Andrew Kocher soupçonné d’avoir utilisé des éperons électriques en concours

Finaliste de la Coupe du monde en 2018 et sélectionné en Coupe des nations cet hiver à Wellington, l’Américain Andrew Kocher aurait fait usage d’éperons électriques à plusieurs reprises en compétition. Plusieurs photos montrent en effet ce qui semblerait être des éléments d’un tel dispositif. Alors que la FEI a été saisie à ce sujet, le trentenaire préfère ne pas s’exprimer, mettant en avant son amour pour les chevaux.



Au moins cinq chevaux seraient concernés

Ici avec Virginia WZ à Calgary le 27 juin 2018, Andrew Kocher semble là aussi tenir un bouton-poussoir dans la main.

Ici avec Virginia WZ à Calgary le 27 juin 2018, Andrew Kocher semble là aussi tenir un bouton-poussoir dans la main.

© Sportfot

Sur son site internet, Andrew Kocher est décrit comme un athlète ayant “utilisé son talent de cavalier, son sens des affaires et sa féroce volonté de grimper en haut des classements du saut d’obstacles mondial”. Il semblerait toutefois que l’Américain ait également usé de méthodes moins vertueuses pour atteindre le soixante et onzième rang du classement mondial Longines des cavaliers. Il y a quelques jours, GRANDPRIX a été contacté par un informateur dénonçant l’utilisation par ce trentenaire d’un dispositif portant sévèrement atteinte à l’intégrité de ses chevaux. Ce système permettrait au cavalier d’envoyer des décharges électriques dans les flancs de son cheval via les éperons grâce à une commande placée dans la paume de la main et contrôlable grâce à un bouton-poussoir. Ce dernier enverrait du courant dans des fils dissimulés dans le pantalon du cavalier, lesquels termineraient leur course au bout des éperons. Saisi par la douleur, l’animal se sentirait alors contraint d’aller de l’avant. Cette manœuvre pourrait, par exemple, forcer un cheval rétif à sauter un obstacle.

Le lanceur d’alerte a fait parvenir à GRANDPRIX une vidéo où il explique le fonctionnement d’un dispositif permettant selon lui d’électrifier des éperons. Après avoir pris connaissance des soupçons concernant Andrew Kocher, la rédaction a enquêté et découvert plusieurs clichés de l’Américain avec ce qui pourrait s’apparenter à des éléments d’un tel dispositif, tels que le bouton-poussoir, systématiquement placé dans sa main droite, un câble au niveau du poignet, ainsi qu’à un fil sous le pantalon. Sur ces photographies datant toutes de 2018, l’Américain apparaît en selle sur Flying Dachshund (ex-Fashion V) lors d’une épreuve secondaire du CSIO 5* de Barcelone, avec Ciana dans une épreuve à 1,40m au CSI 5* de Bâle, associé à Kahlua dans un rendez-vous à 1,50m lors du CSI 3* de Wellington, sur Blaze of Glory II à l’occasion d’une épreuve à 1,45m au CSI 5* de Calgary en juin, ou encore avec Virginia WZ lors du même week-end.



“J’aime mes chevaux et j’en prends le plus grand soin”

Joint par téléphone, Andrew Kocher s’est immédiatement défendu en évoquant sa carrière. “Cela ne me dit rien qui vaille. J’appartiens à trois générations d’hommes de cheval, j’ai passé ma vie dans des écuries, je suis éleveur et j’ai des chevaux à la retraite. Je participe régulièrement à des actions auprès d’associations sauvant des équidés donc je n’aime pas ce que vous avancez, mais ce que vous avez à dire m’intéresse, continuez.”Après présentation des photos, l’Américain a écourté la conversation sans exprimer d’explication. Par écrit, il s’est à nouveau défendu en mettant en avant son affection pour les chevaux. “J’aime mes chevaux et j’en prends le plus grand soin. Je refuse de parler à quiconque soutenant le contraire. Mes chevaux représentent toute ma vie. Savez-vous d’où je viens?”

L’Américain se dit victime d’une personne qui lui voudrait du mal en raison d’un contentieux, jugeant que celle-ci serait prête à manipuler des photos. Tous les clichés trouvés par la rédaction et accréditant la thèse de l’utilisation d’éperons électriques par ce cavalier proviennent de plusieurs agences pleinement dignes de confiance. Invité à plusieurs reprises à s’exprimer sur le fond, à savoir sur la nature des éléments que l’on distingue sur les photos, celui qui avait déjà été durement critiqué au lendemain de sa première victoire en Grand Prix CSI 5* à Calgary en raison de la gestion de ses montures, n’a jamais livré la moindre explication.

Sur ces clichés pris lors de plusieurs compétitions, on peut apercevoir ce qui semblerait être un câble sous le pantalon ou sortant de la manche, ainsi que ce qui pourrait être un bouton-poussoir au niveau de la main. © Sportfot et Scoopdyga



“Les cas allant à l’encontre du bien-être animal restent des exceptions et font du tort à l’image de notre sport”, Kevin Staut

En sa qualité de président du club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), le leader de l’équipe de France Kevin Staut a accepté de réagir. “La position de l’IJRC sur tous ces sujets est on ne peut plus claire: nous nous positionnons contre toute entrave aux règles de la FEI, si les cas sont toutefois avérés. Nous œuvrons pour une équitation respectueuse, et 99% des cavaliers membres de cette instance condamneront toute violence à l’égard du cheval. Il est important de souligner que les cas allant à l’encontre du bien-être animal restent des exceptions et qu’ils font du tort à l’image de notre sport. Ils sont impardonnables et il faut se battre pour que les dérives ne se reproduisent pas.”

Également contactées, la Fédération équestre internationale (FEI) et la Fédération américaine d’équitation (USEF) ont toutes deux affirmé être au courant de cette affaire. “Nous avons connaissance des accusations concernant l’utilisation d’un équipement coercitif par Andy Kocher. L’USEF prend les accusations de cette nature très au sérieux et se trouve très engagée dans la protection de la sécurité et du bien-être des chevaux. Nous sommes en contact avec la FEI et soutenons une enquête face à ces accusations très sérieuses”, a fait savoir l’USEF. “La FEI a été informée de ces accusations et enquête à ce sujet. Nous sommes déjà en contact avec la fédération nationale de l’athlète”, a confirmé la FEI, sans en dire plus quant à la nature de la procédure engagée.

À ce sujet, lire également notre édito.