Daniel Bluman signe la plus belle victoire de sa carrière à Rome

Le Grand Prix Rolex d'Italie s’est offert à Daniel Bluman, cet après-midi sur la piste ovale de la place de Sienne, en clôture du CSIO 5* de Rome. Premier Israélien à inscrire son nom au palmarès de cette épreuve de légende, il s’est imposé aux rênes de l’excellent Ladriano Z. L’Irlandais Cian O’Connor et le Belge Olivier Philippaerts ont complété le podium de ce Grand Prix en deux manches, associés à Irenice Horta et H&M Extra.



Des Grands Prix internationaux à 1,60 m, Daniel Bluman en avait déjà remportés quelques-uns: à Wellington en 2012 et 2018 avec Sancha LS, ainsi qu’en 2017 à Bridgehampton et en 2018 et 2019 à Wellington avec Ladriano Z. Pour autant, il n’avait encore jamais gagné un Grand Prix de ce niveau en CSIO et encore moins en Europe. Alors oui, cet après-midi, l’Israélien, qui courait sous les couleurs de la Colombie jusqu’en 2016, a franchi un nouveau cap dans sa carrière. “Je rêve de ce Grand Prix depuis tout jeune. Je l’ai toujours admiré ainsi que les cavaliers et chevaux qui l’ont remporté par le passé”, a-t-il déclaré en conférence de presse, dédiant élégamment sa victoire à ses deux mentors, le Brésilien Nelson Pessoa et le Canadien Éric Lamaze, anciens vainqueurs de l’épreuve. Au mérite de ce triomphe, Daniel Bluman, désormais dans la cour des grands, sera immédiatement qualifié pour les Grands Prix de tous les concours qu’il disputera ces douze prochains mois, ce que n’apportent que les médailles en championnats et ces victoires de prestige en CSIO 5*.
 
Cette épreuve en deux manches s’est disputée sous une pluie continue et plus ou moins intense au fil de l’après-midi et surtout sur une piste en herbe qui n’en a nullement souffert – l’humidité l’a peut-être même judicieusement assouplie. Comme vendredi et hier, Uliano Vezzani a proposé un parcours fichtrement sélectif et exigeant dans les cotes, quasiment dignes du Grand Prix CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, la rivière et le double d’oxers sur bidets en moins! Compte tenu de la relative facilité avec laquelle l’ouvreur de la première manche, le Belge Olivier Philippaerts, s’est joué des difficultés avec H&M Extra, cette impression s’est un temps estompée. Pour autant, les lois de la pesanteur de sont vite rappelées au souvenir de la très grande majorité des concurrents. Ainsi, sur quarante-trois au départ, seuls trois autres ont réussi le sans-faute, tandis que l’Américaine Jessica Springsteen n’a concédé qu’un point au terme de sa très belle prestation avec Fleur de l’Aube.
 


Pas de miracle pour Simon Delestre

 
Côté français, seul Simon Delestre a tenté sa chance. Associé au puissant Chadino, le Lorrain s'est incliné sur deux obstacles particulièrement fautifs: l’oxer 4 sur bidet, hissé à 1,55m et large d’1,60m, puis le vertical 6, qui suivait le double, défendu par une palanque cotée à 1,65m! Un point de temps est venu s’ajouter au score du couple. En revanche, on n’a pas vu à l’œuvre Pierre-Alain Mortier et Just Do It R, médaillés d’argent par équipes des derniers Jeux méditerranéens, le hongre s’étant donné un petit coup sans grave conséquence à un glome. Le cavalier et le staff de l’équipe tricolore ont logiquement préféré ne prendre aucun risque.
 
Bien des favoris ont éprouvé des difficultés aujourd’hui sur l’ovale en herbe de la Piazza di Siena. Ainsi, on a compté huit points pour le champion d’Europe et vice-champion olympique suédois Peder Fredricson, sur Catch Me Not S, pour le génial numéro un mondial suisse Steve Guerdat, avec un Venard de Cerisy qui a pourtant laissé une belle impression sur la piste, ou encore pour l’Allemand Daniel Deusser et Scuderia 1918 Tobago, auteurs d’un brillant double sans-faute vendredi dans la Coupe des nations. Pénalisé d’une faute seulement, le Néerlandais Jur Vrieling s’est montré légèrement trop lent pour pouvoir revenir en seconde manche avec VDL Glasgow van het Merelsnest, vainqueur ici il y a deux ans.

(la lecture se poursuit ci-dessous)


Un peu de fatigue chez Gazelle et Mary Lou

Giulia Martinengo et Elzas ont signé la meilleure prestation italienne.

Giulia Martinengo et Elzas ont signé la meilleure prestation italienne.

© Mario Grassia/FISE

 
Ouvert au onze meilleurs couples, le second acte s’est joué sur un parcours plus proche de celui d’un barrage, mais hélas sans option ni vraie difficulté technique. Auteure d’un excellent sans-faute, Laura Kraut, battue au premier tour sur le vertical 6, s’est classée septième sur Curious George, un très plaisant Rhénan fils de Codex One et âgé de dix ans. Un peu plus rapide avec Elzas, hongre KWPN du même âge par Diamant de Semilly, l’Italienne Giulia Martinengo, fautive auparavant sur le vertical de sortie du triple placé en 8, a fini cinquième. Le meilleur chronomètre de cette seconde manche a été l’œuvre de l’Irlandais Darragh Kenny, excellent toute la semaine, et quatrième de ce Grand Prix Rolex avec le toujours très compétitif Balou du Reventon, qui a renversé l’oxer 13 final de la première manche.
 
Vainqueurs hier du Grand Prix secondaire à 1,55m, l’Américain Kent Farrington et Gazelle Ter Elzen, piégés en début d’après-midi sur l’oxer de sortie du double placé en 5, ont cette fois montré des signes de fatigue, concédant la même faute puis une seconde sur le 6 et terminant neuvièmes. Impeccables mais moins véloces, le Suédois Fredrik Jönsson et Cold Play, qui avaient précédemment renversé la sortie du triple, ont fini à une bonne huitième place. On a également senti poindre un peu de fatigue chez la géniale Tovek’s Mary Lou, victorieuse de trois Grands Prix CSI 5* cette année et encore impériale vendredi. Cette fois, le Suédois Henrik von Eckermann n’a pu empêcher une faute sur l’oxer 8b au premier tour, puis deux au second sur les verticaux 5a et 15, finissant dixième. Alors qu’elle semblait vivre l’un des plus beaux jours de sa carrière, Jessica Springsteen a été brusquement renvoyée à ses études lorsque, après un mauvais abord, sa plaisante Fleur s’est écrasée – a priori sans conséquence – sur l’oxer 2. Ayant sagement abandonné, l’Américaine a dû se contenter du onzième rang.
 
Premier des quatre sans-faute à revenir en piste, Olivier Philippaerts a récidivé avec Extra, hongre de dix ans par Berlin qui porte vraiment bien son nom. Cette performance leur a offert la troisième place. Sans donner l’impression de prendre des risques incroyables, Daniel Bluman et Ladriano Z ont effacé de plus de deux secondes le chronomètre du Belge et du KWPN. Le public comptait alors sur les excellents Luca Marziani et Tokyo du Soleil pour succéder à Lorenzo de Luca et Scuderia 1918 Halifax van het Kluizebos, vainqueurs ici l’an passé. Hélas, les champions d’Italie en titre ont fauché le 15, avant-dernière difficulté de ce parcours réduit, héritant de la sixième place. Dernier à s’élancer, Cian O’Connor a délivré une belle prestation, mais n’a pas tenté l’impossible avec Irenice Horta, l’ancienne monture de Lorenzo de Luca, qui disputait ici son premier Grand Prix de ce niveau. Ce couple très prometteur s’est judicieusement hissé à une très belle deuxième place dont l’Irlandais s’est amplement satisfait.
 
Ainsi s’est donc achevé ce magnifique CSIO 5* de Piazza di Siena, de plus en plus beau depuis trois ans. Désormais, on a hâte de retrouver une vraie tribune, éventuellement couverte, pour offrir au public une meilleure expérience qu’une vue de loin ou obstruée par les élégants espaces de réception… Et il faudra sûrement repenser le programme sportif, qui n’a guère convaincu les cavaliers, surtout contrariés par le système de qualification pour le Grand Prix. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce concours est véritablement redevenu le plus classieux de la planète équestre!
 
Les résultats