Narcos II, une histoire de famille

Narcos II nous a quittés en 2009 à l’âge de trente ans. Reproducteur influent du Stud-book Selle Français, Narcos II restera à jamais lié à l’histoire de la famille Brohier. 



Entre la famille Brohier et le cheval, c’est une longue histoire. Une histoire qui remonte au XIXe siècle avec, tout d’abord, des chevaux de travail, des trotteurs, des pur-sang, puis des chevaux de sport après la Deuxième Guerre Mondiale, principalement sous l’impulsion d’Alfred Brohier.
Consacré meilleur éleveur français en 1976 et 1977, Alfred Brohier a été le président du concours de Sainte-Mère-Église pendant près de quarante-cinq ans, avant que son petit-fils Denis ne reprenne le flambeau. Alfred Brohier eut quatre enfants, Thérèse, Jean, Alfred (disparu accidentellement à l’âge de treize ans) et Georges. Après son mariage, Jean s’installa tout d’abord à proximité de la ferme familiale, puis émigra un peu plus au sud à Saint-Côme du Mont au Haras de Tamerville. Georges prit la succession de son père et resta dans la propriété d’Audouville-la-Hubert pour y élever des chevaux à l’affixe «Pierreville» (Arpège, Félin, Gala, Hello ou encore Away Pierreville, la mère de Luccianno*HN) du nom du hameau où est situé l’élevage.

Contrairement à Georges, qui fut principalement éleveur, Jean Brohier a montré ses talents de cavalier, avant tout sur les concours de jeunes chevaux (champion des quatre ans avec Ritournelle C) puis en nationaux et en internationaux, notamment avec Krichna, qui lui permettra d’être sélectionné en équipe de France. Cette carrière de cavalier lui permit de repérer l’influence de deux étalons pur-sang: Furioso et Foudroyant II. Il se met donc en quête de filles de ces étalons pour son élevage et achète tout d’abord Il Pleut Bergère, fille de Foudroyant II, puis Ma Pomme, issue de Furioso et soeur de Pomone B, qui sera plus tard championne du monde sous la selle de Pierre Jonquères d’Oriola. L’idée de Jean Brohier était de croiser ces deux souches issues des pur-sang qu’il admirait tant. Il Pleut Bergère sera la mère de plusieurs très bons gagnants comme Ultra Son B (Plein d’Espoirs), ISO 167, tout comme sa soeur utérine Hilda B, une fille de Tanael.

Avec Tanael, Il Pleut Bergère donnera également Gémini qui ne tournera pas en compétition et sera mise directement à l’élevage. Ma Pomme sera une bonne compétitrice, qui franchira deux mètres et se distinguera également en concours complet. Croisée à Quastor (Ibrahim), Ma Pomme donnera Fair Play III qui débutera une bonne carrière en compétition sous la selle de Jean Brohier et sera l’un des premiers étalons privés performers. Malheureusement, Fair Play III meurt du tétanos à l’âge de huit ans, mais aura été croisé auparavant plusieurs fois avec Gémini pour donner Larry II et Mazarin V, qui seront tous deux exportés et vainqueurs en épreuves internationales, puis Narcos II.
Fair Play III se révélera post-mortem être un excellent étalon avec près de la moitié de sa production indicée au-dessus de 120 et quelques très grands gagnants, à commencer par Narcotique, qui prit la relève de Jappeloup sous la selle de Pierre Durand, Lude du Chatelier, ISO 170 puis exportée, ou encore Marly du Mesnil, ISO 161. Après la mort de Fair Play III, Gémini sera croisée avec Kayack et donnera le très plaisant Quat’Sous, très bon performer et père de nombreux très bons gagnants, dont notamment Discrète IV, championne de France avec Nicolas Delmotte, ou encore Jo de Labarde, l’un des chevaux de Grand Prix de Kevin Staut.



Le cheval qui aura changé la vie de Jean Brohier et de son fils Deni

Narcos II sera débuté par Denis Brohier, le fils de Jean, avec lequel il sera troisième du championnat des quatre ans. Très remarqué, Narcos débute la saison de cinq ans avec Denis, puis sera ensuite confié à Eric Navet, avec lequel il obtient le titre de champion des cinq ans. “Le cheval sortait vraiment du lot et était très regardé. J’avais énormément de pression que j’avais du mal à gérer et nous avons préféré le confier à Eric Navet”, raconte Denis Brohier. Narcos II continue sa formation avec Eric Navet et confirme tout le potentiel entrevu. Il intègre l’Écurie France, se classe à de nombreuses reprises en Grands Prix nationaux puis entame les internationaux, mais sera victime d’une fourbure qui a probablement compromis une carrière au plus haut niveau international. “Narcos a dû être arrêté un an et demi. Ensuite, quand Eric l’a remonté, il ne retrouvait plus le cheval comme avant. Pour lui, il avait perdu plus de la moitié de son potentiel”, explique Denis Brohier.

Consacré alors essentiellement à la reproduction, Narcos II retrouve les terrains quelques années plus tard et est confié à un jeune prometteur: Florian Angot, qui obtiendra avec lui le titre de champion d’Europe Juniors. Dès sa première année de production, Narcos II prouvera ses qualités de géniteurs, avec des vainqueurs en Grands Prix à chaque génération. Parmi ses produits les plus illustres, citons en vrac Viking du Tillard, membre de l’équipe de France olympique à Atlanta sous la selle d’Hervé Godignon, Twist du Valon, également monté par Godignon avant d’être Horse of the Year aux Etats-Unis avec McLain Ward, Ulane et Venus du Plessis, partenaires d’Annick Chenu, Urbain du Monnai, Umour Bai, Gladius, Fidji d’Evordes ou encore Anisette Brécéenne, tous indicés au-dessus de 170. Actuellement, King Solier, Kouros d’Helby, Mondex Tame ou encore Norway de la Lande sont ses produits les plus en vue. 
S’il ne semble pas avoir laissé un fils étalon qui soit à sa hauteur, Narcos est actuellement un des meilleurs père de mères en France et de ses filles sont notamment nés les internationaux Mazarin des Pérées, Blasto Star, Equitop de Moyon, Instit ou encore Ivoire du Rouet, ainsi que le prometteur Nippon d’Elle. On retrouve également le sang de Narcos II par la grand-mère chez Kikuyu du Coty (Voltaire), très performante avec Inès de Balanda et Olivier Guillon.  A l’instar de Le Tot de Semilly pour les Levallois, Narcos II aura été le cheval qui aura changé la vie de Jean Brohier et de son fils Denis, qui a repris en charge les destinées de l’élevage familial. Comme Le Tot de Semilly, Narcos II aura marqué l’élevage français et on devrait retrouver encore longtemps son influence.

Cet article d'archive est paru dans le magazine GRANDPRIX International n°52.

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