"Quand on a monté des Pur-sang en cross, on sait qu'ils sont faits pour ça", Clara Loiseau

À vingt-huit ans, Clara Loiseau compte parmi les cavaliers de concours complet les plus en vue en France. À la suite d’une fracture du pied survenue en août 2019, la jeune femme avait malgré tout pris le départ du CCI5*-L de Burghley en septembre, avant d’être contrainte de s’arrêter quelques mois, auxquels se sont ajoutés trois mois d’interruption liés à la pandémie de Covid-19. Le week-end dernier, Clara Loiseau a signé son retour en concours à Saumur en remportant notamment une Pro 3, en selle sur Frans Hals. À la tête d’un piquet de pas moins de treize chevaux, la cavalière établie près de Châteaudun en montera pas moins de huit ce week-end à Marnes-la-Coquette. Elle revient sur sa longue pause et évoque ses objectifs.



Comment s’est passé votre retour à la compétition le week-end dernier à Saumur après une pause de dix mois consécutive à votre blessure? 

La reprise s’est bien passée. Mes chevaux étaient un peu frais, mais je suis plutôt contente d’eux. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’y emmener un nouveau cheval de sept ans, Duvibis Mister (OC, Monsieur de Saussay x No Comment Chayottes), qui a disputé son tout premier concours complet. En ce qui concerne ma fracture, l’hiver et le confinement m’ont permis de prendre le temps nécessaire pour me rétablir. Normalement, on ne devrait plus en entendre parler. 

Comment avez-vous géré l’entraînement de vos chevaux au cours de cette longue pause? 

Lorsque j’étais encore blessée, mon équipe s’en est occupée. Cet hiver, l’entraînement était peu intense, puisqu’il s’agissait surtout d’entretenir le physique des chevaux. Pendant le confinement, nous avons continué à les faire travailler de la même manière que d’habitude, à la seule différence que, ne sachant pas quand la compétition allait reprendre, nous avons arrêté les galops que nous avions repris en début d’année dans l’optique du CCI 5*-L de Badminton. Nous les avons gardés prêts à repartir, mais pas dans les mêmes conditions que si avions eu de grandes échéances en perspective. 

Quels chevaux vous accompagneront ce week-end de retour au haras de Jardy, où se tiennent des épreuves nationales et intetnationales?

Je vais y emmener mes chevaux de tête: Wont Wait (PS, Starborough x Lycius) et Ultramaille (AQPS, Maille Pistol x Passing Sale), ainsi que Frans Hals (RW, Flemmingh x Ramiro) dans le CCI4*-S. Ma jument de huit ans, Cassiopée d’Azur (SF, Silver King d’Azur x Qredo de Paulstra) prendra part au CCI3*-S et Duvibis Mister participera à son deuxième complet, dans le CCI2*-L.

Pourriez-vous présenter Cassiopée d’Azur, jeune recrue avec laquelle vous avez évolué jusqu’en CCI 3* l’an passé? 

C’est une jument qui a énormément d’énergie, elle a tout d’un Pur-sang! C’est une bonne sauteuse mais son point faible est le dressage, pas tant en termes d’allures, mais plutôt psychologiquement. Elle a du mal à se décontracter et il me faut parvenir à la canaliser. Elle va toujours à cent à l’heure et c’est ce qui pèche sur le rectangle de dressage. Nous espérons toutefois qu’elle pourra relayer Wont Wait et Ultramaille. Ses propriétaires rêvent qu’elle participe au CCI 5*-L de Badminton alors nous allons essayer de l’emmener au plus haut niveau. La route est encore longue. Pour le moment, elle participe à des CCI 3*. Nous espérons qu’elle passera le cap des CCI 4*, mais c’est une jument prometteuse et j’ai envie de pouvoir compter sur elle à l’avenir.

Votre piquet de chevaux comprend quelques Pur-sang réformés des courses de galop, et soutenez notamment l’association Au-delà des pistes, qui promeut la reconversion de ces chevaux. Qu’appréciez-vous chez eux? 

Au tout début, je me suis orienté vers ce type de chevaux pour des questions de budget, car ils ne coûtent pas très cher. J’ai eu la chance de tomber sur de bons spécimens, dont le tout premier a été Le Vernan (Ps, Tôt ou Tard x Law Society), qui nous a quittés. J’ai appris à travailler avec ces chevaux mais ce sont finalement eux qui m’ont formée, à l’instar de Wont Wait avec lequel j’ai fait mes débuts à haut niveau. J’aime particulièrement leur manière de fonctionner à l’affect et je les trouve intéressants au travail. Néanmoins, le niveau de dressage a beaucoup évolué en complet ces derniers temps et les Pur-sang ne sont pas forcément réputés pour être les meilleurs dans cette discipline. Ils ne sont pas non plus les plus faciles à l’hippique, mais quand on a monté des Pur-sang en cross, on sait qu’ils sont faits pour ça. Bien sûr, les réformés ne deviennent pas tous de bons chevaux de sport, mais il y en a pour tous les profils, tous les niveaux et ils sont capables de tout faire. Il faut toutefois s’armer de patience car les former requiert du temps. Le plus difficile est de leur faire oublier leur vie d’avant. 

Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir? 

L’avenir nous dira de quoi la saison sera faite. Nous la vivons un peu au jour le jour en raison de la situation sanitaire qui la rend incertaine. Dans l’idéal, elle se terminera au CCI 5*-L de Pau. À plus long terme, j’aimerais continuer à former des jeunes chevaux afin qu’ils puissent un jour évoluer à leur tour jusqu’en CCI5*-L.