“Le succès de Vivaldi Jumping a été fulgurant”, Didier Krainc

Fin novembre, Kevin Staut et Didier Krainc ont annoncé la naissance de Vivaldi-Jumping, concrétisant leur association dans la création de la première écurie de groupe dédiée aux sports équestres. Fondateur et manager de l’écurie Vivaldi, l’une des écuries dites de groupes les plus reconnues dans l’univers des courses hippiques, le second a aidé le premier à calquer ce modèle aux sports équestres. Un projet qui peut permettre à des investisseurs n’ayant pas forcément les moyens ou l’envie de le faire seuls de devenir copropriétaires de chevaux de sport. Six mois après le lancement, Didier Krainc a répondu aux questions de GRANDPRIX.



Le projet Vivaldi Jumping, qui calque le système des courses avec la mutualisation de la propriété de chevaux a vu le jour en janvier. Quel est le premier bilan après ces deux trimestres ? 

Nous sommes très contents des six premiers mois. Dans notre business model, nous avons limité le nombre d’actionnaires à vingt, sachant que nous ne les aurions pas tout de suite. Nous tablions plutôt sur cinq ou six la première année, puis une dizaine l’année suivante et ainsi de suite. Au départ, il s’agissait surtout d’acquérir des parts de jeunes chevaux auprès d’éleveurs afin de s’associer et de monter en gamme progressivement avec des chevaux plus expérimentés à un plus haut niveau, jusqu’à ceux qui évoluent en Grands Prix CSI 5*. Une fois la dizaine d’actionnaires atteinte, nous comptions acheter cinq dix ou quinze pourcents de très bons chevaux. Finalement, le succès a été fulgurant puisque nous comptons déjà une douzaine d’actionnaires et que deux autres sont sur le point de nous rejoindre. Nous espérons en compter une quinzaine à la fin d’année. 

Nous avons ainsi pu nous mettre à la recherche d’un investissement dans un cheval de très haut niveau. C’est ainsi que nous avons suscité la syndication de Cheppetta, dont nous avons acquis deux parts. Un actionnaire de Vivaldi Jumping a par ailleurs contribué à constituer le noyau dur qui a rendu l’opération possible. Elle est donc notre première jument de très haut niveau, quelques mois seulement après la création de l’écurie. Le bilan ne peut qu’être satisfaisant, puisqu’ au départ nous n’avions prévu ce niveau d’investissement qu’après deux ou trois ans d’existence. Nous avons également fait l’acquisition de parts dans deux très bons chevaux de l’élevage de Riverland, Deal de Riverland, un puissant bai de sept ans, et Fantastico de Riverland, un cheval de cinq ans à très fort potentiel. 

La transparence dans votre communication sur les investissements dénote dans le milieu des sports équestres, où tout se fait d’ordinaire à l’abri des regards. Pourquoi y mettez-vous un point d’honneur ?

La question de la transparence concernant notre projet a d’emblée été évoquée dans la toute première discussion que j’ai eue avec Kevin. Il a voulu calquer ce projet sur ce que j’avais fait dans les courses. Dans ce milieu, la transparence est de mise puisque la plupart des transactions passent par des ventes aux enchères dans lesquelles le prix des chevaux est public. C’est en partie grâce à cela que j’ai pu attirer des hommes d’affaires dans des écuries de groupe. Je voulais également évoluer dans les sports équestres avec ce principe de transparence, ce avec quoi Kevin a immédiatement été d’accord. Sans cela, les investisseurs potentiels se méfient. Grâce à cette clarté, chacun sait exactement combien il met et comment l’argent est utilisé.  

Rapidement, vous avez pu acheter en copropriété Cheppetta, pour laquelle vous nourrissez des ambitions olympiques… 

Avec Cheppetta, l’ambition de départ n’était pas d’aller aux Jeux olympiques, car au moment où nous en avons acheté des parts, nous ne savions pas que l’échéance serait reportée d’un an à cause de la crise sanitaire. Les discussions ont débuté en janvier et la jument n’est arrivée dans les écuries de Kevin que le 23 mars, juste avant que le confinement ne soit mis en place. En 2024, elle aura seize ans ce qui serait toujours jouable pour une participation aux Jeux de Paris, même si cela est moins évident. C’est assez extraordinaire de se trouver dans la peau d’un propriétaire de haut niveau. Les sensations sont décuplées. L’objectif de départ était de voir notre jument concourir sur de belles pistes, comme celles du Longines Paris Eiffel Jumping ou du CHIO d’Aix-la-Chapelle. Le confinement a donc été une mauvaise nouvelle car elle n’a pu prendre à aucun de ces concours, mais le fait que les JO soient décalés d’un an permettra au couple d’avoir plus de temps de se former, et pourquoi pas, d’espérer la voir s’envoler pour Tokyo en 2021. 

Kevin Staut & Cheppetta

Kevin Staut & Cheppetta

© Sportfot



Vous mettez en avant des contreparties pour les actionnaires, comme l’organisation d’évènements non-équestres, la possibilité d’accéder aux espaces VIP d’un certain nombre de grands événements équestres, des écuries aux écuries de Kevin Staut, ou encore une communication régulière et interactive. Comment avez-vous pallié à cela pendant le confinement ? 

Les échanges entre les actionnaires sont bien sûr beaucoup trop virtuels depuis le début du confinement, mais notre premier rassemblement va se tenir chez Kevin à Pennedepie, le 21 juillet. Nous allons mettre en place ces rencontres assez régulièrement et nous rendre en compétitions aussi souvent que possibles. Je suis en train de m’organiser pour avoir des accès à des endroits privilégiés pour les membres de l’écurie Vivaldi Jumping. 

Comment êtes-vous entré en contact avec Kevin Staut pour ce projet ? 

Je ne connaissais pas beaucoup Kevin avant que nous ne nous associions. J’avais bien sûr entendu de parler de lui après la médaille d’or de la France aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, en 2016. J’ai toujours beaucoup aimé les sports équestres et j’ai moi-même été cavalier amateur jusqu’en 2002, mais depuis cette époque, je regardais cela d’assez loin. Je connais toutefois bien la famille de Félicie Bertrand. Je suis ravi de retrouver les sports équestres.

L’idée de mettre sur pied une écurie de groupe avec un niveau d’investissement relativement modeste revient à Kevin. Il a lui-même recherché des partenaires en passant par l’agence de vente de Pur-sang Arqana. L’Ecurie Vivaldi est très connue pour être une écurie de groupe ayant connu une très belle réussite dans le monde des courses. Kevin m’a donc contacté et nous nous sommes rencontrés. Il est convaincu que des passerelles sont possibles entre le monde des courses et les sports équestres. J’étais au départ un peu sceptique mais déjà deux actionnaires de Vivaldi ont pris des parts dans Vivaldi Jumping. Ce projet fonctionne encore mieux que je n’osais l’espérer. Nous réfléchissons déjà à des axes de développement, avec par exemple la possibilité de créer une ou plusieurs autres écuries de groupe proposant des montants d’investissements plus importants ou plus faibles. Cela permettrait de se placer en entrée de gamme pour les moins connaisseurs et en haut de gamme pour ceux qui souhaiteraient investir davantage. Par ailleurs, notre écurie n’a pas vocation à regrouper uniquement des propriétaires français, nous sommes également ouverts à des investisseurs étrangers. 

Afin de faire des retours sur investissements, la commercialisation des parts sera-t-elle la finalité ? 

Bien entendu, ce ne sont pas les gains parfois minimes des compétitions qui vont nous permettre de générer de gros retours sur investissement. Nous allons donc investir dans des chevaux et revendre des parts, en veillant toutefois à garder une petite partie lorsque que Kevin estime qu’un cheval mérite de rester dans ses écuries et pourrait l’aider dans ses objectifs sportifs. Il s’est en tout cas structuré pour que le commerce prenne une place importante dans son système. Concernant les prises de décisions, comme dans toute entreprise, les actionnaires participent aux assemblées générales ordinaires ou extraordinaires ainsi qu’à la prise de décisions stratégiques. Concernant l’achat de tel ou tel cheval, cela revient à l’opérationnel, c’est-à-dire Kevin et moi. Surtout Kevin, bien sûr, car moi je dois encore apprendre, même si j’ai plutôt un bon œil pour acheter des Pur-Sang. Lui sait parfaitement comment trouver des chevaux de sport à fort potentiel. 

 

Pour plus d’informations, rendez-vous sur :

- le site officiel Vivaldi Jumping

- la page Facebook Vivaldi Jumping