“Tout le monde m'a parlé de la ressemblance entre Ryan et CSIO Bel ce week-end!“, Simon Delestre

Tout juste quatrième et meilleur cavalier tricolore du Grand Prix 4* de Grimaud, qui sonnait (enfin!) la reprise des compétitions, Simon Delestre est heureux de pouvoir retrouver les terrains. Quelques heures après cette honorable performance, le Lorrain est revenu sur son concours, qu'il a notamment vécu avec CSIO Bel, une jeune recrue qui a fait le buzz ce week-end du fait de ses similitudes frappantes avec son crack Hermès Ryan des Hayettes, mais aussi la période de confinement, l'annulation des Jeux olympiques et la préparation pour la saison indoor.



Comment allez-vous et comment s'est déroulée la reprise de la compétition à Grimaud, où vous venez de terminer quatrième du Grand Prix 4* ?

Ça va très bien! Je suis très heureux car Berlux Z (quatrième et meilleur couple tricolore du Grand Prix, ndlr) n’a pas touché une seule barre du week-end. CSIO Bel a également fait un bon week-end. Qopilot Batilly a eu un peu plus de mal, mais il a besoin d'enchaîner un peu les concours pour prendre l'habitude. Il est au point techniquement à la maison, mais il doit encore ses marques sur les terrains de concours. C'est une belle reprise pour nous! C'est vrai que c'est une drôle de période que nous traversons, et nous espérons qu'il n'y aura pas de deuxième vague... Nous avons hâte que les activités reprennent normalement, même si la santé passe avant tout. Nous, cavaliers professionnels, avons eu l'énorme chance de pouvoir rester auprès de nos chevaux et continuer notre travail avec eux. 

Comment avez-vous vécu ces derniers mois et organisé votre quotidien ? 

À part l’absence des concours, rien n'a véritablement changé pour nous. J'ai pu passer beaucoup de temps à la maison et j'ai continué à monter autant. Nous sommes restés actifs! J'ai de la chance car j'avais un bon lot de jeunes chevaux aux écuries, et j'ai pu profiter de ce confinement pour les faire évoluer car ils sont encore en formation. Finalement, cela a été très bénéfique pour eux car j'ai pu prendre davantage mon temps avec eux, créer une relation et les connaître mieux. En revanche, pour les chevaux plus âgés comme Hermès Ryan des Hayettes, c'est sûr que c'est décevant car il était en pleine forme, et une longue pause à quinze ans n'est pas anodine. 

Durant cette période, vous avez mené une action de solidarité envers les centres équestres en difficulté avec Kamel Boudra et l’élevage de Will en offrant un poulain à une vente aux enchères. C’était important pour vous de soutenir les clubs? 

Entre la vente aux enchères à laquelle j'ai participé puis cette action, j'ai fait de mon mieux pour soutenir les centres équestres. C’était bien de les accompagner. C’est évident que cette période n’est pas un moment facile pour toutes les entreprises, et notre secteur en particulier car il vit de la fréquentation des cavaliers dans les clubs. C'était normal de les soutenir!

Comment se portent Hermès Ryan des Hayettes et Uccello de Will, vos deux chevaux de tête ? 

Ryan est arrivé aujourd’hui à Grimaud car il va courir le CSI 2* ici la semaine prochaine. La piste de Grimaud n'est pas forcément son terrain de jeu favori car elle est très grande, et les parcours sont construits avec des distances plutôt croissantes. Plus jeune, il pouvait sauter à Aix-la-Chapelle sans problème, mais du haut de ses quinze ans il a un poil moins de relance. Je m’adapte constamment à sa forme du moment et j'essaie de l'engager dans les concours et les parcours qui lui conviennent le mieux. En tout cas, c’est bénéfique qu’il ressaute car il faut entretenir le corps à cet âge-là, sous peine de risque de blessure. Comme il connait déjà tout, il ne saute quasiment jamais à la maison, où il est de toute manière moins explosif. Les concours le mettent sous tension et il est toujours frais! Uccello, quant à lui, viendra à Grimaud pour le troisième et le quatrième week-end. Il va très bien aussi!

Simon Delestre et CSIO Bel, une copie presque conforme de Hermès Ryan des Hayettes!

Simon Delestre et CSIO Bel, une copie presque conforme de Hermès Ryan des Hayettes!

© Sportfot



“C'est triste de se dire que Ryan ne pourra pas aller à des concours qu'il aurait peut-être dû courir pour la dernière fois“

Ce week-end, vous avez notamment repris la compétition avec CSIO Bel (en vidéo en bas d'article), que vous montez depuis le printemps dernier. La ressemblance avec Hermès Ryan des Hayettes est absolument frappante, alors qu’ils ne partagent pas les mêmes origines! Le ressentez-vous en selle? 

Tout le monde m'en a parlé ce week-end! Dès que je l'ai vu pour la première fois à l'âge de six ans, c’est la première chose que j'ai remarqué. Ils se ressemblent effectivement beaucoup! Pourtant, ils sont très différents dans le fonctionnement et je ne ressens pas de similitudes en selle. Ils n'ont pas le même caractère, ni les mêmes points de force et les mêmes atouts. Par exemple, CSIO Bel est plus long que Ryan et a un peu plus d’action. En tout cas, c'est une excellente recrue. Je l’ai acheté en fin d’année de six ans, et il a déjà gagné le Grand Prix des sept ans l'an dernier à Knokke et signé une belle performance dans une épreuve à 1,50m au CSI 3* de Valence. Il est extrêmement avancé pour un cheval de sept ans, même s'il a un peu perdu sa routine par rapport à l’an dernier. 

On sait que vous intégrez la formation de jeunes chevaux dans votre système. Comptez-vous de possibles futurs cracks dans vos écuries ? 

Le groupe de chevaux que j'avais ce week-end à Grimaud est très prometteur. Il y a CSIO Bel, mais aussi Berlux, qui n’a que neuf ans et a déjà montré des choses hors normes. L’interrogation à son sujet était la vitesse au barrage car il est assez lent. Je pensais d'ailleurs qu’il serait un cran en-dessous de ce qu’il pu montrer aujourd’hui donc je suis content. Je n’avais pas encore eu l’occasion de courir un barrage de Grand Prix avec lui, même si nous avons beaucoup travaillé ces derniers mois. Il a tellement d’action que j’avais peur de toujours devoir le brimer et le placer moi-même, et il a montré qu'il était capable de le faire très vite cet après-midi. 

Comment appréhendez-vous l’arrivée de la saison indoor, qui semble encore incertaine avec l’annulation des Coupes du monde d’Oslo, Helsinki, Madrid et le Longines Masters de Paris ? 

Cette saison va être compliquée... De la même manière que pour la période en cours, cette accalmie ne va pas trop gêner mon groupe de jeunes chevaux car ils ont encore de belles années devant eux et sont encore en formation. En revanche, c'est vraiment dommage pour Ryan, qui est toujours très performant en indoor. Lui, la suppression d'un an de compétition ne signifie pas un an supplémentaire. C'est triste de se dire qu'il ne pourra pas aller à des concours qu'il aurait peut-être dû courir pour la dernière fois.

Le fait que les Jeux olympiques de Tokyo aient été reportés à l’année prochaine joue-t-il en votre faveur, et constituaient-ils un objectif en 2020? 

Les JO étaient un objectif, mais je dois avouer que pour mon piquet de chevaux, ce report à l'année prochaine est une aubaine car je vais avoir davantage le temps de les former et préparer! Pour l'équipe de France toute entière d'ailleurs, ce changement de dates joue un peu en notre faveur car nous comptons essentiellement des chevaux plutôt jeunes. Je misais surtout sur Berlux, qui prendra donc dix ans l'année prochaine.