurs fois de chaque côté.