David Broome, entretien avec une légende

Avec deux médailles de bronze aux Jeux olympiques de Rome et Mexico, en 1960 et 1968, un titre de champion du monde individuel en 1970 à La Baule et un second par équipes en 1978 à Aix-la-Chapelle, David Broome est à n’en pas douter une référence du saut d’obstacles international, pour ne pas dire une légende. Le Gallois de quatre-vingts ans évoque son enfance, les grands chevaux qui ont marqué sa carrière, ses victoires et ses plus belles expériences mais aussi sa vie d’aujourd’hui.



À quatre-vingts ans, David Broome continue à produire son propre foin, un rite immuable des gentlemen-farmers à l’approche de l’été. Son domaine s’étend autour du manoir de Mount Ballan, près de Newport, dans le sud du Pays de Galles. Outre la ferme familiale, il abrite également l’un des plus populaires terrains de concours du pays de Galles et de l’ouest de l’Angleterre. Le légendaire cavalier de saut d’obstacles britannique est profondément attaché à son pays natal. Ses parents, Fred et Millie, ont déménagé à Mount Ballan en 1947, et leurs quatre enfants, David, Liz, Mary et Frederick ont nourri une passion pour les chevaux dès leur plus jeune âge. Leur grand-père travaillait pour un vétérinaire établi à Pembroke, à l’extrême ouest du pays de Galles, et leur père, Fred, était un cavalier expérimenté et un marchand de poneys réputé.

David se souvient de son initiation à l’équitation et de sa retraite très précoce. “Mon père m’a fait monter à cheval quand j’avais environ deux ans, en utilisant un harnais de landau avec une boucle devant, une boucle derrière et des boucles des deux côtés. Au fil du temps, les boucles ont été enlevées et je suis devenu le jockey numéro un quand il débourré des poneys Welsh Mountain, mais j’ai été si souvent jeté à terre que j’ai arrêté de pratiquer ce sport à l’âge de cinq ans!” Deux ans plus tard, tout change avec l’arrivée d’une ponette appelée Beauty. “Je me suis pris d’affection pour elle, alors j’ai repris, et ma carrière est repartie à ce moment-là”, dit-il. De fait, Fred Broome était toujours à la recherche de poneys talentueux pour ses enfants. “Ceux que nous gardions étaient bons, comme Ballan Lad, qui avait enchaîné vingt-huit sans-faute. Nous les achetions tous 60 livres! J’ai eu pas mal de succès avec eux en épreuves 14,2s (ouvertes aux poneys de moins d’1,48m, ndlr). Lors de cinq compétitions environ, j’ai réussi trois parcours sans faute sur trois poneys différents dans la même épreuve. Nous n’avions qu’une seule selle, ce qui me permettait de souffler un peu pendant le changement de selle!”

David avait dit à ses professeurs du lycée de Monmouth qu’il voulait devenir vétérinaire, mais ce n’était pas vrai. Travailler à la ferme et monter à cheval l’attiraient plus volontiers, mais le jeune homme savait qu’ils n’approuveraient pas cela. “Quand j’ai quitté l’école, à dix-sept ans, je pensais toujours aux chevaux et les choses semblaient s’enchaîner les unes avec les autres”, dit-il. Le Gallois se souvient aussi des premiers succès qui ont précédé sa carrière glorieuse: “Lors de ma première année en Seniors, j’avais deux chevaux que montait mon père. Et puis nous en avons acheté un autre, appelé Wildfire, au Monmouthshire Hunt, près de chez nous, également pour 60 livres! Il s’arrêtait devant les obstacles, mais il avait concouru en complet. Nous l’avons remis d’aplomb. L’hiver suivant, il était comme un bon serviteur de hunter, puis nous avons commencé à sauter au printemps suivant. Je me rappellerai toujours notre première compétition à Glanusk. Il y avait des barres de Spa loin du paddock et nous avions été éliminés. S’il y avait un obstacle pour tester un cheval coutumier des refus, c’était bien celui-là. Alors mon père a dit : «Ce cheval n’a plus qu’une seule chance!». Et la semaine suivante, nous sommes allés à Stowell Park, où il a gagné trois épreuves sur trois le deuxième jour!”



De Wildfire à Sunsalve, les premiers instants de gloire

David Broome et Mister Softee, médaillés de bronze aux Jeux olympiques de Mexico en 1968.

David Broome et Mister Softee, médaillés de bronze aux Jeux olympiques de Mexico en 1968.

© FEI

À quoi ressemblait Wildfire?

C’est un hongre bai d’1,65m, qui avait les oreilles en arrière et un regard revêche. Mais nous avions une bonne relation et il s’est démené pour moi. L’introduction du temps dans notre discipline a été bénéfique pour notre couple. Wildfire a vraiment pris son envol. Auparavant, trois parcours sans faute décidaient du résultat. Quand nous avons commencé à sauter contre la montre, je suis devenu plus compétitif. Wildfire était vraiment vif. C’était un pur-sang avec beaucoup de vitesse et un beau galop rebondissant que l’on pouvait ajuster. Contre la montre, c’était le paradis! C’était le meilleur cheval de Grande-Bretagne en 1959. Il m’a permis d’intégrer l’équipe olympique jusqu’à ce qu’arrive Sunsalve.

Vous avez toujours été réputé pour vous entendre avec les chevaux difficiles. Quel était votre secret?

J’ai eu trois poneys qui avaient des comportements totalement différents. L’un d’entre eux galopait et se cabrait lorsqu’il abordait un obstacle. Comme il ne pouvait pas sauter un double à une foulée, il en plaçait toujours deux alors je devais toujours arrondir mon tracer dans les combinaisons. Le deuxième était très vieux jeu, je le plaçais et j’avais trois foulées pour caler ma distance, et le troisième était un cob à queue courte appelé Chocolate qui restait en équilibre tout au long du parcours. J’ai eu beaucoup de chance, car cela m’a appris à monter de trois manières différentes.

Qui étaient les grands noms du saut d’obstacles au début de votre carrière?

Pat Smythe, Harry Llewellyn et Alan Oliver. Et j’ai fini par rencontrer Harvey Smith (cet homme trapu du Yorkshire Harvey Smith est devenu l’un des personnages les plus populaires et originaux du monde du jumping ainsi que le parfait pendant du Gallois, déterminé et calme de nature, ndlr) quand j’avais dix-neuf ans lors d’un concours à Northampton. J’ai ressenti un respect total. Il était vraiment débrouillard et travailleur. Nous sommes devenus de grands amis en dehors de la piste. Mais il avait le sang chaud! D’un point de vue sportif, il m’a rendu meilleur, et j’espère l’avoir lui aussi rendu meilleur. C’était l’un des meilleurs perdants que j’aie jamais rencontré. Même en cas de pépin, cinq minutes après avoir quitté la piste, il était de nouveau absolument normal. Mais quand il gagnait, c’était autre chose: ses adversaires devenaient ses souffre-douleur attitrés. Il disait que nous étions tous inutiles et qu’aucun d’entre nous ne pouvait monter! (grand éclat de rire)

Comment s’est passé le remplacement de Wildfire par Sunsalve aux Jeux olympiques de Rome en 1960?

L’une de nos séances de préparation olympique avait eu lieu au Ninian Park Football Club de Cardiff. Pat Smythe venait de se faire confier Sunsalve. Elle a gagné l’épreuve devant moi, je crois. Sur le chemin du retour, mon père m’a dit: Pat a gagné aujourd’hui, mais ce cheval ne lui fera plus jamais confiance. Ces propos étaient étranges, mais mon père était un vrai homme de cheval: il avait vu quelque chose et il avait raison. De là, nous avons effectué une tournée européenne à Wiesbaden et à Lucerne, et Sunsalve n’a plus jamais performé avec Pat. Notre comité olympique a déclaré que le cheval était inutile à l’équipe et l’a renvoyé à son propriétaire, M. Anderson, à Norfolk. Dans le cadre de notre commerce de poneys, nous avions tissé des relations avec une dame de Newmarket qui s’appelait Ann Hammond. D’ailleurs, nous lui avons vendu quatre cent soixante-cinq poneys au fil des ans. Lorsque nous sommes allés chez elle quelques semaines plus tard, mon père lui a demandé si elle connaissait M. Anderson et elle a répondu que oui. Après qu’elle a accepté de nous présenter, nous avons emprunté sa voiture et sommes partis pour sa petite avec beaucoup d’enthousiasme ! M. Anderson avait élevé le cheval et sa fille l’avait monté et avait gagné la Coupe de la Reine avec lui. Et en dix minutes, autour d’une tasse de thé, il nous avait confié Sunsalve!

Dix jours plus tard, nous sommes allés en concours et il s’en est bien sorti. Lors du concours suivant, j’ai pris à la fois Sunsalve et un petit cheval appelé Discutido et tous deux ont été éliminés dans une épreuve à 20 livres! Mon père a demandé aux organisateurs de laisser en piste des obstacles après les Chaises musicales (une épreuve nouvellement créée et toujours organisée en fin de concours hippiques à cette époque, ndlr), ce qui nous a permis de faire travailler les deux chevaux. Quatre jours plus tard, Sunsalve a remporté la King George V Gold Cup à White City. La semaine suivante, Discutido et moi avons remporté le Championnat national, et la semaine suivante, j’ai gagné le Grand Prix de Dublin avec Sunsalve!

Aux Jeux olympiques de Rome, vous avez remporté une médaille de bronze individuelle sur la magnifique Piazza di Siena, où les héros italiens Raimondo et Piero d’Inzeo avaient glané l’or et l’argent. La finale par équipes a eu lieu quelques jours plus tard au stade olympique. La Grande-Bretagne a compté parmi les huit nations éliminées, tandis que l’Allemagne, les États-Unis et l’Italie sont montées sur le podium…

Quand j’ai monté la première manche le matin, il y avait environ 8.000 spectateurs, mais quand nous sommes revenus pour la seconde manche l’après-midi, il y en avait environ 120.000 et je n’arrivais pas à y croire! Quand la cloche a retenti, j’ai galopé jusqu’au premier obstacle et j’ai subi un refus. J’ai mal préparé ma foulée d’appel, parce que j’étais trop nerveux. Heureusement, le cheval m’a sorti de là et je me suis ressaisi. Ce jour-là, j’ai compris que le stress ne servait à rien. Aussi, à part quelques papillons dans le ventre une heure avant la Coupe du Roi ou ce genre d’épreuves, le stress ne m’a plus jamais affecté. J’ai alors décidé de ne plus me se soucier que de savoir comment allait mon cheval et de ne plus tenir compte de l’enjeu. C’est quelque chose qui m’a accompagné tout au long de ma carrière.

Toujours en 1960, vous avez également remporté le bronze individuel aux championnats du monde de Venise!

J’ai eu tellement de chance d’avoir Sunsalve. Je n’avais que vingt ans à l’époque. Je l’ai laissé galoper et le cheval s’est comporté à sa façon. Si je l’avais eu plus tard dans ma vie, j’aurais essayé de le changer et il n’aurait probablement pas été un dixième du cheval qu’il s’est avéré être. J’ai monté beaucoup de chevaux, mais il était “LE” cheval olympique. Il sautait comme une biche. Sa qualité de saut était incroyable.



Une icône du saut d’obstacles

Dans une merveilleuse vidéo d’archive, on voir David Broome recevoir le prix de la personnalité sportive de l’année par la BBC, entité regroupant les radios et télévisions publiques britanniques, pour ses performances de 1960. Au grand étonnement de David, Sunsalve est amené dans le studio. Il monte alors sur le cheval devant un public tout aussi étonné. À l’époque, le saut d’obstacles était regardé en prime-time en Grande-Bretagne, et ce prix a donné un élan encore plus grand à sa carrière. De fait, le CV de David Broome est stupéfiant. Par la suite, il a remporté le bronze en individuel aux Jeux olympiques de 1968 à Mexico, en selle sur Mister Softee, et l’or en individuel aux championnats du monde de 1970 à La Baule avec Beethoven, puis l’or par équipes aux Mondiaux de 1978 à Aix-la-Chapelle avec Philco. Au chapitre des championnats d’Europe, son palmarès comprend trois médailles d’or individuelles glanées en 1961 à Aix avec Sunsalve, puis en 1967 à Rotterdam et 1969 à Hickstead avec Mister Softee, une médaille d’argent par équipes avec Philco en 1977 à Vienne, une médaille d’or par équipes en 1979 à Rotterdam avec Queensway Big Q et deux médailles d’argent par équipes en 1983 à Hickstead et 1991 à La Baule avec Mr Ross et Lannegan. Cirons encore la King George V Gold Cup, qu’il a remportée six fois sur six chevaux différents. “Dans les années 1950 et 60, c’était l’épreuve ultime à gagner, un si beau prix”, avoue David Broome. La première fois qu’il l’a gagnée, avec Sunsalve, il a conservé la coupe pendant six mois sur une étagère situé juste à l’entrée de sa maison. Au fil des années, ce trophée est devenu presque inestimable, si bien qu’en 1991, lorsqu’il l’a remporté pour la dernière fois, il l’a remis à son mécène, Lord Harris, “parce qu’il était en meilleure sécurité avec lui qu’avec moi”, avoue le cavalier.

Comment percevez-vous le saut d’obstacles d’aujourd’hui par rapport à ce que vous avez connu?

Les obstacles sont loin d’être aussi gros de nos jours. En 1968 à Mexico, il y avait un énorme oxer, dont le premier plan avait été hissé à 1,64m et le second plan à 1,76m… et les deux étaient distants de 2,10… Seuls deux chevaux ont réussi à le sauter pendant toute la durée des Jeux. Je n’ai jamais vu un obstacle comme celui-là, ni avant ni après! Quand Olaf Petersen, concepteur d’obstacle, est arrivé, il a rendu notre sport plus technique, ce qui l’a sauvé de bien des égards. En revanche, nous avons cessé de tester la bravoure des chevaux et je pense qu’il faut faire quelque chose à ce sujet. En saut d’obstacles, l’obstacle le plus étroit mesure 2,43m de large, contre 1,20m en concours complet, alors pourquoi pas avoir des constructions plus étroites, et ainsi tester le contrôle du cavalier sur son cheval?

Vous avez eu une grande influence sur la création de la Coupe du monde du saut d’obstacles. Quels souvenirs en gardez-vous?

À l’époque où j’ai remporté le Grand Prix de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas, il n’y avait que six ou huit concours indoor alors j’ai pensé qu’il fallait organiser un circuit et une finale pour tous ces concours indoor. À cette époque, nous avions lancé le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles, et le Prince Philippe, alors président de la Fédération équestre internationale (FEI) a jugé que c’était une excellente idée. Il nous a invités à envoyer deux représentants chaque année à la réunion du bureau lors de l’assemblée générale de la FEI pour exprimer nos points de vue et des suggestions, ce qui a permis une grande avancée. J’ai alors suivi le Belge Éric Wauters, puis j’ai parlé à l’Allemand Paul Schockemöhle. Celui-ci m’a dit qu’il connaissait un homme qui parrainerait la série, Pehr Gyllenhammar de Volvo. Ensuite, le journaliste suisse Max Ammann a pris le train en marche, repris le projet et c’est ainsi que tout a commencé.

Quelles sont vos épreuves favorites? 

J’ai toujours aimé la Coupe Aga Khan (la Coupe des nations du CSIO 5* de Dublin, ndlr). J’adore le CSIO 5* de Rome, pour l’endroit où déroule la compétition (la mythique arène verte de Piazza di Siena, dans les jardins de la Villa Borghèse, ndlr). J’adore l’Olympia de Londres, car c’est probablement le meilleur concours indoor. Mais aussi Aix-la-Chapelle, qui est aujourd’hui le lieu de compétition numéro un dans le monde. D’ailleurs, si l’on y organisait des championnats du monde chaque année, je pense que personne ne s’en plaindrait.

Quels adversaires avez-vous le plus admiré au cours de votre carrière? 

Je citerais Harvey, parce qu’il était toujours l’homme à battre et qu’il n’abandonnait jamais. Je mentionnerais aussi Alwin Schockemöhle, parce qu’il était le professionnel par excellence. En sortie de piste, quand il était l’avant-dernier à passer au barrage et qu’il prenait la tête du classement, il consacrait deux ou trois minutes à son cheval pour l’aider à se calmer pendant que le dernier couple tentait sa chance. À sa place, tous les autres auraient sauté de leur cheval pour regarder le dernier passer en espérant qu’il ne les battrait pas. Mais pas Alwin, qui préparait tranquillement son cheval pour qu’il soit prêt pour l’épreuve du lendemain. C’était un vrai homme de cheval. Il avait une superbe technique qui lui permettait d’avoir ses chevaux à sa main, souples et bien élevés. Je l’ai toujours admiré, d’autant plus que c’est un homme adorable. Je pense aussi à Rodney Jenkins. Je me rappelle l’avoir regardé détendre Idle Dice au Madison Square Gardens, à New York. Il trottait jusqu’à un obstacle d’1,68m et son cheval l’a juste sauté. La position des Américains en selle était toujours fantastique. Nous, nous avons commencé notre carrière en effectuant des acrobaties, mais les Américains étaient toujours parfaitement équilibrés. Je pense aussi à Bill Steinkraus. Ses jambes n’ont jamais bougé, et vous n’obtenez ce style que si votre cheval évolue parfaitement bien.

Quel est le moment dont vous êtes le plus fier?

C’est quand j’ai gagné le Foxhunter, une compétition amateur, avec Top of the Morning, qui avait réussi le seul parcours sans faute à Wembley!

Quel conseil donneriez-vous aux cavaliers d’aujourd’hui?

N’oubliez pas que vous ne gagnerez pas plus en sautant plus.

Ces dernières années, votre activité s’est orientée vers le terrain de concours de Mount Ballan, qui accueille de nombreux événements tout au long de l’année, dont le très populaire Home Pony International… 

C’est la deuxième partie de ma vie. Mon père voulait construire la version galloise de Hickstead. Il a donc commencé environ cinq ans après la création de Hickstead et j’aime à penser que nous avons réussi. Nous accueillons un concours agréable, qui est maintenant organisé par mes fils James et Matthew. Ils font un excellent travail et je suis fier d’eux.

J’étais le fils d’un fermier et les chevaux m’ont fait faire le tour du monde. J’ai eu de la chance à bien des égards. Par exemple, j’ai eu beaucoup de chance de rencontrer Lord Harris (qu’il a présenté en 2011, de même que les Ladies Harris et Kirkham, à Scott Brash, son successeur au sommet du sport, ndlr) qui m’a soutenu à partir de mes trente ans. En outre, j’ai eu de merveilleux chevaux et vécu de superbes moments de sport. Pour tout cela, je ne peux qu’être éternellement reconnaissant.