“Cette année, le domaine de Chantilly connaîtra des pertes de recettes entre cinquante et soixante pour-cent”, Christophe Tardieu

En décembre 2019, Christophe Tardieu, est devenu administrateur général du domaine de Chantilly. L’inspecteur des finances et expert des politiques culturelles et plus particulièrement du patrimoine, a notamment été administrateur général du château de Versailles. Pour GRANDPRIX, il évoque notamment, la longue période de fermeture du domaine lors du confinement, mais aussi l’avenir des Grandes écuries avec son nouveau spectacle lancé début juillet.



Vous êtes arrivé en décembre 2019 pour prendre le poste d'administrateur général du domaine de Chantilly. Comment se sont passés les premiers mois ? 

Tout s’est bien passé. J’ai commencé en début d’année la préfiguration du dispositif dans lequel nous sommes aujourd’hui, c’est-à-dire la nouvelle création de la fondation qui a pour but de gérer le Domaine de Chantilly (dans la perspective d’un rapprochement entre l’Institut de France et la fondation, ndlr) . Je suis très satisfait. C’est un domaine absolument magnifique qui a énormément de potentiel. Je travaille avec des équipes qui sont extrêmement motivées et très actives.
Je suis arrivé à ce poste parce que cela fait une quinzaine d’années que je travaille dans le domaine culturel. J’ai été numéro deux du château de Versailles, de l’Opéra de Paris, mais aussi directeur général du centre national du cinéma. Lorsque Xavier Darcos, président de l’Institut de France, m’a parlé du domaine de Chantilly, j’ai trouvé cela très intéressant et j’ai accepté sa proposition. 

Quelles sont vos missions au sein du domaine de Chantilly ? 

Mon objectif est développer les ressources propres du domaine en développant la fréquentation et ses activités mais aussi trouver du mécénat pour tout les travaux importants sur le château et le parc par exemple. 

Comment s’est passé le confinement au domaine ? 

Naturellement, cela a été une période très triste de voir un château fermé au public. C'est si rare sur une aussi longue période. Je crois que dans l’histoire de Chantilly et de tous les grands musées, cela ne s’était pas produit depuis la Seconde Guerre Mondiale. Pour nous, cela a été un vrai traumatisme.
Nous avons maintenu les fonctions essentielles, en faisant en sorte que la sécurité et la sûreté du château soit garantie. Il a fallu que l’on puisse continuer à payer nos fournisseurs, tout en attendant l'autorisation de rouvrir d’un point de vue sanitaire.



“Je pense qu’il y aura des spectacles aux Grandes écuries pour un long moment”

Les Grandes écuries ont rouvert, comment cela s'est-il passé ? 

Elles ont été fermées un peu plus longtemps que prévu parce que nous avons eu beaucoup de difficulté à dessiner un parcours de visite dans les écuries qui respectent les consignes sanitaires. Cela a été un peu plus compliqué à trouver que pour le reste du domaine. Nous avons donc rouvert au mois de juin uniquement le week-end. Et à partir du 11 juillet, les Grandes écuries seront ouvertes tous les jours.
 Naturellement, pendant le confinement, les écuries ont continué de fonctionner car il fallait sortir, nourrir et soigner les chevaux. Dans tous les cas nous faisons tout pour conserver les chevaux dans le meilleur état de forme possible. Six écuyères se sont succédées pour s’en occuper. Bien évidemment, elles ont continué à s’entraîner malgré l’arrêt des spectacles, mais surtout en vue de la reprise. Au total, sept cavalières et quatre palefreniers ont fait des roulements lors du confinement. Certains d’entre eux sont logés sur place à Chantilly, donc ils ont pu faire des rondes, même la nuit pour vérifier que les animaux aillent bien. 

Quel a été l’impact économique du cette longue fermeture ? 

Il est majeur car nous n'avons eu aucune recette pendant les trois mois de fermeture. Cette année, nous devrions connaître des pertes de recettes entre cinquante et soixante pour-cent, ce qui est énorme. 

Êtes-vous satisfait de la réouverture des Grandes écuries ? 

Oui, on peut dire que les chiffres du week-end sont plutôt bons, assez proches de ceux des années précédentes. C’est un peu plus difficile en semaine car naturellement, il n’y a plus de groupes, ni de visiteurs étrangers qui viennent. Depuis le début des vacances scolaires, nous observons une fréquentation en semaine qui commence à devenir à peu près satisfaisante. Bien évidemment, cela ne permettra pas de rattraper le temps perdu lors du confinement. Il est évident que de tout façon, nous aurons des pertes très lourdes. Mais pour le moment, nous allons dire que nous n'avons pas à nous plaindre. Pour le moment, nous avons une trésorerie qui nous permet de rester à flot. 

Vous avez rouvert les Grandes écuries avec un nouveau spectacle à l’affiche qui sort de l’ordinaire. Pourquoi ce choix ? 

Vers la fin du confinement, nous ne savions pas vraiment quelles règles sanitaires nous devrions appliquer pour les spectacles. Nous avons eu l’idée de proposer un spectacle assez original, qui est à la fois un série de numéros équestre que l’on a l’habitude de voir, et en même temps, une conversation avec le public pour essayer de mieux faire connaitre nos métiers. On y révèle aussi quelques secrets du dressage. C’est en effet un spectacle un peu particulier qui a pour objectif de faire participer les spectateurs davantage à notre travail. Nous faisons tout pour produire un spectacle dans les meilleurs conditions avec les meilleurs chevaux et écuyers possible.
 Nous sommes déjà en train de réfléchir à la création de notre prochain spectacle que l’on présentera pour la période des fêtes de fin d’années. Pour chaque spectacle, cela se prépare trois ou quatre mois à l’avance parce qu’il faut réfléchir aux musiques, aux différents numéros présentés, aux costumes… 

Comment voyez vous l’avenir des Grandes écuries dans les années à venir ? 

Je ne suis pas du tout inquiet pour l’avenir des Grandes écuries. D’abord, parce qu’elles sont magnifiques. Et puis notre compagnie équestre est splendide et très réputée avec un public fidèle. Aujourd’hui, le rayonnement de nos écuries, dans le monde du cheval au sens large est garanti. Je suis donc optimiste ! Je pense qu’il y aura des spectacles aux Grandes écuries pour un long moment (rires).